12 / 1993
Alors que l’Europe de l’Est poursuit ses efforts vers l’économie de marché, la drogue, effet négatif secondaire de la modernisation, est devenue un problème préoccupant. Les pays de l’ancien bloc communiste produisent désormais de la drogue dont le trafic s’organise. Toutefois la consommation de stupéfiants existait déjà avant les changements de la fin des années 80. Cette dernière est apparue chez les jeunes dès le début des années 60, les types de drogues consommées variant selon les pays. Les drogues classiques (héroïne, cocaïne, opium, cannabis)n’étant pas disponibles sur les marchés, les principales formes de toxicomanie sont alors l’inhalation de colle, l’absorption de médicaments avec de l’alcool en Hongrie, les solvants et les analgésiques en Tchécoslovaquie et en Pologne...
Les changements politiques et la guerre en Yougosloavie ont aggravé le phénomène. A cause du conflit yougoslave, la route des Balkans, où transitait l’héroïne, de l’Asie vers l’Europe occidentale, s’est déplacée vers le Nord (Hongrie, Républiques tchèque et slovaque, Pologne). En outre, à ce transit s’associe un commerce illicite croissant visant à répondre à la demande dans ces pays mais aussi à susciter le besoin de drogues classiques qui font progressivement leur apparition. On note aussi une aggravation dans la consommation "traditionnelle". A coté des solvants et des barbituriques mélangés à l’alcool, la consommation du "thé de pavot" commence à se répandre (infusion de la tête de pavot, paille et grains qui a un effet proche des opiacés). La toxicomanie n’est plus un contre-culture des jeunes, elle existe dorénavant dans tous les groupes ou couches de la société. Nouveauté encore, les phénomènes de criminalité liés à la drogue, qui existent en Europe occidentale, sont désormais présents, dans une moindre mesure, à l’Est où la criminalité organisée internationale sévit. Un réseau illégal de trafiquants, dealers et consommateurs commence à se constituer. Bien que les turques contrôlent la route des balkans, il existe parmi les fournisseurs, d’autres groupes, tel que les Albanais du Kosovo. Depuis peu les Hongrois commencent à être recrutés par les turcs.
Les politiques de lutte contre la drogue dans les pays de l’Europe de l’Est sont diverses : elles oscillent entre la répression massive ou le développement de méthodes limitant la consommation de drogues nocives et l’aide aux toxicomanes. Plus généralement, l’auteur préconise une politique plus rationnelle et humaine, prenant en compte le problème dans son ensemble (de la poduction à l’aide aux drogués)et pas seulement en Europe orientale.
droga, liberalismo, deliquência, toxicomania, organização criminal
, Hungria, República Checa, Eslováquia, Polónia
Dans cet article, Miklos Levaï, juriste hongrois, vice-doyen de la faculté de droit de Miskolc et expert auprès du ministère hongrois de la Justice, apporte des outils de réflexion à tous ceux qui ne veulent pas voir les pays de l’Est et du centre-Est de l’Europe suivre le même chemin que leurs cousins de l’Ouest submergés par la vague de la drogue. Mais la tâche n’est pas facile dans ces pays où l’aggravation de la situation économique désespère de plus en plus de citoyens.
Synthèse de communication présenté au colloque : LA GEOPOLITIQUE MONDIALE DES DROGUES (10-12 décembre 1992 ; Paris)/ organisé par l’OGD avec le soutien de la Commission de la Communauté européenne.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
LEVAI, Miklos, OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES, SEUIL, 1993/11 (France)
OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - Franca