"La fourmi de feu" (Solenopsis invicta)a fait couler beaucoup d’encre aux Etats Unis depuis son arrivée en provenance du Brésil dans les années 40. Cet insecte, qui s’est trouvé, hors de son Brésil natal, dépourvu de prédateur aux Etats Unis a littéralement explosé et occupe aujourd’hui près de 200 millions d’ha dans les Etats du sud. L’insecte n’attaque pas les cultures, il gêne seulement les labours par les monticules qu’il fait, sa piqûre n’est pas dangereuse.
Il a soulevé de furieuses polémiques aux Etats Unis dans les années 50 et 60 lorsque le Département de l’Agriculture lança un programme d’éradication de la fourmi de feu basé sur un vaste épandage aérien d’heptachlor et de dieldrine- insecticides organochlorés très rémanents que l’on retrouve dans la chaîne alimentaire-les scientifiques s’opposant à ces déluges chimiques dont les effets néfastes sur le milieu étaient faciles à prévoir d’autant que jamais programme d’éradication n’est venu à bout d’un insecte quelconque. Le grand écologiste de l’Université Haravrd E.O. Wilson dira:"Le programme de contrôle de la fourmi de feu au Sud (des E.U)est le Vietnam de l’entomologie" étant donné son échec total. Pire! La fourmi put réinvestir les sites empoisonnés plus facilement que les autres insectes en compétition avec elle: sa densité est 5 à 10 supérieure à celle observée au Brésil. Un espoir pointe cependant: des biologistes de l’Université du Texas et des entomologistes de l’Université de Sao Paulo viennent de démontrer expérimentalement dans le Mato Grosso que la dominance compétitive de S. invicta dans les sites où elle trouve sa nourriture est diminuée du fait des attaques d’une mouche parasitoïde de la famille des Phoridées qui ne s’en prend qu’à la fourmi de feu. Partant de ces observations, on prévoit à présent l’introduction, aux E.U. de ces mouches spécifiques en vue de contrôler S. invicta.
harmful insect, technology transfer, phytosanitary processing
, Brazil, United states
Il y a ici trois remarques à faire, à notre avis:
1- Nous avons là un nouvel exemple de l’inanité de la lutte chimique et de ses effets dévastateurs.
2- Comme on a ici encore un cas concret de l’intérêt de la lutte biologique qui n’est pas une vue de l’esprit ainsi que le prétendent des détracteurs mal informés.
3- Enfin-et ce n’est peut-être pas le moins important- on a ici un bel exemple de collaboration entre scientifiques du Nord et du Sud, pour résoudre un problème qui se pose au Nord. Science au service de l’homme et au bénéfice de l’Humanité. Quelle meilleure réponse à ceux qui ne jurent que par le profit et accumulent les brevets d’invention "pour protéger la propriété intellectuelle"-entendez empêcher les démunis d’accéder aux progrès scientifiques et technologiques?
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ORR, M.R.; SEIKE, S.H.; BENSON,W.W.; GILBERT,L.E., Macmillan Magazines Ltd London in. NATURE, 1995/01/26, n°6512 vol.373