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L’association Doual’art pour le développement urbain et la création artistique contemporaine

Les artistes camerounais et les habitants de Douala travaillent ensemble à faire évoluer les mentalités

Sophie VALLA

12 / 2001

Au Cameroun, jusqu’en 1991, la question artistique se limitait à la musique. Les musiciens étaient les seuls, en effet, à pouvoir s’exprimer lorsqu’ils proposaient une création. L’association Doual’art a donc vu le jour dans ce contexte, en 1991, avec comme objectif "l’éveil mental et critique" des populations de Douala par des actions culturelles et artistiques. Doual’art se structure selon deux principes : Doual’, qui évoque l’objectif de développement de la ville par la conduite d’actions dans la cité ; et art, qui désigne les outils artistiques. L’essentiel étant de marier ces deux aspects. Le premier axe de travail de l’association s’articule autour des artistes du pays. Il s’agit, par exemple, de renforcer la capacité de création des plasticiens en les stimulant par de nombreuses expositions (une douzaine par an), par l’organisation de rencontres "pour qu’ils voient ce qui se passe ailleurs" et apprennent à s’exprimer "avec autre chose que leur art". Le deuxième axe est la stimulation des relations entre les habitants et les collectivités locales pour un appui au développement de la cité. Cette action correspond à un travail d’animation pour favoriser le changement dans les espaces de vie (quartiers). Des comités de développement de quartiers ont donc été créés par et pour les habitants, ce qui leur permet d’identifier leurs problèmes et de trouver des partenariats pour les résoudre. Le troisième axe est la rencontre entre ces trois univers que sont les artistes, les habitants et les autorités. Les artistes plasticiens, une fois qu’ils ont "compris" le quartier, peuvent instaurer un dialogue avec les habitants et ainsi révéler "les points de beauté" du quotidien que les habitants ne voient plus. Cette démarche offre une représentation aux habitants, une source d’inspiration aux artistes, et crée un "effet miroir" entre les deux. Les artistes, par leur travail, induisent auprès des habitants un regard sur ce qui les entourent : le quartier, les voisins, etc. Un quartier expérimental a ainsi vu le jour : Bessengue Akwa, poche de pauvreté dans la ville urbanisée. Ce quartier connaît d’importants problèmes d’aménagement. Des relations avec les autorités se sont peu à peu instaurées pour établir un suivi des actions de développement. L’association et la mairie ont défini une politique de développement local. Et une opération a été montée pour susciter, d’abord, la curiosité, puis un intérêt culturel pour le quartier : dans ce but, une vingtaine d’artistes d’Afrique Centrale s’est réunie à Bessengue Akwa. De cette rencontre sont nées des propositions émises par les artistes sur le quartier. En outre, un dispensaire culturel est en cours de conception à la suite d’une forte demande. Il s’agira d’une maison de quartier/maison de la culture/salle polyvalente pour la vaccination, par exemple.

Les objectifs fondamentaux de Doual’Art sont un changement de mentalité et d’attitude face à la misère et la révélation de la nouvelle identité culturelle camerounaise. De nombreuses difficultés jalonnent toutefois le parcours de l’association. La plus importante est celle des ressources humaines. Les trois animateurs volontaires de Doual’Art doivent sans cesse réinventer leur métier. Plus que polyvalents, ils sont touche-à-tout (aménageurs, diplomates, impresarios, gestionnaires, etc.). Leur engagement est prépondérant, à la fois social et politique, et exige souvent qu’ils renoncent à leur salaire pour faciliter le fonctionnement de l’association. Ils ne vivent cependant pas de conflit d’intérêt car ils sont au coeur des questions de développement humain : l’interrelation habitants/artistes, à partir des émotions des uns, suscite les réactions des autres et leur désir d’action. Doual’art a rempli son rôle : enclencher le changement à Douala, ville portuaire du Cameroun d’environ 2,5 millions d’habitants socialement très hétérogènes. Aujourd’hui, un nouveau défi s’offre à l’association : faire reconnaître l’art contemporain africain, notamment par l’écriture de son histoire.

Palavras-chave

arte, desenvolvimento urbano, evolução cultural e mudança social, cultura e desenvolvimento, intercâmbio do saber


, Camarões

Comentários

Dans ma fonction d’aménageur du territoire, le travail de cette association m’ouvre d’autres horizons pour initier le développement local de régions en difficulté. Son angle de vue est très novateur et ses effets vraiment positifs sur les quartiers concernés. De plus, le dialogue et la participation de chacun à son propre développement est une notion nouvelle qui me semble primordiale pour l’évolution de notre société actuelle.

Notas

Entretien avec Douala Bell Marylin, présidente de Doual’art, association culturelle et artistique.

Cette fiche a été rédigée dans le cadre de l’Assemblée mondiale des citoyens, Lille, décembre 2001.

Entretien avec DOUALA BELL, Marylin

IUP ENVAR (Institut professionnel pour l’aménagement et l’environnement) - Franca

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