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Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations (ACCES)

Claire LAUDEREAU

03 / 1999

L’association ACCES (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) a pour objectif de favoriser l’accès à l’écrit et aux récits des tout-petits par l’écoute ludique d’histoires, de contes et de comptines, la manipulation de livres.

Les études actuelles montrent que l’accès à l’écrit et aux récits au moment où se constitue le langage oral, dès les premiers mots et les premières phrases, représente une dimension essentielle de la prévention en petite enfance. Ce qui différencie principalement les enfants, c’est l’usage des textes écrits que font les adultes autour d’eux. Dans le cas où les adultes y ont peu recours, aux textes écrits et aux histoires issues de la tradition orale (comptines et berceuses), le langage reste très proche du quotidien et l’écrit vide de sens, c’est-à-dire porteur d’angoisse. Comment les professionnels peuvent-ils alors imaginer des pratiques éducatives qui offrent à tous les enfants le même accès aux langages et aux élaborations psychiques qu’elles permettent ?

La démarche

ACCES a mis en place des actions au sein de structures existantes, services de petite enfance et services de bibliothèque en particulier, qui accueillent des enfants et des adultes (parents et professionnels de la petite enfance). Il s’agit d’une démarche se veut culturelle, ludique et non thérapeutique. Un des fondateurs de l’association, René Diatkine, s’en expliquait : "Nous ne souhaitons pas, quand nous faisons ces animations du livre, connaître quoi que ce soit de l’histoire de l’enfant et de ses parents. Il s’agit d’un travail indépendant de ces éléments de connaissance que nous pourrions avoir et qui relèvent certes de la connaissance, mais aussi de l’idéologie : on perd alors quelque chose de fondamental. Nous avons conscience que nous sommes là dans une position tout à fait différente de nos positions professionnelles habituelles. Il s’agit d’un travail culturel, et non psychologique. De plus, il s’agit d’un autre regard à avoir : en ignorant volontairement l’histoire de l’enfant et de ses parents, on peut mieux se laisser surprendre, on remarque des choses qu’on n’aurait pas vues si on s’était référé à un système théorique cohérent". Enfin, la familiarisation précoce avec le livre lui semblait incontournable puisque "les enfants n’ont d’appétit pour la langue écrite qu’après avoir découvert le plaisir du texte et ils ne peuvent apprendre à connaître qu’après avoir éprouvé le plaisir d’imaginer".

Ainsi les actions ne sont pas destinées à un public particulier mais à des enfants et adultes présents dans des lieux et situations les plus banals et les plus inattendus. Il s’agit de respecter l’appropriation des livres par les enfants. Le livre devient objet, un support essentiel qui leur permet un repérage constant et stable du texte et de la durée de l’histoire. Les enfants manipulent les albums. Ils les portent à la bouche, les retournent, les feuillettent tout en étant aux aguets de l’histoire racontée par l’adulte mais, souvent, sans rien en montrer.

Pour ACCES, deux écueils sont à éviter :

- ne pas se substituer à l’école en assurant un pré-apprentissage précoce ;

- ne pas stigmatiser une population particulière.

Il est nécessaire de respecter la gratuité de ces moments. A ce titre, l’évaluation des actions se limite aux observations faites sur le vif, au cours de réunions de travail régulières.

Observation dans une salle d’attente de PMI

"Des chaises contre les murs, destinées aux parents, occupées par les parents. Au milieu une table basse, chargée de livres que vient d’apporter l’animatrice conteuse. õ terre, des jouets.

Et puis des enfants, des tout-petits, qui vont des genoux de leurs parents aux jouets, circulent, reviennent ; de temps en temps, la pédiatre raccompagne une famille, vient chercher un enfant. Le personnel de la PMI interroge à voix haute, s’enquiert, répond, s’occupe, travaille. Au beau milieu, on regarde des livres sous les regards des uns, des autres, certains attentifs, d’autres peut-être hostiles, d’autres encore impassibles, cachant quoi ? Indifférence, étonnement, réticence, approbation ? Parfois nous ne le saurons jamais, nous ne chercherons pas à le savoir. Si nous convainquons, c’est par la mise en oeuvre de ce qu’il se passe là, des bébés et des livres, des mots et des images, du récit qui se dit, du refrain qui se chantonne.

Un enfant arrive avec un livre, demandant des yeux, du geste, qu’on le lui "parle". Et c’est peut-être celui qui, à côté, joue avec une voiture, l’air de rien, qui tout à coup manifestera par un mouvement, un son répété, un regard entr’aperçu, que lui aussi, lui surtout peut-être, écoute, enregistre, se souviendra."

Palavras-chave

desenvolvimento cultural, criança, literatura, relação com o conhecimento, cultura e desenvolvimento, história


, Franca, Seine-Saint-Denis

Notas

L’association édite un bulletin d’information, "A.C.C.E.S Actualités", des Cahiers, des brochures, des vidéos, initie des projets et organise des stages.

Cette fiche a été réalisée lors d’un cycle de qualification de Profession Banlieue qui a donné lieu à une publication "Les enjeux culturels de la politique de la ville" paru en 1999.

Contact : Relais 59 - 1 rue Hector Malot 75012 Paris - Tél : 01 43 43 70 90.

Fonte

Documento interno

Profession Banlieue - 15 rue Catulienne, 93200 Saint-Denis, FRANCE - Tél. 33 (0)1 48 09 26 36 - Fax 33 (0)1 48 20 73 88 - Franca - www.professionbanlieue.org - profession.banlieue (@) wanadoo.fr

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