06 / 2001
Il me paraissait important de présenter à Rhodes, dans le cadre du développement durable des zones côtières fragiles, l’expérience de Médina Gounass, dans la banlieue au Nord de Dakar (les Niayes), zone marécageuse, de dépression. Cette zone est caractérisée par une nappe phréatique à 1,5 mètre pendant la saison des pluies et à 3 mètres pendant la saison sèche.
Les populations ont été confrontées à des problèmes de survie en cherchant à sortir de la situation des bidonvilles (habitat précaire) pour s’établir dans des habitats en dur, disposer de l’électricité et de l’école. L’intérêt, c’est que ces populations se sont organisées de manière commune, alors qu’elles venaient de différentes régions et ethnies du Sénégal.
Des chercheurs ont remarqué que c’est la fragilité qui a constitué, pour ces populations, un lien parce qu’elles sont développé des pratiques de solidarité pour créer un environnement viable.
Plutôt que de penser qu’il faut des méthodes techniques ou scientifiques avancées et bien structurées, c’est la logique de la fragilité qui peut présider à des inventivités nouvelles. Ainsi, les femmes ont mis sur pied des tontines (solidarités financières où, à tour de rôle, chacune utilise la mise collective pour régler ses propres besoins). Alors que les situations des habitants étaient illégales, les autorités ne les ont plus jamais acculées à déguerpir de l’espace qu’ils occupaient parce que, par leurs pratiques, le cadre de vie devenait viable à Médina Gounass. Qui plus est, par la suite, ils ont obtenu de l’Etat et d’autres organismes des appuis importants pour aménager ce cadre de vie. Ainsi, des alliances ont pu se nouer de manière stratégique avec les partis poilitiques au pouvoir et avec les autorités religieuses. De même un intérêt pour un développement local durable a pu être reconnu par les milieux universitaires et scientifiques préoccupés par la multiplication des bidons-villes et les difficultés d’aménagements de territoires pour les vies humaines.
Ainsi, les chercheurs ont-ils intérêt à se mettre au service des gens qui leur en apprennent en matière de développement durable.
Certes, l’initiative de Médina Gounass est loin d’être terminée. Des efforts doivent se poursuivre en coexpertise scientifique et participative, notamment pour parer aux inondations lors de l’hivernage, d’autant plus, avec le retour plus abondant des pluies au Sénégal, où de fortes pluviométries sont enregistrées depuis plusieurs années et un changement climatique y associé, de nouveaux travaux d’aménagement sont nécessaires pour la viabilité du développement de ce quartier de la périphérie urbaine.
local development, survival strategy, urban neighbourhood, community participation, aculturation, participation of inhabitants, water policy, municipality and civil society
, Senegal, Dakar, Medina Gounass
L’expérience de Médina Gounass fait apparaître l’importance de l’expertise des gens en matière de développement local durable que dans des conditions de survie, malgré leur diversité géographique et socio-culturelle, est primordiale, voire première. La diversité des populations tant sur le plan de l’origine géographique que de leurs habitudes socio-culturelles est enrichissante pour les efforts communs en matière de survie et de volonté de construire un cadre de vie durable. Une citoyenneté concrète et responsable se construit sous cet angle.
Colloquium, conference, seminar,… report
Fatou Sarr, PRELUDE et ENDA-TM, Expériences des femmes entrepreneurs au Sénégal et élargissement de la protection sociale au plus grand nombre, Georges Thill, 2000 (Belgique), numéro spécial hors série, p.121-128
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