12 / 1999
Depuis le mois de juillet 1998, je suis secrétaire général du GRDR. Le GRDR a été fondé en 1969 par d’anciens coopérants du Sénégal et des migrants en France et va donc bientôt avoir 30 ans. L’idée de base provenant des migrants du Sud du Sahara de zones rurales était que pendant qu’ils étaient en France ils pouvaient apprendre quelque chose qui leur serve à leur retour. On pourrait donc dire qu’ils ont inventé le co-développement, accompagnés par le GRDR.
Au niveau du GRDR, je crois que l’on est toujours en train d’analyser l’environnement dans lequel on travaille. C’est un point important par rapport à la capitalisation. On réfléchit avec les gens, on mène beaucoup de séminaires avec nos partenaires, on en tire des notes pour l’action. Mais on ne mène pas une capitalisation aussi approfondie et qui pourrait nous permettre d’écrire des livres comme le fait l’IRAM. On a autant de matière qu’eux, mais on n’a pas les moyens.
Nous avons eu des moyens grâce à la FPH, avec Philippe Lavigne, qui est maintenant au GRET, mais on ne fait pas vraiment de capitalisation. Philippe Lavigne nous a beaucoup aidés parce que c’était sa tâche principale. Il a regardé tout ce qui avait été fait, il est allé sur le terrain, et il a analysé tranquillement, puis proposé de nouvelles actions.
Il y a eu une autre expérience de capitalisation il y a peu de temps. Nous avions présenté une demande au Ministère de la Coopération il y a 3 ans, et Jacques Derclaye a fait une capitalisation sur notre expérience de terrain. Le fait que cette personne n’ait eu qu’un seul objectif, la capitalisation, est très important et a permis un travail de qualité. Cette capitalisation nous a permis de monter une nouvelle cellule fort intéressante, qui nous a amené à avoir une convention d’objectifs avec le Ministère de la Coopération.
Cette capitalisation faite par des gens dont c’est à la fois un peu le métier, et qui ont du temps, est fondamentale. Je ne crois pas qu’il faille le faire tout le temps, mais de temps en temps.
Pour des organisations comme le GRDR, les évaluations externes peuvent participer à de la capitalisation mais souvent elles sont faites de manière trop rapide, par des gens souvent très compétents, mais pas assez pratiques. Par contre la dernière que nous avons faite sur l’irrigation était fort intéressante parce que c’était plus qu’une évaluation. Ca a duré un bon mois. La personne connaissait la zone et avait travaillé au GRDR. Il a sorti à la fois une capitalisation et une bonne analyse, à la fois de nos pratiques et du milieu, pour nous permettre de rebondir.
Mais ces évaluations sont souvent très chères et cofinancées par des organismes comme le F3E (1), mais pour des organisations comme nous, c’est vraiment lourd et compliqué.
En dehors d’actions précises, il est aussi important de réfléchir d’une manière globale. Ainsi nous venons de créer une commission mixte composée de membres du Conseil d’Administration et de salariés. L’objectif est de réfléchir à ce que sera le GRDR en 2004 ou 2005. La première étape sera l’Assemblée Générale du mois de mai. Nous voulons travailler sur différents scénarios à la fois pour avoir une visibilité à moyen terme et à court terme, enrichir les actions en cours et faire en sorte que les nouvelles actions aient un cadre plus précis.
Nous avons constitué ce petit groupe mais cela n’a pas la valeur d’une capitalisation faite par quelqu’un qui va travailler pendant 3 ou 4 mois à temps plein sur le sujet. Je pense que l’on aurait besoin de temps en temps, dans des organisations comme le GRDR, de gens qui s’immergent dans notre action, dans notre problématique, et qui nous fassent avancer tous les 3 ou 4 ans, et si on ne le fait pas c’est à cause du coût. On réfléchit à d’éventuelles fusions avec d’autres organisations, dans le but d’avoir les moyens pour de vrais services techniques de suivi-évaluation.
Au niveau du GRDR, je souhaiterais fortement que l’on développe le volet capitalisation, même si à l’heure actuelle, par rapport à nos actions Afrique, on va avoir une grosse évaluation transversale (Mali, Sénégal, Mauritanie), dont on compte qu’elle nous serve de capitalisation. C’est une évaluation qui va être financée par le F3E dans le cadre des conventions d’objectifs.
Une évaluation peut servir à la capitalisation, mais la capitalisation, pour moi, doit quand même mieux appartenir à l’organisation. Je pense que suite à l’évaluation, on pourra mener une petite capitalisation, grâce aux informations complémentaires qui nous seront amenées.
Pour la capitalisation, il ne s’agit pas que de questions financières, c’est aussi une question de volonté politique. Une capitalisation, c’est un peu comme une psychanalyse en quelque sorte. C’est long et ça demande de l’implication. Et celui qui fait une psychanalyse doit l’avoir décidé. Il est plus facile de capitaliser quand l’association est stable structurellement et financièrement.
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