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Loisirs des 12 - 16 ans à Reims, une offre haut de gamme structurée par la ville pour faire évoluer les pratiques et produire de la mixité

Françoise MALBOSC

12 / 1999

Alors que tous observent que les 12-16 ans se retrouvent difficilement dans l’offre de loisirs publique et encore moins pendant la période de l’été, l’opération "Reims Vital Été" touche le cinquième de cette tranche d’âge avec un succès grandissant et des effets tout au long de l’année. "Si c’est bon, bien organisé, avec un vrai contenu, si vous leur proposez du haut de gamme, les jeunes en redemandent, il y a un enjeu pour eux". Francis Oudot, directeur du service éducation et jeunesse de la ville de Reims, ne manque pas de conviction pour exposer les avantages de la formule éprouvée pour la quatrième fois l’été dernier et conclut, au passage, à la fin prochaine des centres de loisirs habilités, les CLSH !

Racontez-nous "Reims Vital Été" en bref.

"C’est, depuis 1996, une opération qui permet à 2 000 jeunes âgés de 12 à 16 ans d’organiser eux-mêmes leurs loisirs pendant les vacances d’été. Nous leur proposons une gamme de 75 activités sportives, culturelles, technologiques et de loisirs. En achetant pour 140 francs une carte personnelle, ils ont un crédit de points, ils choisissent ensuite leurs activités par un système de réservation un peu comme dans les agences de voyage. Les lieux d’activités sont répartis sur tout le territoire de la ville, la carte offre la gratuité des transports en commun, des réductions et entrées gratuites dans des équipements et des services (cinémas, piscines, billards...) y compris le week-end. Notre souci est de ne pas faire la même chose, de la même façon, et au même endroit, que ce qui est offert par l’école. La ville gère et finance "Reims Vital Été" ; pour la mise en place des activités nous nous appuyons sur des partenaires publics et privés (MJC, clubs, associations, services publics, entreprises privées, prestataires individuels). L’opération rencontre un vif succès auprès des jeunes, notamment parmi ceux qui ne fréquentaient pas ou plus les centres de loisirs, il nous manque environ 500 places.

Votre opération est fondée sur l’aspect éducatif du choix, n’observez-vous pas un effet "zapping" de la part des jeunes ?

"Les deux mois sont la face visible de l’iceberg, mais les résultats, les relations avec les partenaires durent toute l’année, c’est tout un système différent d’organisation des loisirs. Le rapport avec les structures change, on les incite en amenant les jeunes chez elles, du coup elles aménagent complètement leur pédagogie, c’est particulièrement visible dans le sport : en aviron l’équipe championne de France cadets est composée de jeunes découverts par le club au cours de l’été.

Quant aux jeunes, oui, ils ont la culture zapping, mais dans la quantité, des activités vont les accrocher. Les quinze premiers jours, les jeunes vont consommer une grande variété d’activités, puis ils font un stage (des modules de trois jours et non d’une semaine) ou un approfondissement. Notre principe est d’offrir des loisirs haut de gamme et diversifiés mettant en avant le plaisir et la liberté de choix. Les inscriptions et la vente de la carte débutent en début juin, Nous diffusons le programme courant avril, en mai nous ouvrons le centre Vital Été - c’est la plaque tournante de l’opération pendant quatre mois - et recrutons une vingtaine d’animateurs, souvent des surveillants des collèges, puis nous ouvrons la vente début juin, toutes les places sont vendues dans la semaine. L’inscription se fait avec un parent au moins, l’animateur explique le règlement et le fait signer aux parents. Durant les deux mois, la réservation est un moment fort d’explication et de communication entre le jeune ou le groupe de jeunes et l’animateur, l’obligation de désistement, le système de "dégriffe" pour les places libérées, tout cela met le jeune en situation de responsabilité, lui reconnaît l’autonomie qu’il revendique.

"Reims Vital Été" veut assurer la mixité sociale des publics qui pratiquent les activités, qu’en est-il ?

Les activités offertes se déroulent sur toute la ville, nous spécifions des équipements pour une activité, quelle que soit leur implantation géographique, le centre Vital été est en centre ville, certaines activités s’y déroulent, le système de réservation casse les groupes, au total, il y a beaucoup de mélange, de circulation entre quartiers, les jeunes font de nouvelles connaissances. A l’analyse, les 2000 jeunes inscrits en 1999, soit un cinquième de la population jeune de la ville, sont à l’image de celle-ci : des garçons (59 pour cent) et des filles (41 pour cent), venant du centre (13 pour cent), des faubourgs (27 pour cent), des quartiers périphériques (60 pour cent), un peu plus de la moitié (57 pour cent) fréquente un établissement scolaire situé dans un quartier DSU, 19 pour cent un établissement privé...

"Reims Vital Été" se déroule sur un temps limité, est-ce suffisant pour agir sur l’offre ?

"Chaque année, nous lançons la campagne suivante après un bilan détaillé de l’activité d’été avec chaque partenaire conventionné. Le bilan porte sur la fréquentation, l’attractivité, les remarques des jeunes sur l’activité pendant l’été... et sur l’inscription du jeune pendant l’année pour les structures publiques et les retombées en termes de fréquentation et de public. Je l’ai dit, nous proposons aux structures d’installer une nouvelle activité, de se spécialiser - en vidéo, PAO, image numérique - , nous formons les animateurs... aux structures de montrer qu’elles sont capables de récupérer les jeunes qu’elles ont eus pendant deux mois. Aussi, pour les structures, ça décoiffe un peu, car il y a deux sanctions immédiates en cas de carence de leur part : les jeunes ne viennent plus ou ils cassent (1).

La ville est très incitative vis-à-vis des structures, mais on ne veut pas entendre "les jeunes ne vont pas chez nous", on leur dit d’accueillir les jeunes, de bâtir un projet. Le repère c’est le degré d’autonomie des jeunes, les CLSH ne correspondent pas à leurs attentes et sont amenés à disparaître ou à se transformer radicalement. Parfois la ville amène une activité clé en mains, on a ainsi ouvert un équipement habituellement fermé aux jeunes l’été avec une activité "mode" qui a vu passer 500 adolescentes. Nous savons faire, nous sommes des professionnels de l’animation. Nous cherchons à mettre en place des activités nouvelles, attrayantes, pour cela il faut chercher, nous faisons appel à ceux qui ont des idées - nous avons 65 partenaires privés - et proposons de les employer pendant l’été, on voit des jeunes des quartiers qui ont fréquenté Reims Vital Été proposer des projets.

Key words

young person, leisure, autonomy, citizen responsibility, educational policy, city, educational innovation


, France, Reims

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Nous montons un système complexe d’offre qui correspond à ce que l’on sait des besoins des jeunes. L’ajustement de l’offre par rapport à la demande est un impératif pour le service public comme pour le marché privé. Le libéralisme qui fait peur aux structures, c’est le constat que la fréquentation augmente avec la qualité de l’offre et pas forcément proportionnellement au coût. Et cela, nous le vérifions, tout en maintenant nos objectifs prioritaires : la diversité et le plaisir de pratiques nouvelles, dans une grande mixité sociale et en toute sécurité.

Notes

Contact : Francis Oudot, directeur du service éducation et jeunesse de la ville de Reims, hôtel de ville, 51096 Reims Cedex - Tél. 00 (33) (0)3 26 77 76 25 - Fax. 00 (33) (0)3 26 77 74 24 - Oudot.francis@wanadoo.fr

(1) cf. le cahier des charges de "Reims Vital Été", chapitre "contenu des activités" : " La conception de chacune des activités résulte du savoir-faire, de l’expérience et des facultés d’innovation de chaque partenaire. De la qualité du programme de chaque activité dépend l’attractivité auprès des jeunes et leur comportement pendant les séances".

Entretien avec OUDOT, Francis

Source

Interview

MABOSC, Françoise, Loisirs des enfants et des jeunes entre demandes ordinaires et offres spécifiques, CR¨DSU in. Les cahiers du DSU, 1999/12 (France), N° 25

CR DSU (Centre de Ressources sur le Développement Social Urbain) - 4 rue de Narvik, BP 8054, 69351 Lyon cedex 08, FRANCE. Tél. 33 (0)4 78 77 01 43 - Fax 33 (0)4 78 77 51 79 - France - www.crdsu.org - crdsu (@) free.fr

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