L’ouvrage proposé est un extrême condensé de la vie de Yehudi Menuhin, violoniste et chef d’orchestre virtuose, juif américain d’origine russe et tzigane, citoyen du monde par ses origines et par ses pensées.
Yehudi Menuhin (Yehudi est traduit par " le juif ") est né à New York en 1916. Dès 5 ans il sent que la musique lui était proche et le touchait infiniment, et aspire de toutes ses forces à " cette élévation sublime, jouer de la musique, de telle sorte que le monde, à son tour pleurerait et se réjouirait ".
Il donne son premier concert dès 11 ans en Roumanie, ce qui fut le départ de ses liaisons et de son amour pour le peuple tzigane (500 000 Tziganes disparurent pendant la dernière guerre dans les chambres à gaz). Ce dernier peuple nomade d’Europe, peuple "marié aux étoiles et à la terre ", et dont le mode de vie, coloré et flexible, est indissociable de leur musique, de leurs violons et de leurs guitares, excelle à percer la nature humaine.
Juif et tzigane, il donne des concerts en Allemagne en 1929, en particulier à Munich, ville déjà connue pour son antisémitisme. Pendant la guerre, il donne des centaines de concerts pour les troupes alliés, dans des baraquements ou des hôpitaux de guerre, faisant son travail de bénévole, " portant son fusil ".
Il revient en Allemagne en 1945 pour donner des concerts pour les survivants des camps.
Il prend la défense d’un autre musicien, Wilhelm Furtwängler, directeur de la philharmonie de Berlin, injustement victime d’une réputation de traîtrise envers ses compatriotes juifs qu’il a pourtant cherchés à sauver de la déportation.
Mais Yehudi plaidera aussi la cause palestinienne, courageusement et malgré des menaces pour sa vie. Il jouera en 1988 au pied du mur des lamentations pour fêter les accords de Camp David, espérant que Jérusalem, soit " une capitale d’une nouvelle sorte, servant de foyer spirituel aux musulmans, aux catholiques, aux protestants, aux orthodoxes grecs ainsi qu’aux juifs ".
Entre temps, il prend la direction de l’orchestre qui porte son nom puis fonde une école de musique avant de créer le mouvement Live Music Now pour que de jeunes musiciens de talent puissent apporter la musique à ceux qui n’en ont pas accès dans les hôpitaux et les prisons...
Il inaugura ensuite " l’Assemblée des Cultures d’Europe " afin que celle ci ne soit pas uniquement économico-financière, mais laisse aussi la parole aux minorités, " l’Europe ne devenant une vraie communauté de cultures qu’au jour où les tziganes pourront voyager sans entrave de la Turquie jusqu’en Islande ".
Car " le monde est à un dangereux carrefour : pour la première fois nous devons suivre deux routes en même temps. L’une de ces routes conduit vers l’unité toujours plus large (et dans le respect des diversités) ... vers la communauté des nations, vers le global. L’autre mène l’humain dans sa propre culture, ses besoins quotidiens, sa dignité, ses espoirs et ses peurs ".
Yehudi meurt dans le silence en mars 1999 lors d’une répétition de la 9° symphonie avec l’orchestre philharmonique à Berlin. Il demande à celui que " je ne connais pas, et ne connaîtrai jamais, celui qui est en moi et au-delà, à qui je suis lié par amour, crainte et foi, l’unique et le multiple (...) de m’aider à garder sa capacité d’émerveillement, d’enthousiasme et de curiosité et d’éveiller partout le sens de la beauté ".
música, humanismo, paz, guerra, diálogo intercultural
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L’ouvrage regroupe de courtes citations tirées de l’autobiographie Le Voyage inachevé, choisies et traduites de l’anglais par Mireille Gansel, maître de conférences et traductrice de poésie, détachée à l’Ecole de la Paix de Grenoble et collaboratrice de Ménuhin dans le cadre de l’Assemblée des Cultures de l’Europe. Il y joint de magnifiques et émouvants portraits de l’auteur réalisés par Myfanwy Pavelic et de subtiles calligraphies de Claude Melin, traits de plume représentants des instruments à cordes, parfois d’un geste d’une seule respiration.
C’est un petit ouvrage d’un format original que l’on a plaisir à saisir, puis à ouvrir, tant il est aérien et coloré. La lecture des citations, parfois introduites par quelques informations de l’auteur pour les recadrer dans leur contexte, devient alors naturelle. Et l’on se plonge non seulement dans l’histoire de cet homme exceptionnel mais aussi dans la traduction de ses plus profondes ouvres et aspirations. C’est un ouvrage plein de philosophie, de poésie, d’humanisme et d’arts universels
Livro
MENUHIN, Yehudi, Le violon de la Paix, Alternatives, 10/2000 (FRANCE), 70 p.
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