español   français   english   português

dph participa da coredem
www.coredem.info

diálogos, propuestas, historias para uma cidadania mundial

’Argumentez, dialoguez mais ne tuez pas !’

David GAKUNZI

04 / 2001

L’évêque Denis Sengulane est un personnage respecté au Mozambique pour sa contribution à la construction de la paix dans ce pays. Il nous parle ici du rôle de l’Eglise dans la construction de la paix.

Lettre du Burundi(L.B): En quoi consiste la paix pour vous ?

Evêque SENGULANE: La paix pour notre continent est comme une graine qu’il faut semer, arroser et entretenir. C’est un arbre porteur de bons fruits. La paix est le bien suprême pour tous. C’est un trésor précieux.

L.B : Quel devrait être à votre avis le rôle de l’église dans la construction de la paix en Afrique ?

BS.: Les églises sont les servantes et les artisans de la paix. Elles n’ont pas d’autre choix que celui de travailler pour la paix. Cela fait partie de leur mandat. Elles doivent veiller à la permanence du dialogue entre les acteurs majeurs de la vise sociale. Et le dialogue signifie qu’il ne faut diaboliser personne. Tout citoyen a une pierre a apporter à l’édification de la vie en groupe. Personne n’est complètement idiot au point qu’il n’aurait aucune contribution à apporter à la construction sociale. Et personne n’est totalement sage au point qu’il n’aurait pas besoin d’apports des autres. Il est donc fondamental là où il y a conflit d’instaurer une culture du dialogue. Cette culture est d’ailleurs aussi vitale durant la période post-conflit.

Deuxièmement je crois qu’il ne faut pas oublier la dimension spirituelle dans tout processus de paix. Les Africains sont un peuple profondément religieux. Peu importe les différentes religions auxquelles nous croyons. Que nous soyons d’obédience catholique, islamique ou traditionalistes. Nos peuples accordent une grande importance à leur foi au point qu’il est toujours difficile de distinguer ce qui est du domaine du sacré et du séculaire. IL est donc fondamental de ne pas oublier l’aspect spirituel dans toute construction de la paix.

Troisièmement je crois que quand un accord de paix intervient entre deux parties en conflit, il est vital de procéder au désarmement. On nous a conditionnéS à croire que la solution à nos contradictions réside dans le recours aux armes. Nous avons besoin de procéder au désarmement de nos populations. Il nous faut désarmer les bras et les mains. Nombreux sont ceux qui ont des fusils dans leurs maisons, dans leurs bureaux, dans leurs usines. Mais nos esprits sont aussi armés. Nous avons donc aussi besoin de désarmer les esprits. IL existe des gens qui croient que leur vie dépend des fusils. Nous devons même faire attention aux jouets de nos enfants. C’est pourquoi nous avons lancé au Mozambique un projet qui consiste à échanger les fusils contre des instruments de travail. Ce projet récupère les armes et en retour il propose aux propriétaires de ces fusils des outils de travail.

Nous procédons de la même façon pour les enfants Nous récupérons leurs jouets symboliquement violents et nous leur offrons des jouets plus pacifiques. L’idée étant de prévenir le développement en leur sein d’une culture de la violence.

Nous devons aussi promouvoir la justice économique. L’église doit prendre clairement partie pour la justice économique. Avant de créer les êtres humains, Dieu qui est un bon mathématicien, à commencer par mettre sur terre les ressources nécessaires à leur survie. La raison principale de la pauvreté de nos populations est donc essentiellement la mauvaise distribution de ces richesses.

Elle est due à l’égoïsme de certains ou à l’ignorance. Je terminerai en disant qu’il nous faut toujours rappeler que la vie est sacrée. Personne n’a le droit d’ôter la vie à d’autres. Si votre opposant ou adversaire politique n’est pas d’accord avec vous, argumentez encore mais ne le tuez pas. Ne semez pas la terreur, améliorer votre argumentation mais ne tuez pas.

L.B: Certains affirment que les guerres en Afrique sont essentiellement dues à une crise des valeurs. Qu’en pensez-vous ?

BS.: Je suis tout à fait d’accord avec cette vision. Nous avons souvent oublié la dimension morale de toute construction. Nous avons connu pendant plusieurs années un vide et nos politiciens ont créé des idéologies pour combler ce vide. Ils se sont même pris pour Dieu. Nous devons élever nos voix pour rappeler la centralité de certaines valeurs dans toute société. Il y a illettrisme dans une société si certaines valeurs sont ignorées. Rien n’est jamais acquis. Il nous faut chaque jour vérifier et rappeler certaines valeurs fondatrices. Nous devons nous rappeler qu’il est nécessaire que nous soyons portés par une foi. Nos âmes doivent être portées par certaines valeurs et la foi.

Palavras-chave

cultura de paz, paz, educação a paz, arteséao da paz


, Moçambique, África

Notas

Texte original en anglais.

Entretien avec SENGULANE, Denis

Fonte

Entrevista

Lettre du Burundi

CIMLK (Centre International Martin Luther King) - BP 14 Bujumbera, Burundi - Tel 00 257 242057 - Fax 257 241500 - cimlk@cbinf.com -

menções legais