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dialogues, proposals, stories for global citizenship

’Dialogue’, une revue d’opinion iranienne sans sujets tabou

Morad Saghafi, ex-ingénieur, est depuis neuf ans éditeur et directeur d’une revue d’opinion en Iran. ’Dialogue’ est publié une fois tous les trois mois et tente d’instaurer un regard différent de celui de la presse quotidienne iranienne, se posant, par exemple, la question de savoir si oui ou non les sujets sensibles doivent être traités, et comment.

Amélie MOREL

12 / 2001

En Iran, deux sujets sont particulièrement délicats à traiter. Le premier concerne le problème de la guerre Iran-Irak. Il est difficile à exprimer car il s’adresse à "un espace privé de l’Etat". Le deuxième est la politique étrangère irano-américaine. Morad Saghafi a abordé la guerre Iran-Irak et les relations de l’Iran avec les Etats-Unis dans ses colonnes. Ses articles ont rapidement débouché sur une réaction des organismes de l’Etat, qui ont eux aussi la charge de couvrir ces événements. Que voulaient-ils ? Son étonnement fut grand lorsqu’il s’aperçut que ces organismes de l’Etat avaient apprécié ses articles ! Ils l’ont même encouragé dans ses démarches d’information et l’ont félicité pour le sérieux de son travail, soulignant qu’il leur avait ouvert des domaines de réflexion nouveaux. Cette expérience est singulière, dans le sens où, très souvent, les intellectuels posent des barrières théoriques entre l’Etat et la société civile. Pour éviter cette dérive, il faut savoir dépasser ces limites et chercher le dialogue.

Morad Saghafi, au sein de sa revue d’opinion, impose des règles du jeu préalables à la rédaction d’articles :

  • ne pas vouloir à tout prix dénoncer,

  • ne pas identifier une personne travaillant pour l’Etat comme étant l’Etat,

  • être conscient que tout apparatchik (fonctionnaire de l’Etat) est aussi un spécialiste qui veut bien faire son travail.

Morad Saghafi tient à être respectueux de ces règles dans son écriture. Il se doit d’être critique tout en sachant respecter l’autre. Ce mode d’expression a fait ces preuves, car il a permis l’échange de réflexions entre deux entités opposées : revue d’opinion et organisme d’Etat.

Morad Saghafi conclut par un : "Si on est sérieux dans son travail, le dialogue est possible."

Key words

State and civil society, freedom of the press, tolerance, journalist, press


, Iran

Comments

Cette expérience, imprégnée de respect et de valeur morale, est extrêmement enrichissante. Dans un pays tel que l’Iran, il est en effet nécessaire de tolérer l’autre et de respecter ses opinions. L’expérience de Morad Saghafi est un bon exemple d’ouverture d’esprit de différents acteurs entre lesquels le dialogue semble souvent impossible.

Notes

Contact : "Dialogue", P.O.Box 13145-1488, Téhéran, Iran

Fiche rédigée lors de l’Assemblée Mondiale des Citoyens de Lille, décembre 2001.

Entretien avec Morad Saghaf

Source

Interview

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