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Planifier localement avec d’autres outils que la liste des besoins

L’expérience d’un président d’association qui a élaboré et conduit plusieurs Plans Locaux de Développement (ASESCAW, Walo, Sénégal)

Birahim DIOP, Benoît LECOMTE

11 / 2001

Birahim DIOP, président de l’ASESCAW (Association Socio-Educative, Sportive et Culturelle de l’Amicale du Walo), explique ceci :

"Dans les années 60 et 70, le ministère de l’Agriculture chaque année disait ceci : "Que les Centres d’Expansions Rurales Polyvalents (CERP) nous fassent rapidement le recensement des besoins". Les fonctionnaires faisaient une sommation de l’ensemble des listes de besoins quantifiées pour dire que : "Voilà le programme agricole de telle sous-préfecture". C’était une façon de faire. Peut-être que cela répondait plus ou moins à cette époque à la démarche du gouvernement, qui était la centralisation. Cette quantification en matériel agricole et en intrants remontait du village à la sous-préfecture, de la préfecture au niveau de la région, et le ministère assurait la répartition au niveau national.

D’un autre côté, au début des années 1973, l’avènement de la sécheresse a favorisé la dispersion des intervenants. Chaque intervenant (projet d’aide, CERP, ONG, etc.) essayait de développer son pauvre et là il y a eu une telle dispersion à ce niveau que les bénéficiaires de ces appuis étaient désemparés. D’un côté, un intervenant vient avec son projet de ceci et de l’autre, d’autres viennent avec leurs propres critères. Cette dispersion a cassé même le tissu associatif traditionnel dans le monde rural.

Et aujourd’hui pour que cette force paysanne se reconstruise et puisse servir à défendre les intérêts des gens, il y a nécessité d’avoir un moyen, une arme ; je ne sais pas comment dire, d’avoir quelque chose sous la main qui permette de dire : "Voici une proposition que nous avons élaborée entre les villageois et qui nous permet de discuter avec les autres intervenants". Sinon c’est l’ascendance de l’intervenant externe qui jouera, une ascendance psychologique qui fait que les bénéficiaires acceptent un peu n’importe quoi.

Nous avons donc d’un côté l’habitude du programme agricole issu de la liste des besoins; de l’autre côté la faiblesse des bénéficiaires devant les projets des intervenants externes. Est-ce qu’aujourd’hui la collectivité locale (pour nous paysans, c’est chacune de nos communautés rurales) va arriver à se servir de l’outil nouveau appelé "Plan de Développement Local" (PLD) ? Puis, grâce à cela, va-t-elle arriver à coordonner les divers intervenants ?

Dans les conseils ruraux des Communautés Rurales (CR) du Delta, je constate cinq progrès :

a) Chacun apprécie la démarche participative qui consiste à d’abord rassembler tous les villages pour discuter de la possibilité de cette collaboration, puis essayer de recueillir dans ce forum une spécificité de chaque village et, enfin de faire les hypothèses d’action à discuter au niveau de chaque village pour tenir compte de ses préoccupations spécifiques. Celles-ci s’expriment dans les forums de discussions qu’on organise au niveau des villages en essayant de saisir les préoccupations des divers groupes qui sont plus ou moins homogènes. Parce que si on prend les adultes peut être leurs préoccupations se rapprochent peu des préoccupations des jeunes filles.

b) Les CR ont introduit certains critères pour prendre de plus en plus la préoccupation des gens au lieu de faire un recensement des besoins. Leurs critères, ce ne sont plus les vieilles formes de recensement. Si l’on veut valider ce plan au niveau de la collectivité locale, il faut que l’ensemble de ces villages y trouvent leur compte, qu’ils trouvent des propositions qui vont dans le sens de résoudre les problèmes qu’ils ont exprimés au niveau des villages.

c) On essaye, le maximum possible, de trouver l’espace pertinent de planification. Cet espace pertinent peut être des sous zones selon leurs composantes agro-écologiques. Les zones qui sont proches du fleuve Sénégal, dans des terres argileuses agressées par la salinité, ont des problèmes d’aménagement et des problèmes d’investissements pour l’irrigation, etc. qui sont différents de la culture des terres hautes du Diéri où les gens n’espèrent que la pluie pour cultiver.

d) Et puis, l’élaboration de chaque Plan Local de Développement (PLD) change la conscience des villageois. Les gens se disent : "Le plan sert à une animation, à une formation. Au lieu d’attendre, voyons ce qui existe comme potentialités et ressources matérielles, humaines, financières pour ne pas toujours répéter que les gens sont pauvres et ne peuvent rien faire. Attention, avant d’attendre des appuis extérieurs, commençons d’abord par rendre utile ce qui existe à nos alentours".

e) Enfin, le PLD discuté au niveau de la communauté rurale constitue une proposition valable qu’on peut opposer au système des interventions dispersées et amenées de l’extérieur.

Palavras-chave

desenvolvimento local, planificação, coletivo local, concertação


, Senegal, Ross-Bethio

Comentários

Notre interlocuteur a élaboré, depuis la fin des années 1970, de nombreux projets et programmes au sein de l’association paysanne qu’il préside aujourd’hui. La réalisation de ces prévisions a souvent été peu satisfaisante pour deux raisons. De son côté, l’Etat ne s’intéressait qu’à prévoir la liste des besoins en matériel agricole et en intrants. De leur côté, les intervenants externes (projets d’aide, ONG, etc.) ne considéraient, sauf exception, que leurs propres priorités. On comprend donc qu’il soit aujourd’hui un partisan dynamique de l’élaboration de Plans Locaux de Développement par les conseillers ruraux et les responsables d’associations paysannes au sein de chaque Communauté Rurale. Bref, une décentralisation très attendue !

Notas

Entretien de Birahim Diop réalisé par Benoît Lecomte, en juin 1998 et mars 1999.

Les fiches DPH préparées par l’équipe du GRAD à partir d’interviews auprès de responsables d’organisations paysannes en zone sahélienne, sans cesse renouvelées depuis 1995, sont un instrument commode pour suivre la progression du monde rural de cette région.

Entretien avec Birahim DIOP, réalisé en juin 1998 et mars 1999.

Fonte

Entrevista

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - Franca - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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