Champignon contre criquet

Les Metarhizium sont des champignons microscopiques présents dans la plupart des sols de la planète. Au Brésil, Metarhizium anisopliae est utilisé contre les cicadelles qui attaquent la canne à sucre et aux Philippines, c’est Metarhizium flavoviride qui lutte contre un fulgoride ravageur du riz. Dans ces deux cas, les champignons sont produits en masse sur des milieux nutritifs inertes, puis épandus à très faible dose: moins de 2 l/ha d’une solution contenant 2 milliards de spores/ml. En 1960, on avait observé que Metarhizium anisopliae avait provoqué une épizootie de criquets pélerins en Ethiopie. En 1982, Metarhizium flavoviride, trouvé sur un sauteriau des îles Galapagos, ne semblait pas causer d’épizootie des sauteriaux, à l’exception de deux souches dont l’une a été retrouvée récemment sur le sauteriau Ornithacris cavroisi; cette souche, nommée IMI 330189 s’est révélée, sur le terrain, très pathogène pour le criquet. Au Niger, dans la région de l’Aïr, 80 à 100

des criquets pélerins ont été tués en une dizaine de jours après avoir consommé des feuilles de Schouwia thebaica sur lesuqelles avaient été épandues des spores de Metarhizium flavoviride en formation huileuse ultra bas volume. A Madagascar aussi, Metarhizium a été efficace contre le criquet migrateur. Les champignons peuvent jouer un rôle important dans la lutte biologique, en raison de leur très large spectre, mais des problèmes se posent sur le terrain: leur virulence est inactivée par la lumière, le dessèchement des spores, la présence d’insecticides ou de fongicides. Mélangées à de l’huile végétale, les spores adhèrent mieux à la cuticule de l’insecte, les champignons envahissent l’hôte par voie cuticulaire (parfois par voie orale ou par les fentes respiratoires)et s’y développent, produisant des toxines qui tuent l’hôte ou consommant les aliments absorbés par l’hôte, qui finalement meurt de faim. La petite taille des spores permet d’utiliser les appareils manuels d’épandage courants en lutte antiacridienne. Actuellement, les spores sont dispersées dans de l’huile végétale et du kérosène. On cherche à améliorer les formulations afin d’améliorer leur stabilité aux U.V. et aux températures élevées (pour pouvoir utiliser des pulvérisateurs sur pot d’échappement). Un programme international IITA/IIBC/DFPV avec l’Institut international de contrôle biologique (G.B.)a pour but d’établir des unités de production de spores dans les divers pays où le criquet constitue un fléau potentiel.