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Ressouder les jeunes, les femmes et les anciens au sein des familles (ASSY, Yatenga, Burkina Faso)

Baba OUEDRAOGO, Christophe VADON

07 / 1998

Baba Ouedraogo, président de l’ASSY (Association pour la Survie dans le Sahel au Yatenga) fait l’analyse de l’état des familles au Yatenga :

"Dans le temps, il y avait le conseil de famille qui était convoqué par le chef de famille quand il y avait un problème. C’était seulement avec les hommes, les maris, les responsables des foyers, sans les femmes, mais avec les jeunes hommes. Par exemple, quelqu’un venait dire qu’un tel était parti en Côte d’Ivoire depuis des années et qu’il n’était pas revenu. Comment faire pour que la famille le ramène ? Ou bien qu’un tel a été abandonné par sa femme qui est repartie chez elle. Que pouvait-on faire pour les aider à résoudre ce problème ? Le conseil de famille envoie alors des gens auprès de celui qui est parti ou auprès de la femme pour qu’elle revienne. Même chose pour les problèmes de terrain avec leurs voisins. Un tel a un problème de terrain avec son voisin en brousse. Le conseil de famille délègue des gens pour aller rencontrer l’autre famille. Ceci ce sont des valeurs et actuellement dans les familles, elles tendent à disparaître car les familles deviennent de plus en plus comme des familles européennes. On arrive à des familles où il n’y a plus que le couple et les enfants. Le conseil de famille commence à disparaître alors que c’est une organisation traditionnelle qui peut donner plus de forces au développement social.

Notre association, l’ASSY a donc décidé de faire quelque chose avec celles des familles qui sont encore ensemble. On intervient ainsi, à partir d’une base solide d’expériences, de responsabilité, mais on désire l’améliorer. Alors, on travaille à mieux informer, à faire réfléchir aux valeurs traditionnelles qui peuvent contribuer à avancer vers le développement. J’en viens aux femmes : le conseil de famille, lui, comme on l’a prévu, ne va plus se passer comme avant car avant les hommes se retrouvaient sans les femmes.

On veut reprendre l’idée du vieux conseil de famille, mais on demande que tout le monde y participe. Il faut que chacun puisse y jouer un rôle et faire valoir ses droits et ses possibilités dans le développement. Le développement vu par l’ASSY n’est donc pas le même développement que celui que la tradition voyait, mais la tradition nous apporte la base et nous sommes sûrs de cette base. C’est cette organisation familiale qui est le fondement. On ne la modifie pas, mais on l’améliore par rapport aux objectifs de développement de notre pays. Par exemple, on ne dit pas que c’est maintenant la femme qui est chef de famille; là il y aurait modification. On apporte seulement un plus en lui donnant un rôle.

Nous disons aussi, dans le cadre du champ familial, gardons-le mais apportons des améliorations de restauration du sol, etc. On cherchait d’abord à comprendre comment fonctionne l’organisation des familles et d’ailleurs, à cause de cela, on a été obligé de quitter le premier village, Rikou, parce qu’il y avait des tensions, des querelles entre les jeunes et les vieux. Un malentendu parce que les vieux, très marqués par la religion musulmane, ne laissaient pas d’activités culturelles possibles pour les jeunes. Du coup, quand on allait dans ce village, on ne se retrouvait qu’avec les vieux, les jeunes ne venaient pas. Alors on est allé dans un autre village et on a parlé de notre initiative plusieurs fois. On a discuté pour bien voir si les jeunes et les vieux pouvaient travailler ensemble car il n’y aura pas de développement sans cette entente-là, parce que les jeunes veulent effectivement partager et apprendre de l’expérience des vieux. Ce sont les vieux qui n’ont plus la force, et les jeunes doivent devenir expérimentés. Bonne idée que d’échanger entre eux! Si ces deux sont trop loin l’un et l’autre, c’est compliqué.

Nous à l’époque en 1994, on ne pouvait pas résoudre ce problème; nous étions trop faibles pour ressouder ces familles. Aujourd’hui, en 1997, c’est différent, si dans un village où on travaille et que les deux groupes d’âge d’une même famille ne s’entendent pas, on va sur place et on travaille pour résoudre le problème. On sert d’intermédiaire et on peut le faire aujourd’hui parce que ces villages ont déjà vu les résultats convaincants de ce qu’on a fait avec eux. En 94, on ne pouvait pas parce qu’on n’avait pas une expérience, c’était seulement des mots qu’on prononçait; les mots c’est très différent de la réalité !."

Palavras-chave

organização camponesa, família, jovem, mulher, ONG do Sul, cultura tradicional, desenvolvimento local


, Burkina Faso, Yatenga

Comentários

Notre interlocuteur burkinabé a observé que, dans sa région, la grande famille restait une organisation essentielle mais que le conseil de famille avait perdu de sa force. L’action de son association consiste à épauler les familles pour qu’elles analysent comment redonner vie à leurs instances de décision, et comment y faire place aux femmes et aux jeunes. Une initiative encore exceptionnelle au Sahel où l’on a donné, ces vingt-cinq dernières années, plus d’attention aux "groupements" (extra familiaux) qu’aux familles.

Notas

Entretien avec OUEDRAOGO, Baba en janvier 1998.

Fonte

Entrevista

VADON, Christophe

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - Franca - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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