L’évaluation du travail d’ingénieur comprend une variété de critères à prendre en considération : opérationnels, financiers, légaux, environnementaux, sanitaire et sécuritaire, d’efficience, d’acceptation,… L’éthique, quant à elle, peut être définie de la façon suivante : la discipline intellectuelle qui réfléchit sur ce qui se produit lorsque des personnes, des actions ou des situations sont évaluées en terme de bien et de mal. On peut ainsi distinguer trois niveaux de réflexion : (1) les arguments pour et contre (2) la valeur de ces arguments (pertinence, validité, importance,…) (3) le cadre de référence fondamental (présuppositions, valeurs fondamentales derrière ces arguments).
C’est à une analyse éthique de cette sorte que se livre une personne souhaitant aborder, par exemple, la question des conséquences d’une décision :
‘L’automatisation de cette opération va entraîner le chômage de 10 personnes’ : est-ce que c’est vrai ? Quelles sont les alternatives ? Quel genre de travail est-ce ? Est-ce que ces gens retrouveront facilement un travail ? Ce travail est-il important pour eux ? Dans ce cas, la réflexion sur le cadre de référence sera la suivante : quel est le sens du travail ? quelle est la relation entre travail et capital ? Quelle est la relation entre travail et vie privée ?
‘Le clonage d’humains adultes permettra à des couples infertiles d’avoir un enfant par eux-mêmes’ : est-ce vrai ? Pour combien de personnes serait-ce une solution ? Quelles seraient les conséquences sociales, psychologiques de ce genre de procréation et des relations parents-enfants ? Du point de vue du cadre de référence : existe-t-il un droit à la reproduction, et quel serait le statut de ce droit ? Que signifie être ‘père’ ou ‘mère’ ? Qu’est-ce qu’une famille ? Les clones sont-ils des individus ?
Il s’agit pour bien faire de considérer trois échelles : l’échelle ‘micro’ (décisions, questions devant être traitée par un individu) ; l’échelle ‘méso’ (mesure, habitude, attitudes de groupes organisés ou spontanés) ; l’échelle ‘macro’ (tendances générales, culture, phénomène mondial). Par ailleurs, on peut également distinguer de façon classique trois fondements ultimes de l’éthique :
(1) l’éthique utilitariste, ou conséquentialiste : elle repose pour chaque option sur un équilibre entre coûts et bénéfices
(2) l’éthique déontologique, ou du devoir : elle repose sur l’idée selon laquelle le bien et le mal ne sont pas dans les conséquences, mais dans les actions elles-mêmes
(3) l’éthique des droits : elle repose sur le principe d’une reconnaissance de droits positifs ou négatifs à l’être humain, eu égard à son statut, son besoin, son mérite, à son égalité avec ses semblables,…
Quoi qu’il en soit, il est d’usage de distinguer depuis Max Weber les faits d’un côté, les valeurs de l’autre. Or, c’est seulement de la confrontation avec les valeurs que les faits peuvent mener à des décisions ou des jugements (Faits + Valeurs Décisions). La plupart du temps, les jugements ne sont pas complètement purs et comportent un mélange de bien et de mal, pouvant donner lieu à des compromis. En un sens, l’intégrité constitue une voie intermédiaire entre l’idéalisme et le pragmatisme, et si les idéaux sont importants, ils doivent être pertinents avec le monde et les hommes tels qu’ils sont.
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Technologie et ingénierie : philosophie, éthique et pédagogie
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