Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
01 / 2002
S’il est vrai, comme on le dit en général que, sous maints aspects, le monde est plus facile à vivre qu’il y a cent ans, il ne faut surtout pas oublier, en termes de sécurité humaine, que le nombre de problèmes sociaux et de structures pathogènes a pu augmenter en maints endroits et que le chômage, l’accélération de l’inflation et autres désastres par rapport au bien-être humain, à la fois sur plan individuel que sur le plan familial et communautaire, doivent continuer à être combattus en se donnant des cadres de vie soutenables, avec des technologies soutenables, des entreprises soutenables, et des économies soutenables. Il y a là autant de défis qui sont à la fois des défis pour le Nord, pour le Sud, pour l’Est et pour l’Ouest.
L’expérience scientifique, comme l’expérience d’animateur de l’ONG Development Alternatives de New Delhi d’Ashok Khosla, à l’échelle locale (New Delhi, Inde), nationale, jusqu’à l’échelle mondiale, au Nord (Europe et Amérique du Nord), comme au Sud, lui font comprendre que les expressions: "compétitivité globale", "avantages comparatifs", économies d’échelle", "externalités environnementales" et autres slogans, le dernier étant le "marché libre", sont des hypothèses, à partir de concepts économiques néo-classiques, qui ne peuvent pas être aisément transférées dans un langage de soutenabilité ou de viabilité.
Un cadre de vie soutenable lie le peuple à ses communautés et à son pays. Les établissements humains ne peuvent être viables s’ils n’ont pas d’impact positif sur la santé, la fécondité, la migration et autres comportements démographiques, et si ils ne sont pas produits, construits et utilisés avec des ressources que le peuple peut maîtriser et selon des comportements culturels qui font le bonheur de son histoire. C’est la raison pour laquelle un large succès d’établissements humains soutenables dépend de trois grands facteurs : technologies soutenables, entreprises soutenables, économies soutenables.
En premier lieu, les technologies soutenables, c’est-à-dire des technologies qui servent un développement durable. Ces technologies - l’expérience de Development Alternatives le prouve - émanent de la créativité indigène en réponse aux besoins et aux possibilités locaux. Elles dérivent donc de l’environnement culturel local et des capacités techniques et manageriales des personnes concernées, même si cela ne veut pas dire qu’il faut s’en tenir uniquement aux réalités endogènes. Ce qui importe, pour la viabilité, c’est l’appropriation des technologies et leur maintenance, grâce aux capacités des gens concernés, qui s’en sont fait une maîtrise. Les systèmes scientifiques doivent être repensés dans leur design pour que les différents facteurs qui interviennent en matière technologique soient pertinents et respectueux des diversités culturelles. Il s’agit aussi d’intégrer tous les coûts dits externes et de ne pas les séparer de la conception technologique et des buts visés pour son utilisation. Ainsi, il faut penser une intégration énergétique quand on pense des établissements humains viables et il faut recourir à des ressources énergétiques qui soient adaptées à l’environnement et non polluantes.
Le deuxième facteur est les entreprises soutenables. Les établissements humains soutenables, utilisant des technologies soutenables, doivent requérir des entreprises soutenables, c’est-à-dire des entreprises qui produisent des biens et des services nécessaires à une amélioration d’une qualité de vie des populations. En même temps, elles doivent être écologiquement viables, diminuer les déchets, utiliser des ressources renouvelables et le recyclage des matière utilisées. Le mythe des économies d’échelle qui justifient souvent des investissements nationaux avec des infrastructures et des institutions gigantesques est une erreur qui peut conduire à des faillites.
Un troisième facteur pour finaliser un développement soutenable est celui d’économies soutenables, c’est-à-dire capables d’améliorer l’équité sociale, l’efficacité technique combinée à l’efficience sociale, l’harmonie écologique et des relations de confiance entre les gens. Aussi bien, une approche économique soutenable doit pouvoir être à la fois hautement reproductible, accessible localement et caractérisée par un auto-financement.
desenvolvimento sustentável, custo ecológico, gestão de recursos naturais, tecnologia apropriada, tecnologia e meio ambiente, mudança econômica, responsabilidade cidadã, responsabilidade política
, Índia, New Delhi
Idées, expériences et propositions sur les sciences et la démocratie
L’ONG Development Alternatives, de New Delhi, a fait la preuve, à travers la construction d’habitats, le recours à des auto-financements et à des technologies soutenables comme décrites dans la communication d’Ashok Khosla, que travailler à l’établissement de cadres de vie, dans les différents continents, qui soient viables, est une mission possible, et d’autant plus possible que les failles de la globalisation économique, technologique et financière commencent à apparaître. Des alternatives existent donc, auxquelles tous les acteurs sociaux, dont les universités et les centres de recherche, doivent désormais s’atteler.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
KHOSLA, Ashok, PRELUDE, Sustainable livelihoods : the central issue of human security and sustainable development, 2000 (Belgique), numéro spécial hors série, p.485-491
Prélude International (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement) - Facultés universitaires, 61 rue de Bruxelles, 5000 Namur, BELGIQUE - Tél. 32 81 72 41 13 - Fax 32 81 72 41 18 - Bélgica