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La violence urbaine vue des quartiers de Dakar

Recherche populaire et autoévaluation dans trois quartiers de la capitale sénégalaise

Robert DOUILLET

04 / 2001

Pour bien comprendre la violence présente dans les quartiers pauvres des pays occidentaux comme des pays du tiers monde, il est important de connaître, de comprendre et de transmettre les paroles des habitants concernés quotidiennement par ce sujet. Une opération d’auto-enquête a donc été mise en place, simultanément à Rio de Janeiro, Dakar et Marseille, avec la méthode suivante :

1/ Des auto-enquêteurs vivants dans ces quartiers, s’entretiennent du sujet avec les habitants informés ;

2/ Ils réunissent ensuite des groupes d’habitants pour des entretiens collectifs ;

3/ Ils organisent un forum ouvert à tous pour identifier les problèmes et proposer les réponses adéquates ;

4/ Quand c’est possible, ils enclenchent enfin des discussions avec des chercheurs, des universitaires et des hommes et femmes politiques locaux engagés sur les questions de sécurité urbaine.

Le document "la violence urbaine vue des quartiers de Dakar" synthétise les paroles d’habitants sur le sujet dans la capitale du Sénégal.

Ici comme dans de trop nombreuses autres villes de par le monde, les nouvelles générations grandissent dans une culture d’urgence sociale, fille du marché, qui alimente l’exclusion sociale et la négation de l’autre. Les bandes sont nombreuses, les délits sont fréquents et divers... Mais heureusement, à côté des groupes qui mènent des activités délictueuses, d’autres s’impliquent dans des dynamiques urbaines à partir des valeurs de paix, de non violence, de plaisirs collectifs : ils constituent ou participent à des groupes de musiques, de danse, de théâtre ou de sport, ou se réunissent pour des réflexions collectives.

Car si certains utilisent ou prônent la violence pour s’en sortir - les bandes ne sont-elles pas une réponse logique au déclin familial et social dans lequel l’individu peut se (re)connaître et se (re)positionner vis à vis de l’autre ?  - d’autres (parfois les mêmes plus tard) cherchent à construire des actes collectifs positifs.

Pour renforcer et accompagner ces actes positifs, il faut pouvoir en particulier :

  • promouvoir la participation des populations dans la gestion de leurs localités, ce qui suppose une gestion collective du pouvoir,

  • intégrer les différentes personnes et les groupes aux décisions. Cette gestion inclusionniste permettra à chacun et à tous de participer à la construction de la paix, car la paix n’est pas celle de quelque uns, mais bien un projet de société civile,

  • valoriser les initiatives des personnes et des groupes, même si elles ne correspondent pas complètement à certaines valeurs traditionnelles,

  • promouvoir l’interculturalité positive, permettant l’expression d’une société plurielle où les différents groupes vont pouvoir s’enrichir mutuellement de leurs différences,

  • mettre en place des infrastructures de base pour promouvoir l’épanouissement des enfants et des jeunes,

  • mettre en place un dispositif de régulation sociale et plus précisément un dispositif communautaire de gestion des conflits.

Palavras-chave

violência urbana, bairro urbano, construção da paz, mobilização de moradores, iniciativa cidadã, desenvolvimento local, não violência


, Senegal, Dakar

Comentários

C’est un petit document bien structuré, facile à lire et très vivant que nous propose l’équipe de Moussa Diop sur le thème difficile (car souvent analysé) de la violence urbaine. Il est basé sur le concept innovant d’auto-évaluation de la violence dans les quartiers pauvres des grandes villes. Il laisse une large part aux paroles et aux témoignages des habitants, qu’ils soient commerçants, chauffeurs ou coxeurs (personnes qui recrutent les passagers des véhicules), hommes ou femmes, jeunes ou plus vieux.

Il insiste sur la dualité violence, actes destructifs / projets structurants, actes positifs; et c’est tant mieux car nous avons enfin la possibilité de connaître les deux faces de la médaille, le coté positif étant trop souvent oublié dans de nombreux ouvrages sur le même thème au profit de la description négative des quartiers défavorisés.

Et s’il analyse les causes et les dimensions de la violence (on parle de la drogue, du désengagement de l’Etat, de l’insuffisance de l’école, des violences policières, de la corruption, de l’effritement de la famille, et de l’inévitable exode rural), il présente aussi avec des mots simples (ce qui n’est pas toujours le cas dans de telles analyses sociologiques) les différents moyens endogènes pour renforcer la culture de la paix.

Pour certains, ces propositions sembleront idéalistes et difficiles à mettre en ouvre, tant la dégradation de certains quartiers pauvres citadins est avancée et semble irréversible. Pour d’autres peut-être, elles " tombent sous le sens " et n’apportent rien aux nombreuses réflexions engagées sur ce thème par le passé. Il est vrai que l’intérêt d’un tel ouvrage ne réside pas dans son contenu conceptuel, idéologique ou scientifique car il présente peu d’innovations. Il réside par contre dans l’origine de ce contenu : la parole des habitants de ces quartiers pauvres pour qui la violence quotidienne, mais aussi toutes les actions de culture de paix, sont réalités et non pas lointains concepts...

L’ouvrage de Moussa Diop et de ses collaborateurs est un lieu de rencontre entre sociologues et les habitants des quartiers, principaux acteurs du fonctionnement et du développement de leur cité. Ils se confortent mutuellement pour éviter le pire et transmettre les lueurs d’espoir...

Fonte

Livro

DIOP, Moussa (coord.), Fondation Charles Léopold Mayer, La violence urbaine vue des quartiers de Dakar , Charles Léopold Mayer in. Document de travail, 2000/09 (France), 123, 71 p.

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