Entre 1990 et 1994, des groupes d’étudiants, manipulés par certaines factions, se sont durement affrontés. Des enseignants eux-mêmes, taxés d’opposition au régime, ont été sortis des salles de cours manu militari et molestés.
12 / 2001
Joachim Messan Kodjo est professeur à l’Université de Lomé, au Togo (INSE). Comme la plupart de ses collègues, il a été directement touché par l’implication des campus. Joachim Messan Kodjo estime que ces comportements sont indignes du milieu universitaire qui est, par définition, un milieu éducatif. Ayant lui-même soutenu une thèse de doctorat sur la violence en milieu scolaire, il a conçu et introduit, avec un de ses collègues, une unité de valeur optionnelle intitulée "Education, violence et paix" intégrée dans le programme de maîtrise de l’éducation. L’intégration de ce module ne s’est pas faite sans mal, les autorités académiques craignant qu’il ne soit miné par le politique. Or, il traite de la violence au sens large, ce que Joachim Messan Kodjo parvint à faire comprendre. La progression de cette unité de valeur a été spectaculaire. Début 1995, le cours comptait trois étudiants. En 1996, il en comptait sept. En 1997, dix-sept, et un an plus tard vingt-sept. A l’heure actuelle, trente-cinq étudiants en bénéficient. Des Togolais, mais aussi des Nigériens, qui suivent le cursus de sciences de l’éducation. Dix mémoires de fin d’études ayant la violence pour thème ont déjà été soutenus. La méthode d’évaluation du cours a également son originalité puisqu’elle permet d’ouvrir la réflexion au grand public. En effet, les étudiants doivent, dans un premier temps, élaborer un exposé sur les concepts de violence et de paix. Dans un second temps, on leur demande d’organiser et d’animer des "Journées de réflexion" sur de grands thèmes comme les droits de l’homme, la paix, la violence choisis collectivement. Ces journées sont ouvertes au grand public et se déroulent dans des institutions d’accueil (Centre culturel américain, Institut Goethe), hors du campus. Les autorités académiques se sont elles-mêmes impliquées dans la démarche en proposant de prononcer les discours d’inauguration des Journées. Ce cours sur la violence connaît également d’autres types de retombées. Des étudiants diplômés, revenant aux Journées de réflexion pour continuer à participer à l’échange, ont eu l’idée de mettre en place un "réseau interafricain d’études sur la violence et d’éducation à la paix" (RIEVEP AFRIQUE). Sa mission est de promouvoir toutes les initiatives de lutte contre la violence et de mettre en place des espaces de dialogue sur ce thème dans divers lieux. Joachim Messan Kodjo en est l’actuel président.
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, Togo
Les élections au Togo sont toujours, à l’heure actuelle, l’occasion de scènes de violence. On observe toutefois que la frange de la population estudiantine qui a bénéficié de cet enseignement est maintenant bien consciente des mécanismes qui l’engendrent. Dans leur vie de tous les jours, ces étudiants sensibilisent leurs familles et leurs amis. Autant de graines de paix qui sont ainsi disséminées et peuvent germer quelque part.
Fiche rédigée lors de l’Assemblée Mondiale des Citoyens de Lille, décembre 2001.
Contact : Gbegnon Amevi Joachim, Université de Lomé (DAS) - BP.1515, Lomé, Togo - Tél : (228) 226 00 43 ou 904 81 93 - kymessan@hotmail.com
Entretien avec Gbegnon Amevi Joachim
Entrevista