De par son expérience propre et de son expérience de terrain, notamment de la ville de Hanoi, le professeur Pham Duc Duong, Président de l’Association pour les études du Sud-Est asiatique et du Vietnam, montre l’importance capitale, pour des cités viables, de tenir compte des représentations culturelles qui permettent à une ville de se définir dans son identité propre et de s’enrichir au contact des multiples perçus et vécus et des relations avec d’autres villes et d’autres environnements. Les études menées dans différents pays de l’Asie du Sud-Est et la prise en considération de la littérature chinoise et indienne, le Vietnam étant au croisement de ces deux grandes cultures, montrent combien les monuments, les désignations des places, les pratiques relationelles entre citadins et la façon de comprendre ces pratiques, avec tous les conflits qui s’y manifestent, sont révélatrices à la fois d’une société urbaine et de sa capacité propre de se développer.
Paradoxalement, elles montrent aussi, en matière de représentation de la ville de Hanoi dans le Vietnam d’après-guerre, que la jeunesse n’a même pas la connaissances des noms des rues, des portes anciennes de la ville, des villages d’artisanat traditionnel dans la région d’Hanoi et dans sa banlieue; entre 72,4 et 93 pour cent des jeunes ne participent dans aucune activité culturelle menées dans les centres culturels. Mais ce qui est positif et fondamental, c’est que la jeunesse de Hanoi ne peut pas ne pas vivre selon les valeurs sociales traditionnelles. Les jeunes respectent par exemple les anciens, admirent le talent et l’éducation des gens, et ne pensent pas que la prospérité économique (sauf 5,2 pour cent) soit une qualification importante pour un développement urbain humain. Ils vont même jusqu’à critiquer, en ce qui concerne la violence (61,6 pour cent), en ce qui concerne la founiture de drogue (36 pour cent), et en ce qui concerne la prostitution (34 pour cent), les nuisances sociales apportées par les cultures étrangères.
Une telle situation paradoxale dénonce le fait que nous ne construisons pas un Hanoi culturel où sont valorisés les symboles qui sont à la fois nationaux et modernes. Le processus d’urbanisation de Hanoi a été trop abrupt, non planifié et mal géré. Des mesures sont donc à prendre de façon urgente pour construire et éduquer un Hanoi culturel, notamment en mettant l’accent sur les symboles significatifs, à la fois traditionnels et modernes, de la ville, en développant certains modèles de comportement au sein de la famille, de l’école et de la société, et en soulignant les cultures familiales en ce qu’elles sont à la fois traditionnelles et modernes, en développant des modèles d’exemplarité par la mise en avant de personnalités positives pour la formation et l’émulation d’une communauté humaine et en préparant des projets sur l’histoire, la culture, l’économie et la politique de Hanoi dans le passé et au présent. Un système d’images de Hanoi doit pouvoir se développer, auquel peuvent contribuer les universitaires et les intellectuels en général, ainsi que les professionnels de différents métiers. Ce système doit inclure des images architecturales et des sculptures localisées dans les rues, les squares, les centres cutlurels et autres places publiques. Il doit aussi inclure différents types d’expression culturelle et artistique, dont Hanoi doit être fier : des centres de chants, de poèmes, de peinture, de jeux, de films, etc., ainsi que la restauration des sites historiques dans Hanoi, sans oublier les villages culturels, les villages d’arisanat et l’organisation de clubs pour protéger les valeurs traditionnelles, l’environnement, la culture et la société. A cet égard, les mass-média et les chaînes de télévision doivent systématiquement être mis dans le coup. De même, il s’agit de développer des programmes d’étude dans les écoles et d’organiser des excursions dans Hanoi qui promeuvent des modèles de vie traditionnels, depuis la famille jusqu’à l’école et à la communauté entière. Non pas de façon étriquée et fermée, mais de façon à ce que dans la fierté de l’identité citadine, Hanoi puisse apporter sa richesse dans les échanges internationaux et développer des contacts avec les autres villes dans le monde.
Hanoi célèbre son centième anniversaire. Malgré un héritage historique honorable, la ville subit le choc de la révolution scientifique et technologique, comme c’est le cas d’autres cités en Asie du Sud-Est. Tous les talents doivent être mis à profit pour que le développement de la ville soit intelligement conçu et géré entre des éléments progressistes modernes et des éléments traditionnels. Trois facteurs jouent un rôle essentiel pour cette intelligence : l’ambition, sa position propre et l’opportunité.
desenvolvimento urbano, cidadezinha, planejamento do espaço público, participação dos moradores, política urbana, patrimônio cultural, identidade cultural, ecologia urbana, meio urbano, organização de bairro
, Vietname, Hanoï
La culture est la clé du XXIe siècle, écrivait Javier Perez de Cuellar. Ce témoignage et cette analyse démontrent à quel point une maîtrise de la ville, pour qu’elle se développe durablement et harmonieusement, doit à la fois rencontrer une identité propre grâce à tous les symboles et comportements culturels qu’elle véhicule de par son histoire. Faute de quoi la révolution scientifique et technologique, sans même parler de la globalisation économique et financière, peut empêcher le développement d’une véritable civilisation urbaine qui, de toute manière, est une civilisation où les villes doivent pouvoir vivre de façon interreliées.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
Pham Duc Duong, PRELUDE, Culture and urbanization, 2001 (Belgique), 41-43, p.475-482
Prélude International (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement) - Facultés universitaires, 61 rue de Bruxelles, 5000 Namur, BELGIQUE - Tél. 32 81 72 41 13 - Fax 32 81 72 41 18 - Bélgica