Nouveaux savoirs et nouveaux métiers urbains ; l’expérience de Fortaleza au Brésil
04 / 2001
Fortaleza est l’une des métropoles du Nordest brésilien dans laquelle se déroulent depuis une douzaine d’années de multiples expériences conjointes entre les habitants, des associations locales et étrangères, la municipalité et l’Etat pour faciliter l’hébergement des populations les plus pauvres et améliorer leur cadre de vie. Toutes ces expériences ont leurs histoires propres entachées de difficultés politiques ou administratives et sont plus ou moins couronnées de succès.
Parmi ces expériences, celles menées dans le cadre de l’association Cearah Periferia, en lien avec le Gret-Habitat sont riches d’enseignements :
Elles traduisent qu’il est souvent possible (et avantageux pour une grande majorité des acteurs impliqués) de renforcer la démocratisation des institutions municipales dans le domaine de la gestion urbaine.
Elles montrent que la prise en compte simultanée des innovations technologiques (comme le fait de fabriquer la plupart des matériaux sur le chantier) et des innovations sociales (développer la formation, qui elle même intègre la « culture populaire ») est garante d’un meilleur succès de l’opération.
Elles montrent aussi l’importance d’investir dans la médiation entre les différentes parties prenantes du projet et parfois la nécessité d’enclencher une confrontation ouverte entre elles pour déboucher sur un nouvel accord.
Elles révèlent aussi la sensibilité des politiques au poids de l’urne dans leurs prises de décisions (quelle conséquence électorale telle décision peut-elle avoir ? ) et donc à l’importance du calendrier des élections pour l’établissement de celui des travaux.
Mais ces expériences montrent aussi qu’un groupe déterminé peut pacifiquement, avec patience et témérité, et malgré les faibles moyens individuels et collectifs, obtenir satisfaction dans sa recherche du droit élémentaire d’obtention d’un logement : on commence d’abord par l’occupation collective d’un terrain (parfois pilotée par une association ou une fédération chargée d’éviter l’infiltration d’inconnus, éventuels provocateurs), chacun se débrouillant comme il le peut pour ce qui est du logement au sens strict ou au contraire décidant la mise en place de travaux communautaires. Les équipements collectifs sont ensuite acquis peu à peu, « dans la lutte », en même temps que la légitimité de l’action vis à vis de la municipalité, des ONG, ou d’autres institutions…
L’ouvrage « une ville pour tous » est à la fois un bilan des actions engagées par l’association Cearah Periferia (et bien d’autres) à Fortaleza et une réflexion sur la transformation des rapports sociaux nécessaire à une gestion urbaine moderne génératrice de plus d’humanité, de démocratie et de bien-être.
moradia, moradia popular, urbanismo, política urbana, sociologia, coletivo local, associação de moradores, pesquisa, organização de bairro, exclusão urbana, Estado e sociedade civil, ONG, municipalidade
, Brasil, Fortaleza
Expériences de démocratie participative
Il est toujours difficile pour un chercheur de vulgariser ses travaux et de transmettre leur essence, leur déroulement, leurs succès ou leurs échecs, et enfin leurs débouchés. Souvent, la terminologie est technique, voire obscure, les concepts utilisés pêchent par leur complexité, le déroulement des exposés est sinueux. Il est vraiment difficile d’être à la fois chercheur et pédagogue, ou chercheur et rédacteur.
Dans son ouvrage « une ville par tous », l’auteur Robert Cabannes, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement ne fait pas exception à cette règle : son texte est d’une difficile lisibilité (les phrases sont généralement longues et il est souvent nécessaire de les relire pour les comprendre) et les concepts qu’il veut exposer restent flous et désordonnés. Il est difficile de suivre la ligne directrice et de bien comprendre comment l’ouvrage a été structuré.
Pourtant le contenu de l’ouvrage est dense et riche. La présentation des modalités des différentes « occupations » de terrains non exploités pour mettre en place les « mutiroes » (travaux collectifs pour l’autoconstruction de logements), l’analyse des relations entre les ONG, l’Etat et la municipalité, et enfin la présentation de l’Ecole des chercheurs populaires a nécessité d’importants travaux de lectures de rapports, d’enquêtes et de consultance. L’auteur semble connaître profondément son sujet et le territoire qu’il nous expose. Le lecteur avisé, dont le thème de la gestion urbaine est l’un des thèmes de prédilection, trouvera maintes informations, multiples enseignements et diverses analyses qu’il pourra éventuellement valoriser au sein de son activité.
Livro
CABANNES, Robert, Une ville par tous, Charles Léopold Mayer in. Dossier pour un débat, 2000 (FRANCE), 100, 82 p.
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