La Fondation pour le développement des communautés de montagne valorise les traditions de Pakasukgei
09 / 2002
En Thaïlande, la petite communauté de 500 personnes appelée Pakasukgei est un lieu à la culture et à la tradition uniques. Ce peuple vit dans la montagne, à 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ils ne peuvent pas franchir la frontière pour visiter les pays voisins, et ont donc développé une identité, une culture et une langue très particulières. Dans cette communauté enclavée dans la montagne, les familles vivent en harmonie.
Ce sont des gens de la campagne. Ils produisent un maïs et du riz mais ne le vendent pas sur le marché ; ils produisent pour eux-mêmes. Ils disposent également de leur propre système de troc pour échanger des choses entre amis et voisins. Par exemple, deux voisins peuvent échanger un animal contre du riz.
Leurs traditions demeurent fortes. La jeune génération respecte ses aînés. Il existe un processus permanent de consultation. Par exemple, si quelqu’un désire construire une maison, il doit demander la permission aux anciens pour aller dans la forêt, couper quelques arbres et la construire. Les anciens, de leur côté, s’efforcent de tout transmettre aux jeunes : leur musique, leurs chansons traditionnelles, leur histoire, leurs légendes, afin de préserver leur culture et leurs traditions.
Les villageois de Pakasukgei croient que toutes les choses possèdent un esprit : les pierres, les arbres, les animaux, etc. Tous doivent les respecter et les traiter avec affection. Une fois par an se tient une cérémonie traditionnelle au cours de laquelle ils s’excusent d’avoir manqué de respect à tel ou tel objet. Ce type de pratique fait que les villageois sont des personnes très sensibles à la nature.
Cette paix est parfois interrompue. Récemment, sont arrivés des hommes travaillant pour les compagnies électriques ou des constructeurs qui montent dans ces zones pour y installer des infrastructures diverses. Bien qu’ils soient accoutumés à une vie paisible, ils acceptent la visite de ces étrangers qui apportent avec eux des choses utiles, comme par exemple l’électricité. Certes, arrivent aussi avec eux les équipements électroménagers et les moyens de communication de masse, qui transforment certaines habitudes et modèles de comportement. Le tourisme lui aussi est en augmentation dans la région. Et l’argent dont disposent les visiteurs est lui aussi bien respecté !
A Pakasukgei, Juthamas Rajchaprasit travaille à titre de membre de la Fondation pour le développement des communautés des zones de montagne et y mène à bien plusieurs actions pilotes :
Activités d’échange culturel. Les anciens partagent leurs expériences, leurs histoires, avec les jeunes générations d’autres communautés. De même, les hommes et les femmes narrent leurs propres expériences parce que, à l’évidence, ils ont acquis des savoirs différents. Cette activité s’efforce de parvenir à un certain équilibre entre les sexes.
Activités liées à l’agriculture. Il s’agit d’améliorer la productivité agricole dans les régions de montagne.
Activités éducatives. Les gens de Pakasukgei élaborent leur propre cursus et programme éducatif sur la base de l’expérience des aînés, avec l’idée que les plus jeunes profitent de leur savoir. Ce type de programme est intitulé « curriculum éducatif alternatif ».
Cette communauté n’est pas considérée comme faisant patrie de la Thaïlande, en raison de ses diverses différences. Le gouvernement central promeut l’éducation en thaï, et pour que ces gens soient considérés comme appartenant au pays, ils devraient apprendre à lire, écrire et parler en thaï. Et pour démontrer qu’ils sont Thaïlandais, ils doivent fournir des documents pour se voir reconnaître la nationalité. Si ces documents sont complets et approuvés par les autorités locales, ils peuvent l’obtenir en 5 ou 6 mois. Sinon, ils pourraient avoir à attendre jusqu’à 5 ou 6 ans…
C’est sans aucun doute une tâche difficile que celle de Juthamas. Il reçoit le soutien de diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales, professeurs et institutions académiques qui se sont solidarisés avec les habitants de Pakasukgei pour les aider à démontrer leur origine et à obtenir leurs droits en tant que Thaïlandais.
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, Thailand
Une communauté éloignée des grandes villes, comme celle de Pakasukgei, est un trésor pour ceux qui souhaitent connaître les cultures originaires. Cependant, cette isolement a permis au gouvernement thaïlandais de ne pas respecter ses obligations à l’égard de ce peuple de 500 personnes.
Le labeur de Juthamas Rajchaprasit et de sa Fondation est plus qu’un simple appui, mais la revendication d’un droit élémentaire de l’être humain : la nationalité.
Au fil du chemin, aussi bien les villageois que ceux qui les soutiennent se sont rendu compte qu’il est possible, grâce au travail et à la participation, de réaliser des activités innovantes qui à la fois renforcent les liens par lesquels ils sont une communauté, leur assurent un avenir plus digne et la préservation de leur environnement.
Fiche réalisée sur la base d’un entretien avec RAJCHAPRASIT, Juthamas délégué à la seconde rencontre mondiale des peuples des montagnes, 17-22 septembre 2002, Quito, Équateur.
Fondation pour le développement des communautés en zones de montagne, 129/1 M004, Pangiew Road 5014. Robwiang, Muang, Chiang Rai 57000. Tel : 66 5375 8658 FAX : 66 5371 5696. *E-mail : hadfthai@loxinfo.co.th.
Fiche originale en espagnol : Identidad comunitaria y nacionalidad en Tailandia. Traduction : Olivier Petitjean.
Interview
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