Quand les propriétaires d’un gîte rural se font ambassadeurs du pays de Nied en Moselle
Anne Sophie BOISGALLAIS, Lucien ALBRECHT
03 / 2000
Véronique et Bernard Bailly, respectivement infirmière et conducteur de trains, se sont installés, avec leurs enfants, Marine et Mathilde, dans le « pays de Nied » en 1988. Ils y ont rénové leur maison d’habitation. Cette démarche leur a donné le goût des vieilles pierres et de l’ancien, et ils ont décidé de ne pas s’arrêter à leur propre confort, afin de valoriser leur espace rural au travers d’un patrimoine rénové. Ils étaient motivés par l’idée que leur démarche serve à la fois les habitants et les touristes qui veulent découvrir cette campagne mosellane.
Forts de cette réflexion, ils se sont donc mis en quête d’une vieille maison à rénover, avec l’idée d’en faire un gîte où ils pourraient aussi proposer des activités de découverte. Au début, ils ont cherché un site idéal et ont écumé la campagne 100 kilomètres à la ronde. Cette démarche s’est avérée vaine, car rien ne correspondait vraiment au cahier des charges qu’ils s’étaient fixé.
Cette première étape de leur recherche les a fait réfléchir à un projet plus local, correspondant mieux à leur tempérament et à leur connaissance de la petite région de Nied. Nés tous les deux en pays de Nied, ils se sont donc engagés dans une valorisation de leur propre patrimoine local. Ils y connaissent tous les sites à visiter, les personnes à rencontrer et se sont dit que le résident est le mieux à même de faire partager les richesses d’une région au visiteur.
Ils ont pris conscience que leur « pays » avait un réel potentiel touristique, proche des deux frontières de l’Allemagne et du Luxembourg, en secteur agricole et sans industries lourdes. A défaut de la mer ou de la montagne, ils peuvent proposer des forêts de hautes futaies où des promenades à pied, à vélo, à cheval ou à canoë sont possibles. Il leur a fallu ces deux étapes pour croire en leur lieu de naissance. Avant cela, ils n’auraient pas envisagé une seconde que l’ancienne maison des grands-parents de Véronique, prête à s’effondrer, n’attendaient qu’eux. Les autres membres de la famille ont été heureux de voir que cette maison n’allait pas devenir une ruine, et le département leur a octroyé une aide pour sauvegarder la façade de la maison, seule chose qui pouvait envisager une consolidation. Pour le reste, il a fallu faire preuve d’imagination. Les travaux ont donc débuté en 1996, réalisés aux trois quarts par Véronique et Bernard. Ils ont essayé le plus possible de restaurer l’âme de cette très vieille maison, en récupérant des matériaux anciens et en lui redonnant le cachet des anciennes maisons lorraines.
En 1999, deux étudiantes en BTS force de vente ont travaillé avec eux sur un projet de plaquette publicitaire. Elles ont également pris des contacts et préparé l’inauguration officielle du gîte. En juin 1999, le ruban tricolore a été coupé : officiels, habitants du village et propriétaires de gîtes du secteur ont accompagné le lancement de cette aventure autour d’un verre de l’amitié.
Maintenant propriétaires d’un gîte « Trois épis », Véronique et Bernard apprécient les rencontres avec les visiteurs et les hôtes qui passent dans leur maison d’accueil. Gâteaux faits maison, fruits, jus de pomme naturel ou panier de légumes biologiques attendent souvent le visiteur, ce qui lui permet de rentrer de plain-pied dans la vie du village. Le jus de fruit est fait par un arboriculteur récoltant et les légumes viennent du Jardin de Condé, association oeuvrant pour la réinsertion de personnes en difficultés.
Véronique et Bernard se font les ambassadeurs de cette région, engageant les visiteurs à découvrir le petit musée d’art traditionnel du secteur, les édifices de la ligne Maginot, la mirabelle de Lorraine, les macarons de Boulay, etc.
rehabilitação da moradia, agricultura orgânica
, Franca, Moselle
Cette réhabilitation met en évidence plusieurs volontés : d’abord celle des habitants du village, qui, par amour et fierté pour leur « pays » refusent de voir leur village se dépeupler, laissant place à une réalité affligeante : des maisons abandonnées menaçant ruine et qui ne trouvent acquéreurs. Cela explique le choix de ces ruraux de se lancer dans l’aventure de la rénovation, mais, autre intérêt de cette initiative : un investissement financier, mais aussi - et surtout- humain dans un projet porteur de sens pour l’ensemble de la population.
La préoccupation première est moins de rentabiliser cet investissement que de s’en servir comme outil de promotion du pays auprès des futurs locataires du gîte : une façon d’articuler économie et solidarité tout en valorisant le patrimoine local. Ce choix exprime concrètement la volonté d’habiter l’espace rural d’une autre manière par la mise à disposition d’une maison le temps d’un séjour de vacances. Il permet aussi la création de liens entre ruraux et urbains tout en permettant à ces derniers de découvrir les productions locales, la culture du pays et la vie simple et saine des habitants de cet espace rural.
Entrevista ; Documento interno
Texte issu d’un témoignage écrit de Véronique et Bernard Bailly.
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