La mondialisation se caractérise, entre autres, par une explosion de l’information et un taux rapide d’innovations. Dans ce contexte, les connaissances et compétences trop étroitement adaptées à une situation particulière se révèlent rapidement obsolètes et en deviennent inutiles. Il importe donc d’axer préférentiellement l’éducation en ingénierie sur certaines « compétences clés », qui puissent favoriser l’élaboration de solutions pour un large panel de problèmes encore imprévisibles, et permettent aux individus d’appréhender efficacement les conditions rapidement changeantes de leurs vies professionnelle, sociale, et personnelle. Sans doute ces compétences devraient-elles se répartir en compétences informationnelles, d’apprentissage, cognitives, communicationnelles, interpersonnelles, et personnelles au sens large.
On peut isoler cinq grandes tendances associées à la mondialisation, ainsi que cinq réponses qui pourraient respectivement leur correspondre en termes d’éducation. On observe en effet aujourd’hui :
1. Une mutation de la société industrielle en une société de l’information et de l’apprentissage, dans laquelle les technologies de l’information et de la communication vont jouer un rôle crucial. Il importe donc pour l’éducation de développer des capacités inédites d’apprentissage, et d’apprendre à apprendre tout au long de sa vie.
2. Une remise en cause dans le domaine scientifique de la prééminence des sciences physiques au profit des applications issues de la biologie, de la biotechnologie et de l’écologie, ainsi que, parallèlement, une reconnaissance progressive de la dimension proprement européenne de nombreuses recherches. Il importe pour l’éducation d’inclure dès lors la biologie comme composante de base des études d’ingénieur (au même titre que la physique et la chimie), ainsi que d’enseigner l’idée européenne.
3. Un accroissement de problèmes nationaux et internationaux autant politiques qu’économiques ou sociaux. Face à eux l’éducation ne peut plus faire l’économie, parallèlement au développement des compétences techniques, de celui de compétences « humaines », incitant chacun à se penser comme membre d’une communauté globale et solidaire.
4. Un appauvrissement sans précédent des ressources naturelles du fait de leur sur-exploitation humaine, et, en parallèle, un rôle de plus en plus prépondérant dans l’économie des petites et micro-entreprises. Il importe d’enseigner les principes d’un développement durable, ainsi que l’esprit d’entreprise à tous les niveaux de l’éducation (point dont la Commission Européenne a d’ailleurs fait une de ses priorités).
5. La prégnance d’équipes de travail et de projets de dimension internationale. S’y préparer nécessite un enseignement axé sur l’interculturalité et la connaissance fine et respectueuse des spécificités nationales.
La mondialisation, ainsi que l’explosion contemporaine de l’information et la spécialisation académique, requièrent ainsi à la fois une extension et un approfondissement de l’éducation, qui ne pourront se faire dans le temps habituellement alloué aux études. A moins d’une prolongation substantielle des périodes de formation, l’enjeu est donc de développer des stratégies éducatives plus efficaces. Celles ci devront être basées sur le développement de compétences, et répondre à une pédagogie par l’expérience et l’action personnelles (ou par « problèmes ») plus qu’à une traditionnelle transmission passive des savoirs. Les futurs parcours éducatifs en ingénierie devront être flexibles, modulaires, interractifs, cumulatifs, et les apprentissages informels devront y être valorisés. Les enseignants devront y être qualifiés en pédagogie tout autant qu’en compétences techniques. Et les institutions dans lesquelles ils prendront place devront y être des zones d’échanges fructueuses entre des activités de différents statuts (enseignement, recherche, industrie, etc.), et délivrer des qualifications à une échelle au moins européenne.
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Technologie et ingénierie : philosophie, éthique et pédagogie
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