Toute action en faveur de la justice et de la gestion des conflits s’appuie sur la connaissance. Les premières expériences vécues sur le terrain ont ainsi amené ASSOAL (Association de développement local), dès le départ, à développer des activités de renforcement des capacités des personnes dans tous les domaines.
Les universités itinérantes citoyennes sont des sessions de formation mobiles qui visent à former les personnes sur les questions de citoyenneté, de démocratie et de droits de l’Homme. Plus d’une vingtaine de sessions ont déjà été organisées. Elles ont permis aux populations de prendre davantage conscience de leurs droits et devoirs, mais aussi de leurs responsabilités. Les universités itinérantes citoyennes (UIC) ont eu comme principal avantage de pouvoir toucher directement les gens où ils se trouvent, sans leur demander de se déplacer. Dans les villes où ont été développés ces UIC, on a vu les populations effectivement changer de comportement.
Malheureusement, ces actions n’ont pu être mises en place que sur des portions réduites du territoire. Le travail actuel consiste donc à impulser à partir des UIC une véritable dynamique de formation efficace sur une plus grande étendue géographique. Cette action a notamment été relayée par des organisations partenaires, membres du réseau national des habitants du Cameroun. C’est le cas de l’association MSORAD qui, sous l’impulsion d’ASSOAL, a développé une initiative similaire dans la province du centre ; ou de l’ADDH (association de défense des droits de l’Homme agissant dans le département du Noun à l’Ouest du Cameroun) qui a engagé un processus similaire après avoir suivi une formation à ASSOAL pour renforcer ses capacités en matière de défense de droits de l’Homme.
Ces expériences nous ont appris que, pour être efficace, la formation des populations notamment dans le domaine juridique doit effectivement être une formation de proximité. Il ne s’agit pas de convoquer des séminaires à grande échelle où seuls quelques personnes nanties pourraient être présentes, mais de rentrer dans les villages et les quartiers, de discuter avec les populations de leurs droits et devoirs, en partant de leur vécu, de leurs problèmes, de leurs réalités, pour leur faire prendre conscience de leur propre capacité à agir. Cette démarche doit être articulée autour de thèmes précis et favoriser au maximum l’expression des gens sur ce qu’ils pensent, leurs représentations…, pour pouvoir ensuite faire le lien avec le droit.
La différence entre les expériences des UIC et d’autres expériences de formation mises en place au Cameroun réside dans la nature même et la démarche des UIC. Ces dernières sont très proches des habitants alors que les autres approches de formation restent plus abstraites et théoriques, ne permettant pas aux gens de s’approprier les connaissances reçues et de les utiliser pour agir. Les populations effectivement formées pourront être actrices du respect des droits en diffusant les messages et les connaissances reçues, en sensibilisant les autres ou en les conseillant.
Notre expérience nous a permis de confirmer le fait que la gestion sociale des conflits est plus aisée lorsque les populations ont une connaissance plus claire du cadre juridique.
Le programme de renforcement des capacités des populations mené par ASSOAL a permis d’apporter un éclairage significatif sur cet aspect de la formation. Actuellement relayée par le programme de communication, la formation juridique des citoyens (par le biais de la diffusion du bulletin "Tribune du citoyen", notamment) est assez avancée même s’il reste beaucoup à faire, les moyens matériels et intellectuels n’étant pas toujours suffisants.
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, Cameroon
Pratiques du droit, productions de droit : initiatives populaires, 2003
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