Le cas d’un territoire indigène, el Darién, Uraba
03 / 1996
L’objectif du projet décrit ci-dessous est de générer des connaissances en vue d’une gestion globale de la Serranía [région montagneuse] de Abibe et de son piémont, articulant les aspects socioéconomiques, culturels, environnementaux et institutionnels. Il s’agit d’élaborer à moyen et long terme des propositions de développement environnemental pour la région dans son ensemble, sur la base de l’expérience pilote de la municipalité de Chigorodo.
Le travail est mené en concertation avec l’organisation de base des indigènes Embera-Katios, l’Organisation indigène de Antioquia, lesquels sont les co-administrateurs et les responsables opérationnels du projet, sur un pied d’égalité avec la Corporation écologique et culturelle Penca de Sabila.
Au niveau administratif, le projet repose sur un groupe de direction au sein duquel sont représentés les organisations qui interviennent, ainsi que sur un groupe de terrain composé d’un coordinateur professionnel qualifié en anthropologie, d’un agronome responsable du sous-projet sur les systèmes de production soutenables, et d’un sociologue responsable du sous-projet relatif à l’accompagnement organisationnel. À cela s’ajoutent, à titre de protagonistes locaux, une personne effectuant des tâches d’appui logistique et deux leaders indigènes.
Le projet met en Ĺ“uvre des actions de renforcement de l’organisation indigène à travers un appui logistique et la formation de leaders indigènes. Les points à renforcer sont, entre autres, l’utilisation et la conservation de la biodiversité, les aspects juridiques et administratifs des entités territoriales indigènes, la juridiction propre et la résolution pacifique des conflits, les relations avec l’État.
Le sous-projet sur les systèmes de production soutenable regroupe des programmes de restauration et d’amélioration des techniques traditionnelles de production, avec pour objectif primordial de garantir la sécurité alimentaire des communautés. D’un autre côté, son expérimentés le développement de systèmes agroforestiers, agro-sylvo-pastoraux, de petit élevage, gestion de la faune sauvage et aquaculture, destinés à générer des revenus additionnels au niveau des familles et de la communauté. Parallèlement est mené un travail de consolidation du territoire indigène, que l’on cherche à unifier à travers l’achat de propriétés de colons et une action auprès de l’État pour qu’il accorde un titre de propriété au titre de la sauvegarde des indigènes.
Le propos est de freiner le processus de colonisation par les exploitations d’élevage intensif et la déforestation massive de la Serranía, en même temps que d’améliorer la qualité de vie des communautés qui y sont installées.
La Serranía de Abibe est située à l’intérieur de la province biogéographique du Chocó, considérée comme une zone d’immense diversité biologique, avec un endémisme élevé de plantes, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens et de papillons.
En même temps, cette zone figure, au niveau mondial, parmi les zones prioritaires pour la conservation de la biodiversité, car c’est l’une des deux régions d’Amérique latine (avec les forêts atlantiques du Brésil) à connaître actuellement une destruction accélérée et dramatique de la biodiversité.
La région de Uraba a été soumise à un processus de colonisation accélérée et destructive, qui a transformé le paysage en 20 ans. Ce qui était une forêt tropicale exubérante sillonnée par de puissantes rivières est aujourd’hui une zone d’immenses plantations bananières destinées aux marchés d’exportation ou de grandes exploitations qui se consacrent à l’élevage. Le développement de ces formes de capitalisme sauvage a entraîné avec lui le conflit social et la généralisation de la violence dans la région.
Les communautés indigènes, occupantes traditionnelles du territoire, ont été expulsées, parfois violemment, des meilleures terres de la zone de plaine, et se sont vues obligées de se réfugier dans la Serranía, où il reste encore une forêt tropicale. L’augmentation de la population et la destruction de l’environnement ont occasionné une crise dans le modèle adaptatif des indigènes, basé sur un usage soutenable des écosystèmes naturels.
Actuellement, les indigènes survivants constituent une population connaissant des conditions extrêmes de pauvreté et de marginalisation. Le projet cherche donc à renforcer l’organisation indigène, qui en est à ses premiers balbutiements, afin que les indigènes se constituent en acteur politique indépendant des forces qui s’affrontent dans la région, soutenus par le principe constitutionnel de la multiethnicité et de la pluriculturalité de la nation colombienne.
L’autre composante décisive pour parvenir à réorganiser les communautés et l’aspect productif. Le projet cherche à construire, à travers une approche agroécologique, des systèmes de production économiquement viables, adaptés à la culture indigène, et soutenables d’un point de vue environnemental.
Une autre stratégie est celle de se projeter au niveau régional, afin qu’il s’y déroule un intense travail de coordination inter-institutionnelle avec les gouvernements locaux, les corporations régionales de développement, les groupements d’entrepreneurs et les syndicats de travailleurs.
Cette dimension est cruciale en raison de l’importance stratégique de la Serranía comme pourvoyeuse de services environnementaux pour toute la région. Elle est la source des rivières de la région, et sa dégradation a entraîné une rupture de l’équilibre hydrique, avec des inondations en aval. Les forêts de la montagne fournissent le bois nécessaire pour les exportations de banane.
national and regional planning, protection of natural resources, indigenous peoples, biodiversity, forest protection
, Colombia, Abibe, Antioquia
Biodiversité : le vivant en mouvement
L’information sur le projet Abibe est utile pour des personnes liées à des projets de conservation et de gestion soutenable d’écosystèmes avec la participation de communautés locales de colons, de paysans et d’indigènes.
Le projet permet de générer une information agroécologique dans des domaines tels que les systèmes traditionnels indigènes de production, l’utilisation diversifiée de la forêt tropicale, la gestion alternative du petit élevage, les systèmes sylvo-pastoraux et agroforestiers.
Le projet permet aussi de générer une information sur l’accompagnement et l’organisation de groupes de base paysans et indigènes, d’ONG, d’environnementalistes, de fonctionnaires et d’organisations populaires.
Fiche de la convention RIAD-VNU, transférée à DPH par G. Alatorre, GEA-PASOS.
Fiche originale en espagnol : Gestión ecológicamente sostenible de los bosques de la Serranía de Abibe. Traduction : Olivier Petitjean.
Articles and files
ALARCON, Andrés, MARQUE, Javier, CORPORACION PENCA DE SABILA, 1994 (Colombia)
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