Ce document traite du processus de développement du marché du conseil aux PME africaines. Il rappelle les différentes phases d’évolution de ce marché depuis 1990 et relate la mise en place d’un dispositif de régulation et de pérennisation de ce marché..
Le marché du conseil aux PME africaines a connu trois phases. La première phase, avant 1990, a fait l’objet d’interventions sous la forme de projets financés par des bailleurs de fonds. La deuxième phase, dans la deuxième partie des années 1990, a entamé le processus de développement du marché ; elle était marquée par le souci de privilégier la pérennité des dispositifs et de procéder à la création d’institutions. La troisième phase enfin (depuis la fin des années 90), a vu l’offre de projet se transformer en offre de services privés, intervenant principalement auprès des grandes entreprises ou bailleurs de fonds. Cette troisième phase s’est donc déroulée au détriment des PME puisque ces dernières n’étaient plus ciblées par les sociétés de service d’appui.
En 1998 et sous l’initiative du Comité des donateurs des petites entreprises, un processus de réorganisation de l’aide aux PME fut entamé. Différents ateliers mirent en exergue les enjeux de l’aide aux entreprises au travers de l’analyse des meilleurs exemples de services de microfinance. Ces ateliers s’attardèrent tout d’abord a expliquer les raisons de l’échec du service d’appui aux PME et à apporter en second lieu, les éléments de réponse à ce mécanisme " destructeur ". Si l’appui aux PME a progressivement disparu au profit de l’appui aux grandes entreprises, c’est avant tout parce que les prestataires de service ont exprimé leur volonté de ne conseiller qu’un nombre limité d’entreprises, préférant fidéliser certains " bons " clients mais c’est aussi parce que les usagers réclamaient désormais la durabilité de l’action d’appui. Enfin l’absence de visibilité sur le rapport coût/efficacité de l’aide et les distorsions entre les nouveaux services privés travaillant sur honoraires et les services publics " classiques " dont les prestations étaient souvent gratuites puisque subventionnées ont porté de sérieuses atteintes à l’activité d’aide aux PME. Ces facteurs déclenchèrent en effet la déstabilisation du marché, et l’idée de remédier à ce problème en agissant sur le marché de l’offre et de la demande entraîna une nette amélioration de son développement.
Les principales modalités d’intervention aux entreprises africaines qui ont été mises en ouvre ont été réalisées de façon progressives. Elles ont eu pour principaux objectifs de réduire les " goulets d’étranglement " du marché, d’inciter les entrepreneurs à investir et de réduire les coûts des services. Le fait de favoriser la concurrence entre les prestataires de service a ainsi notamment entraîné la chute des prix et renforcé fortement la demande. Le développement d’un marché durable de l’appui-conseil aux PME fut mis en place par la combinaison de deux dispositifs : les fonds de cofinancement des prestations et les dispositifs des chèques conseils. Le premier dispositif repose sur la volonté de faciliter la rencontre entre l’entrepreneur et le prestataire, en prenant notamment en charge une partie des frais, en accordant à l’entrepreneur une grande liberté de choix du service et en assurant la direction de la gestion par une équipe. Le second dispositif, dénommé chèque conseil, est quant à lui fondé sur la démarche de subvention partielle du marché et sur la validation du service par l’usager comme conditions sine qua non de l’usage du chèque-conseil. Le préachat des chèques garantissait, dans un premier temps, le bon fonctionnement de ce dispositif. Ces chèques conseils sont à l’heure actuelle gérés par la Banque Mondiale. Ils offrent deux types de services exclusivement accordés aux PME de 10 à 50 personnes : le premier relève de programmes de formation marketing ou de gestion ; le second concerne l’appui-conseil " à la carte " : appui dédié aux entreprises les plus importantes désirant se perfectionner sur des aspects spécifiques. Des agences de délivrance des chèques-conseil se chargent enfin d’informer le public sur ce nouveau marché.
Pour conclure, il est important de signaler que ces dispositifs ont fait avancer le marché de l’offre et de la demande d’appui aux PME, mais qu’ils ne rencontrent pas encore le succès escompté : il n’existe en effet pas de services suffisamment diversifiés, l’offre est par ailleurs très concentrée sur les grandes métropoles africaines. Or, l’enjeu de ces démarches est de construire l’accès des petites entreprises à des prestations adaptées, y compris bien sûr sur le plan géographique. Enfin, il subsiste un problème de manque de confiance des petits entrepreneurs vis à vis des services d’appui. Ces derniers ont en effet été souvent échaudés par les pratiques peu loyales ou trop précaires des prestataires de service des années 1990. C’est pourquoi, la formation des prestataires à la spécificité du fonctionnement des PME doit être soigneusement prise en compte par les projets à venir. Enfin, force est de reconnaître que si les dispositifs de chèque conseil et de cofinancement ouvrent des formes plus structurantes de l’appui aux PME que la démarche projet, ils ne répondent pas au souci de pérennité financière de ce type d’aide, qui en Europe, est financée par les ressources communautaires, nationales et locales.
pequena e média empresa, estrutura de apoio, analise
, África
Documento interno
BOTZUNG, Michel, Gret, Direction scientifique, Développer le marché du conseil aux PME africaines : démarches et enjeux, Gret , 2001/01 (France), Document de travail n°18 , 30
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