05 / 2002
Pour tenter de mieux maîtriser le développement extrêmement rapide et désordonné du tourisme international, de nombreuses rencontres professionnelles et interprofessionnelles ont été organisées au cours de cette dernière décennie. La conclusion de ces journées de travail s’est souvent concrétisée par la publication d’un texte appelé, suivant les cas, charte, code, recommandation… Cet ensemble de textes montre la diversité des acteurs et de leurs intérêts. Conçus par des organismes internationaux, par des professionnels ou par des structures de type associatif, il est intéressant d’en connaître les différents aspects.
Parmi les chartes issues d’organismes internationaux, deux d’entre elles font référence actuellement :
La charte du tourisme durable (1995)
Cette charte est le résultat des travaux d’une conférence mondiale organisée par l’Unesco, l’OMT, (Organisation Mondiale du Tourisme), le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et la Commission européenne, à Lanzarotte (Iles Canaries, Espagne), en avril 1995. Cette conférence cherchait à appliquer le concept du développement durable, tel qu’il a été défini à la Conférence de Rio, en juin 1992, au secteur du tourisme.
Cette charte reconnaît l’intérêt de l’activité touristique pour le développement de régions pauvres et des voyages pour une meilleure compréhension entre les peuples. Cependant, cette activité repose sur des bases fragiles. Elle se doit donc d’être attentive aux populations réceptives, à la protection de l’environnement et des patrimoines, au développement de l’économie locale, aux droits de l’Homme. Le texte ajoute qu’il convient de diversifier les produits touristiques et de développer des formes alternatives de tourisme respectant les principes du développement durable.
A la suite du texte de cette charte, il était proposé la création d’un Comité de suivi pour assurer la continuité de ce travail et la mise en application de cette charte. Ce texte, à l’époque où il a été rédigé, n’a malheureusement pas connu la diffusion qu’il méritait ni auprès des professionnels ni auprès du grand public.
(Le texte intégral de cette charte est consultable sur le web : http://www.tourisme-solidaire.org/…)
Code mondial d’éthique du tourisme (1999)
Ce code a été adopté lors de l’assemblée générale de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) à Santiago du Chili en octobre 1999. Il reprend quelques-uns des grands principes de la Charte précédente. Cependant, on lui reproche d’être trop orienté sur les intérêts de l’industrie touristique et sur la protection du droit des voyageurs et de leur liberté de déplacement. C’est sans doute dû à la composition des membres de l’OMT largement issus des professionnels de l’industrie touristique. La notion de développement durable du tourisme disparaît. Les intérêts des populations réceptives, le développement local ainsi que le respect de l’environnement et des patrimoines culturels passent au second plan.
Ce texte présente donc des contradictions internes car il semble difficile de développer l’activité touristique telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui sans augmenter du même coup les impacts négatifs, si l’on ne réfléchit pas davantage à d’autres formes de tourisme.
(Le texte intégral de cette charte est consultable sur le web : http://www.unwto.org/…)
Une charte nationale : la Charte éthique du tourisme (1999)
En France, c’est le secrétariat d’Etat au Tourisme qui est à l’origine de cette charte. Rédigée en concertation avec les professionnels du secteur, elle reprend très largement les principes énoncés dans le Code mondial d’éthique du tourisme. Les professionnels, signataires de la charte, obtiennent la délivrance du label « Tourisme et éthique ». Il est dommage qu’aucun contrôle ne soit organisé, à l’heure actuelle, ce qui ne permet pas de donner une réelle valeur à ce label.
(Le texte intégral de cette charte est consultable sur le web : http://www.tourisme.gouv.fr/…)
Les chartes des professionnels
La plus connue des chartes élaborées par le milieu professionnel est sans doute la Charte éthique du voyageur. Elaborée en 1997 par le voyagiste Atalante en partenariat avec l’éditeur de guides touristiques Lonely Planet, cette charte s’adresse uniquement aux voyageurs pour les inciter à adopter des comportements adaptés lors de leurs déplacements touristiques. Elle met en avant une notion fondamentale : le respect. Respect de l’autre et respect de l’environnement, ce qui va de pair. Les voyageurs pourront s’inspirer de ces éléments pour prendre du recul sur eux-mêmes, car même les voyageurs les plus avertis peuvent causer des dommages. On pourra y trouver une série d’exemples de choses à ne pas faire… Chaque voyageur qui choisit de partir avec Atalante s’engage à lire ce texte et à en respecter les principes lors de son voyage.
(Le texte intégral de cette charte est consultable sur le web : http://www.atalante.fr/…)
La plupart des voyagistes alternatifs ont rédigé un texte mettant en exergue leurs propres objectifs. Ils diffusent ces textes à chacun de leurs voyageurs et sur leur site internet. Cependant, on ne peut pas conclure qu’un voyagiste qui ne propose pas de chartes n’a pas de pratique éthique dans son activité. Certains voyagistes, comme La Burle, se méfie de cette profusion de codes et de chartes car cet organisme considère que c’est parfois un prétexte pour se donner bonne conscience à bon compte !
Les chartes associatives
Le mouvement associatif s’intéresse désormais de très près à l’activité touristique. De nombreuses associations expriment leurs objectifs, leurs principes et leurs convictions à travers un texte ou leur revue ou leurs programmes d’activités.
Déclaration d’Imilchil
La déclaration d’Imilchil est la conclusion des journées méditerranéennes sur le tourisme durable organisé par le CCFD à Imilchil au Maroc en août 2000. Cette rencontre réunissait quelques associations et agences de voyages alternatifs du pourtour de la Méditerranée. Cette déclaration met particulièrement l’accent sur la protection des populations locales en se proposant de travailler à une échelle locale, en prenant appui sur le tissu associatif local. L’activité touristique doit être vecteur du développement mais ne doit pas se substituer aux autres activités économiques existantes.
La charte du tourisme équitable
Afin de donner un sens précis au terme de « tourisme équitable », la plate-forme du commerce équitable travaille actuellement en lien avec quelques voyagistes associatifs à la rédaction d’une charte sur le tourisme équitable. Celle-ci devrait être publiée l’été 2002.
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Bien sûr, toutes ces chartes n’ont, à ce jour, aucun caractère contraignant. Qu’elles soient destinées aux professionnels ou aux voyageurs, chacun demeure libre de les appliquer. Même si ces textes sont parfois ambigus mélangeant bons sentiments et intérêts particuliers, il n’en demeure pas moins qu’ils offrent une analyse intéressante d’un secteur complexe qui a de fortes incidences sur le plan humain et économique. Cependant, ces textes seront moins lettres mortes s’ils sont largement diffusés aux différents acteurs du tourisme et si des systèmes de contrôle arrivent à se mettre en place pour examiner et valider les produits touristiques.
Jusqu’à un temps récent la diffusion de ces textes a été relativement faible et laissée à un cercle d’initiés. Par contre depuis l’arrivée d’internet, ces textes sont largement consultables sur le web.
Texto original
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