Joséphine NDIONE, Benoît LECOMTE
04 / 1998
Joséphine Ndione, secrétaire Générale du GRAIF : "Sur le plan des activités, on a essayé de démarrer des actions par zone, on a donc divisé l’ensemble des groupements par zone pour qu’ils puissent travailler ensemble. 5 ou 6 groupements forment une zone. Fin 1997, l’ensemble fait 38 groupements répartis en 7 zones.
Un groupement c’est un village. Dans quelques villages, il y a deux groupements, par exemple le groupement des femmes et le groupement des jeunes garçons, mais c’est rare, peut-être 3 ou 4 villages. Sinon un groupement "fait" un village ou un quartier de la ville. L’idée de zone est venue un peu des villageois et a été appuyée par nous. Etant donné qu’il y a plusieurs villages qui forment une même localité, les gens ont essayé de demander de se rencontrer par localité. Par exemple, la zone de Fandène, ce sont des gens qui se connaissent mieux, qui n’habitent pas très loin, alors souvent ils demandent à se rencontrer, à échanger les expériences, à échanger les actions. Alors l’idée est venue d’organiser d’abord le principal : des rencontres d’échanges par zone. C’est à la suite de ces rencontres zonales que l’idée d’organiser des actions ou d’organiser les groupements "par zone" est venue. Certains groupements n’ont pas manifesté le besoin de s’organiser en zone. Au niveau de la zone, chaque groupement envoie 3 représentants qui forment le conseil de zone. Au sein de celui-ci a été élu un bureau qui doit gérer les actions, les orientations, organiser les réflexions, etc. Pour le moment, il n’y a pas de budget pour les zones. On se rencontre une seule fois par an et par zone parce qu’il n’y a pas les moyens d’organiser des rencontres par semestre. Cependant on se rencontre parfois plus, selon les besoins ; par exemple, les gens qui ont une décortiqueuse se sont réunis au moins 3 ou 4 fois parce qu’il y a une action à gérer et cela nécessite forcément des rencontres, des réunions, des discussions et des décisions. Ce bureau-là se réunit plus que les autres qui n’ont pas encore une action à gérer collectivement.
Pour le GRAIF, je trouve que c’est intéressant. Cela nous décharge un peu et permet de décentraliser les actions et les pouvoirs. Parce que si c’est le GRAIF qui doit tout décider, tout gérer et tout organiser, c’est lourd et ne donne pas tellement de responsabilités aux populations. On favorise plus la responsabilisation par le travail au niveau d’une zone. Là on peut tester, à travers ces zones, quel est le degré de maîtrise des responsabilités qui sont confiées aux populations. Par exemple pour une décortiqueuse à mil, celle-ci a été remise dans une zone à un comité avec une présidente, une trésorière, et une secrétaire qui assurent, pour la zone, la gestion totale de cette décortiqueuse. L’argent est géré par les femmes de la zone et celui qui s’occupe de la décortiqueuse a été embauché par les femmes. Nous, le GRAIF, ne faisons que suivre et appuyer la formation (technique et de gestion).
Les zones sont en cours de création, ce n’est pas encore solide partout. Il y a des endroits où c’est solide comme la zone qui a la décortiqueuse, mais d’autres en sont encore en phase de création sans encore d’actions gérées collectivement, mais des rencontres sont organisées pour réfléchir et échanger sur les initiatives des groupements. Avec les bailleurs, on n’a pratiquement pas discuté de cette question de zones. En tous cas, aucun bailleur ne nous a posé la question; peut-être que cela viendra plus tard, je l’espère parce que bien gérer nécessite des moyens. Certaines zones y pensent; elles ont proposé de faire des manifestations par zone pour avoir une "caisse", source d’un peu de moyens pour les réunions, les déplacements et tout cela".
mulher, comunidade camponesa, ONG do Norte
, Senegal, Thies
L’ONG travaillait village par village durant les premières années; après quatre ans, le nombre de groupements suivis augmente (38 début 1997), elle commence à organiser les rencontres inter-groupements non plus au niveau du chef-lieu mais au niveau de chacune des 7 zones. Un effet attendu de cette façon de faire est l’exercice d’une responsabilité collective inter-groupements, en particulier pour mener des activités communes. Le fait que le GRAIF emploie peu de personnel est un facteur non négligeable dans cette évolution.
Notre interlocutrice a eu une longue expérience d’appui à la promotion féminine au sein de l’ONG "Maisons Familiales et Rurales" du Sénégal. Elle a fondé ensuite sa propre ONG dont traitent plusieurs fiches DPH (n°5227, 5228, 5229, 5230, 5236)
Entretien avec NDIONE, Joséphine réalisé à Thiès en décembre 1997
Entrevista
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