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De nombreuses personnes utilisent la vidéo pour de l’animation, de l’éducation, de la sensibilisation ou de la promotion, de façon entièrement intuitive.

Dans son ouvrage, Yves Langlois nous propose une méthodologie et des techniques pour utiliser la vidéo dans les processus d’animation sociale. Diplomé en communication et en psychosociologie, réalisateur de nombreuses vidéos en collaboration avec un grand nombre d’organismes de coopération internationale dans le continent américain, il tire des enseignements de ses expériences de terrain afin de proposer au lecteur un guide d’utilisation des techniques de communication présentes et à venir.

La première partie de l’ouvrage décrit spécifiquement quelques unes de ces expériences de terrain. Nous "voyageons" à travers trois pays d’Amérique centrale - Colombie, Bolivie et Brésil - et dans le Nord Ouest canadien, à l’occasion de travaux de vidéo très divers.

Dans la réserve d’Améridiens de Sliammon, sur la côte Pacifique canadienne, les travaux consistent en la réalisation d’une vidéo par un groupe de jeunes sur les méfaits de l’alcoolisme. L’objectif est double : réaliser techniquement une vidéo sur les dangers de l’alcoolisme afin de sensibiliser leur milieu, mais aussi faire prendre conscience aux jeunes de leur propre attitude face à l’alcool et les faire sortir du cercle vicieux dans lequel sombrait leur communauté. Ces travaux s’apparentent au "vidéo-processus" par opposition au "vidéo-produit", l’objectif n’étant pas uniquement de "produire" un document, mais bien d’utiliser la vidéo pour aider à faire un cheminement.

Les autres expériences d’Amérique Centrale sont aussi des vidéo-processus.

Dans l’altiplano bolivien, le mandat relié à la vidéo était de créer un centre audiovisuel au sein d’un organisme "l’INADES", officiellement équipe de développement rural pluridisciplinaire, mais en fait organisation issue d’un parti politique d’opposition qui cherchait à promouvoir leurs idées sur le développement local. La vidéo a permis bien sûr de démystifier les outils de communication audio-visuels et en premier lieu la télévision, mais elle a permis aussi de mettre en place des "jeux de rôles" ou des "socio-drames" : Chaque personne se met en scène et joue un personnage dans une mise en situation de groupe. La visualisation de ces scènes et leurs analyses permettent rapidement d’éclairer les relations entre les différentes personnes, entre les différents acteurs du développement.

En Colombie, les travaux de vidéo ont permis de participer à l’autoconnaissance critique de l’histoire et de la vie en général de populations locales. Les travaux réalisés lors d’un enterrement traditionnel, ou la "mise en scène" de récits caractéristiques comme "les sorcières de Cerrito", rétablissent des marques d’identité et suscitent des discussions, jusqu’alors jamais entamées, sur la pertinence de sauvegarder certaines croyances.

La seconde partie de l’ouvrage est la présentation de la méthodologie proprement dite, issue des expériences de terrain. L’auteur tire des modèles facilement applicables - avec peu de moyens techniques - d’utilisation de la vidéo en intervention sociale. Il décrit une vingtaine de techniques applicables dans différents contextes, et qui toutes s’intègrent dans l’une ou l’autre des phases suivantes :

- la phase du mandat, du choix de la méthode,

- la phase de constitution d’un groupe de travail, la vidéo servant de miroir,

- la phase de dynamique entre le groupe de travail et le milieu, la vidéo servant de liens entre les différentes parties,

- la phase de collecte et d’analyse de données, la vidéo étant à la fois le récepteur et l’emetteur,

- et enfin la phase du retour au milieu, la vidéo étant outil de diffusion.