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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Les drogues en CEI

12 / 1993

Alors que l’ex-empire soviétique n’en finit pas de sortir de la crise, les deux auteurs poussent un cri d’alarme. Une super-puissance des drogues est peut-être en train de se construire sur les décombres de l’ex-URSS. Cette vaste région est aujourd’hui une des plus grandes bases mondiales de matière première pour les drogues (plus de 3 millions d’hectares de cannabis sauvage notamment).

Ainsi, l’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan), région traditionnelle de culture et d’utilisation du pavot (pâtisserie), est devenue une zone très importante de transit et de production. Dans ces pays où règne un climat politique menaçant (guerres civiles)favorable à l’exploitation et au commerce des narcotiques, les moyens de lutte contre le trafic, autrefois coordonnés, ont perdu de leur efficacité avec les nouvelles indépendances. La crise économique aidant, des paysans sans ressources sont prêts à cultiver le pavot pour survivre et les autorités, qui gagnent à peine de quoi vivre, se laissent corrompre plus facilement. Par ailleurs, de nouveaux produits psychotrope ont fait (et font toujours)leur apparition (par exemple l’éphèdra, utilisée pour fabriquer de la drogue). Plus généralement, les drogues de synthèse représentent un immense potentiel, résultat d’une industrie chimique importante au personnel très qualifié qui se retrouve aujourd’hui au chômage ou très mal payé et qui se tourne vers les laboratoires clandestins.

S’il est difficle d’évaluer le nombre de toxicomanes, il est généralement admis que cette population, en augmentation, a considérablement rajeuni (18 à 23 ans en moyenne à Moscou)et que de plus en plus de femmes sont touchées. Les raisons de cet accroissement sont multiples. Le conflit en Afghanistan, où les drogues étaient moins chères que la vodka, a influencé les jeunes conscrits. L’alcool - interdit sous Gorbatchev et dont les prix ont augmenté - a , en outre, favorisé la pénétration des drogues en Russie. Grâce à la « Glasnost », l’information sur la consommation des drogues est également devenue plus accessible. Par ailleurs, l’éclatement du pays et les conflits ethniques ont entraîné l’afflux de réfugiés à la recherche de nouvelles sources de revenus. Enfin, délabré et fragilisé, l’appareil policier et douanier est devenu plus sensible à la corruption. Quant aux mafias, elles ont vu augmenter leur prestige.

Dans ces conditions, la CEI est maintenant un passage obligé entre le Croissant d’Or et les pays d’Europe occidentale. Le trafic, intérieur, s’organise aussi vers l’extérieur (Allemagne, Pologne, Scandinavie…). Et les mafias qui font actuellement fortune dans le trafic des métaux rares et les machinations bancaires, se tournent de plus en plus vers la drogue. Début 1992, elles ont d’ailleurs pris en main le commerce des narcotiques dans les grandes villes. Ces organisations criminelles, menacent sérieusement, par leurs activités, le processus de démocratisation en cours dans cette région du monde.

Key words

peace and development, drug production, drugs, state disorganization, criminal organization, mafia, geopolitics of drugs, cannabis, CIS, drug consumption, illicit agriculture


, Russia, Central Asia, CEI, URSS

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Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

Comments

Dimitri de Kochko, rédacteur en chef de La Lettre de l’Oural, et Alexandre Datskevitch, journaliste russe spécialiste des mafias des républiques de l’ex-URSS, dressent un bilan assez noir de la situation dans cette partie du monde. Les Occidentaux peuvent-ils faire quelquechose ? Actuellement ces derniers préfèrent laisser la mafia recycler son argent sale dans les entreprises en voie de privatisation plutôt que de risquer de perdre de l’argent dans des affaires peu rentables. Cette attitude permet ainsi aux narcotrafiquants, russes et italiens notamment, de blanchir facilement le produit de leur trafic.

Notes

Synthèse de communication présentée au colloque « La géopolitique mondiale des drogues » (10-12 décembre 1992, Paris) organisé par l’OGD avec le soutien de la Commission de la Communauté européenne.

Source

Colloquium, conference, seminar,… report

KOCHKO, Dimitri de, DATSKEVITCH, Alexandre, OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES, SEUIL, 1993/11 (France)

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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