01 / 1993
Le programme américain de recherche sur le changement climatique mondial (GCRP, Global Change Research Program), créé en 1988, présente un budget en augmentation impressionnante, surtout dans une période de restrictions budgétaires : de 133,9 millions de dollars, il est passé à 1,1 milliard. Le financement de ce programme soulève des mécontentements dans le milieu scientifique. Des accusations telles que des trucages comptables, des déséquilibres financiers entre les disciplines et une attention trop importante sur le changement climatique par rapport à d’autres domaines de recherche sont citées. Cette enquête montre que certaines plaintes sont justifiées mais que d’autres ne le sont pas.
Le budget de ce programme est réparti entre dix organismes gouvernementaux (Fondation national des sciences, Département de l’énergie, NASA...)et représente quatre thèmes de recherche : la modélisation et la prévision des changements climatiques globaux (8 % du financement), l’eau et les cycles énergétiques (44 %), le cycle du carbone (14 %), les systèmes écologiques et la dynamique de la population (12 %). Les 22 % restant vont à des recherches diverses. Ce programme comprend surtout la recherche des raisons scientifiques et non la mise au point de réponses pratiques. La NASA récolte 65 % du financemant total.
Mais il ne s’agit pas que d’"argent neuf". Certains projets en cours ont été renommés afin d’intégrer ce nouveau programme. Ils auraient de toute façon reçu régulièrement des fonds. Ils représentent 20 % des projets mais certains, sceptiques, pensent qu’ils dépassent la moitié. Le grand programme de recherche ne serait donc pas aussi important qu’il le paraît. Cette pratique peut occulter les objectifs des projets initiaux et du projet d’ensemble. Mais elle peut également leur donner un nouvel élan.
Quant à la taille d’un tel programme, certains pensent que, trop grand, il serait difficile à délimiter clairement, d’autres soutiennent au contraire qu’il doit être le plus vaste possible pour englober des projets habituellement peu financés (diversité biologique, biologie et écologie tropicales, paléobiologie...).
La répartition du financement est une question plus délicate que la part d’argent "neuf" ou "vieux". La part reçue par la NASA est parfois critiquée. La majeure partie est attribuée au Earth Observing System (EOS)ce qui risque de porter dommage aux projets plus petits mais moins hasardeux. Mais, si la recherche spatiale fait de l’ombre aux autres, c’est, qu’en plus de l’inégalité des prix des instruments, il existe une inégalité intellectuelle entre la physique et la biologie, respectivement sur et sous représentées. Les écologistes doivent rattraper leur retard. Ces faits sont pourtant contestés par des écologistes qui réclament sans résultat depuis de nombreuses années des financements pour leur programme de recherche.
D’autre part, les hommes politiques attendent des preuves de la part des scientifiques sur le changement climatique avant de s’occuper des solutions. Celles-ci devraient être étudiées simultanément. Allan Bromley, conseiller scientifique du président, a créé un comité pour la recherche sur les conséquences biologiques et sociales du changement climatique planétaire. Mais celui-ci ne reçoit aucun fond du GCRP.
Le manque d’intérêt du GCRP pour une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre a placé les Etats-Unis en retard par rapport aux autres pays industrialisés. Les Etats-Unis dominent l’analyse scientifique et technique sur les changements climatiques mais sont actuellement encore opposés à toute solution concrète.
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, Estados Unidos da América
Numéro spécial sur l’effet de serre
Artigos e dossiês
LEWIN, Roger in. LA RECHERCHE, 1992/05 (France), N°243
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