Une organisation bien définie qui laisse à chacun une marge de manouvre personnelle
05 / 2003
Cécile Ouedraogo explique ceci par l’intermédiaire de Justine interprète et membre de l’ONG FONADES: " Elle a 23 ans, elle est cultivatrice, dans sa concession il y a son beau père et ses deux femmes, le grand frère de son mari et sa femme, elle son mari plus les enfants. Dans l’exploitation il y a un grand champ familial pour toutes les personnes et c’est le produit de ce champ familial qui nourrit les membres de la famille.
C’est le papa du mari, qui est propriétaire de ce champ là. Puisqu’il vit, il est dans la concession avec ses deux femmes c’est lui le chef de ce champ là.
Le champ familial
Il y a un champ familial où tous les membres de la famille se réunissent pour cultiver et à une certaine heure vous vous reposez vous mangez et chaque femme vaque à son champ personnel. Le soir venu celles qui sont de cuisine vont chercher le bois et l’eau pour préparer le repas du soir.
Tous les membres de la famille exploitent le champ commun, c’est le chef de famille son beau père qui gère les récoltes, c’est son beau père qui partage le mil chaque femme sort avec son récipient, prend une certaine quantité et le pose chez elle pour le jour où elle est de cuisine, une fois que ce stock prend fin le beau père ravitaille de nouveau toutes les femmes. La quantité est pour trois préparations il sait que au bout de tant de jours le mil doit être fini et il redistribue pour trois jours encore.
Au niveau des sauces, le gombo et l’oseille quelles ont dû cultiver pendant la saison hivernale ce sont les femmes qui fournissent ça, mais par contre les condiments à savoir le sel, le cube maggi, le soumbala, parfois la viande ce sont les maris qui apportent ça.
Les champs personnels des hommes
Puisque son mari n’est pas directement propriétaire une fois que son beau père va dire aux gens de se reposer son mari se retrouve dans son champ personnel et elle aide son mari à cultiver ce champ personnel qui est propre à elle, son mari et ses deux enfants, c’est pareil pour le frère de son mari.
Quand la production de son beau père prendra fin c’est la production de son mari par exemple que la famille va consommer et une fois que ça c’est terminé, on attaque la production du frère de son mari c’est comme ça et tout le monde mange. La différenciation est juste au niveau du travail, elle dit que par exemple les cultures que son mari exploite sur son champ personnel sont différentes de celles du frère de son mari, elle a pris l’exemple si son mari veut faire du maïs et le grand frère du petit mil c’est deux cultures différentes mais c’est destiné à la consommation familiale.
Le travail du champ
Ils ont des charrues à traction asines et bovines , c’est le papa de son mari qui est propriétaire des deux, Les membres de la famille ont accès à ce matériel et elle ajoute que comme le produit de ces cultures est consommé en famille, il n’y a pas de problème.
Le nettoyage du champ c’est réservé aux hommes ainsi que les labours, les semis c’est les femmes, chaque catégorie de personne a ses tâches bien précises à remplir, donc les hommes labourent d’abord ils nettoient et brûlent les mauvaises herbes, les femmes viennent semer.
Pendant le labour les femmes sont derrières en train d’enlever les mauvaises herbes, les hommes aident les femmes à sarcler ensuite pendant les récoltes ils sont chargés de couper le mil et de l’étaler par terre les femmes récoltent avec les couteaux et elles transportent ça à la maison dans les greniers. Il y a une charrette, même deux charrettes, donc les femmes se fatiguent moins pour transporter les récoltes.
Les champs personnels des femmes
Concernant la culture du gombo pour la sauce les arachides le petit pois elle a son champ personnel à elle seule, mais elle aide son mari à cultiver le mil et le sorgho qui est propre à eux deux, mais en ce qui concerne l’oseille, les arachides, le gombo elle cultive pour ses sauces c’est pour elle personnellement, elle a un lopin à coté du champ de son mari et elle fait ça. C’est son beau père qui le lui a cédé ça, même là où cultive son mari c’est la propriété privée de son beau père puisque c’est lui le chef.
Pour aller cultiver le champ personnel c’est après les autres travaux vous mangez vous vous reposez et chacun peut vaquer à ses choses là c’est libre mais avant c’est pas possible il faut finir de cultiver le champ familial avant d’avoir cette permission.
Toutes les femmes ont cette petite terre pour cultiver l’oseille, les petits pois, l’arachide, le gombo. Le produit de ces champs là très généralement la plus grande partie est consommée en famille mais si entre temps tu as un problème d’argent et que tu n’as pas de la liquidité tu peux vendre une partie de tes arachides par exemple pour avoir l’argent et résoudre un problème. L’année dernière elle a perdu sa grand mère donc il y avait les funérailles et à l’occasion de ces funérailles il fallait acheter du dolo ; elle n’avait rien ; elle a enlevé une partie de la production pour vendre et avoir l’argent et pouvoir faire les funérailles de sa grand mère. "
agricultura familiar, meio rural, família
, Burkina Faso, Koumbissiri
Cette fiche décrit le fonctionnement et l’organisation d’une exploitation familiale au Burkina Faso, l’autorité reste au chef de famille mais chacun cultive son champ personnel et peut donc gérer sa parcelle individuellement. Un système qui laisse une part de liberté et de ressources à chacun des membres de la famille.
Entretien de Cécile OUEDRAOGO réalisé en mars 2003 par Mathilde LUCAIN.
Entretien avec OUEDRAOGO Cécile réalisé en mars 2003
Entrevista
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