Bertrand Shwartz est polytechnicien (corps des mines), ancien directeur de l’Ecole des Mines de Nancy, du Centre universitaire de coopération économique et sociale, de l’Institut national pour la formation des adultes. Il a été membre du haut conseil de l’audiovisuel, du conseil économique et social, du comité à l’insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté... Il est l’auteur de "L’éducation demain", "Une autre école", et "Moderniser sans exclure" (qui est aussi une association dont il est président).
Il a fait sa carrière dans l’enseignement technique, et s’est consacré plus spécialement à la formation et à la qualification des jeunes, chômeurs et salariés de base de faible niveau. Une grande connaissance de la psychologie des jeunes et de la main d’oeuvre peu qualifiée l’a convaincu que ces hommes et ces femmes ne devaient pas être disqualifiés, et qu’il fallait s’obstiner à valoriser ce potentiel très sous-estimé.
Pour développer ces potentiels, il propose la formation par alternance. Déjà, des résultats remarquables ont été obtenus dans de nombreuses entreprises et peuvent être généralisés si on s’attache à trois conditions fondamentales :
1. D’abord qu’il y ait une vraie et constante articulation entre situations de travail et situations de formations, et que la formation parte de ce qui est fait dans le travail, sinon elle est plaquée.
2. Que le travail soit qualifiant, ce qui implique que l’organisation du travail le soit, c’est-à-dire qu’individuellement et collectivement, chacun puisse réfléchir sur son travail.
3. Que la formation retourne vers le travail, sinon elle n’est qu’adaptation au poste de travail.
La formation par alternance doit, de toutes façons, s’appliquer à des travaux qualifiants. Or le meilleur moyen de rendre un travail qualifiant, c’est d’en analyser collectivement les dysfonctionnements. En effet, quand un travailleur est confronté à un dysfonctionnement, il le contourne, et si le dysfonctionnement est répétitif, le travailleur se fait une recette. Mais cette recette est personnelle et ne peut résoudre le problème que dans la situation particulière de ce travailleur. Il faut donc organiser régulièrement une analyse collective des recettes, les dépersonnaliser et y ajouter des savoirs pour faire prendre du recul.
Ainsi, l’organisation devient qualifiante, et donc extraordinairement formatrice. C’est un moyen de former des personnes trop souvent considérées comme non-formables, et de réduire les dysfonctionnements, donc les prix de revient...
Bertrand Shwartz déplore qu’à l’heure actuelle, les tuteurs et les formateurs ne soient pas bien préparés à ces tâches. Il y a un gaspillage considérable d’argent et de capacités. D’autre part, il observe aussi des réticences de la part de certaines directions d’entreprises et d’administrations. Les cadres ont du mal à accepter d’être sollicités et d’observer les remarques concernant les dysfonctionnements... Devenir formateur, c’est aussi accepter de se remettre en cause !
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, France
Conférence organisée par le Cercle d’Etudes Economiques et Socialesà Grenoble, le 15 mai 1995.
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