Histoire de l’exploitation du trésorier d’une association paysanne (Bédogo, Tchad)
Barmbaye GUELMIAN, Benoît LECOMTE
04 / 1998
Barmbaye Guelmian, paysan et trésorier du CODEB (Comité d’Organisation pour le Développement de Bédogo) : "Je suis de Bédogo, c’est un village situé à 45 km de la ville de Moundou. Je suis principalement cultivateur. Dans notre zone, il a plu assez mais les rendements sont très faibles. Les gens cherchent à trouver des ONG ou comptent sur l’Etat pour leur donner à manger. Depuis que j’ai commencé la culture, je pratique les anciennes formes de cultures mais cette année, avec le concours de l’ASSAILD (depuis avril 97), j’ai eu des informations et des formations qui m’aideront à mettre d’autres cultures en pratique ou bien de nouvelles techniques. Avant, mes cultures étaient vraiment en désordre, mais à l’heure où je vous parle j’ai déjà mis en pratique des éléments de la nouvelle technique, j’ai ramassé du fumier pour mettre sur mon terrain, etc. Avec l’ASSAILD (Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement), nous sommes allés jusqu’au Moyen Chari, principalement au Centre de Formation Professionnelle Agricole de Hellie Bongo où j’ai beaucoup vu. A mon retour, j’ai pensé mettre tout ce que j’ai vu là-bas en pratique. Par exemple, la grange et les cultures en lignes; ce genre de nouvelles techniques qui me plaisent.
Nous les paysans, dans cette zone, nous sommes au nombre de 7 qui travaillons ensemble avec ASSAILD. Si Dieu le veut, nous allons changer notre vie parce que les conseils qu’ils nous donnent nous aident. Parce que si c’était de l’argent qu’ils nous donnaient aujourd’hui, nous ne serions pas dans le village, nous serions ailleurs, en ville, pour faire des "ambiances" et autres. Ce sont les conseils, les formations qu’ils nous donnent qui nous aident vraiment à rester sur place et travailler normalement en tant que ce que nous sommes. Avant, il y a eu des ONG et il y a l’ONDR (Office National du Développement Rural) qui est là. Tous nous orientent directement vers les engrais et autres. C’est une dépense ! L’ASSAILD nous oriente sur le fumier, le compost et d’autres choses, on dépense notre énergie mais en ce qui concerne l’argent, on n’a rien dépensé.
Nous sommes vraiment contents du travail d’ASSAILD parce qu’elle veut que nous réussissions dans notre vie avec tous les produits que nous possédons dans le village. Avant, nous avions déjà les produits, nous avions le fumier et autres dans le village, mais nous courions ailleurs pour prendre à crédit les engrais des autres. Et cela nous ruinait ! Pourquoi je dis cela ? Si je prends de l’engrais et si je travaille mal dans mon champ, je ne gagne rien et je serai obligé de ramasser les biens qui sont dans ma maison pour les vendre et payer les bons de ma dette d’engrais à l’ONDR (Office National de Développement Rural). Donc cela nous ruine.
Je n’ai pas eu le temps de vous emmener voir ma grange à foin ! A Hellie Bongo, j’en ai vu de grandes et d’autres. Mes 4 frères sont partis là-bas, avant moi, voir à Hellie Bongo ; ils sont revenus et ils m’ont informé. Tout de suite, j’ai dit : "si c’est comme ça, il faudrait que moi-même je la visite !" J’ai commencé à construire une grange (de 12 m sur 5) à partir de mai-juin; à partir d’octobre-novembre j’ai commencé à la remplir. Alors qu’entre-temps, les frères qui n’en ont pas attendent. Mais ils ont attendu trop en saison sèche, il y a eu une grosse pluie et tout a pourri. Maintenant ils n’ont pratiquement rien, mais moi je possède du foin pour mes boeufs.
J’aimerais continuer à avoir les conseils donnés par l’agronome d’ASSAILD et sa collègue et avoir d’autres aides surtout dans le domaine du matériel agricole afin de mettre vraiment en pratique les nouvelles techniques. Si je ne reçois pas d’aide pour le moment, ce sera difficile; je peux peut-être demander à mes collègues du village de venir avec leurs charrues pour m’aider, mais cela ne se fera pas continuellement donc je préfèrerai avoir mes équipements à moi pour mettre vraiment les nouvelles techniques en pratique. Les moyens me font défaut pour le moment. Certains équipements, je suis en mesure de les acheter moi-même (telle que la charrue) mais d’autres comme la charrette et les chevaux, je ne suis pas en mesure de les acheter. Donc s’il faut qu’il y ait une bonne réalisation, il faudrait que je reçoive de l’aide de l’extérieur; je vais les compléter avec mes moyens et je mettrai mes travaux en ordre avec les nouvelles techniques".
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, Chade, Moundou
Un paysan, trésorier de son association, décrit avec enthousiasme la façon dont l’organisme d’appui qui les accompagne s’intéresse à sa propre exploitation. Il a ainsi pu apporter des innovations à son exploitation sans avoir à dépenser d’argent, simplement grâce à des techniques naturelles. Il conclut que, pour mettre en oeuvre toutes les nouvelles techniques qui l’intéressent, les moyens lui font défaut et il s’inquiète de savoir si l’aide extérieure peut lui en fournir, en partie à crédit mais aussi en partie en subventions.
Un exemple concret de l’action des associations d’appui au développement local au Tchad (ici ASSAILD) pour amener les paysans à améliorer leur mode de production en utilisant les moyens du bord.
Entretien avec GUELMIAN, Barmbaye, réalisé à Bédogo en février 1998.
Entrevista
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