L’initiative malienne pour l’éradication de la corruption et de l’enrichissement illicite
02 / 2001
La lutte contre la corruption qui gangrène l’économie malienne depuis des années a connu un coup d’accélérateur au cours des trois dernières années.
En effet, l’exigence de transparence dans la gestion des affaires publiques qui est devenue une réalité avec le mouvement de démocratisation et la volonté des autorités de réaliser des résultats économiques en termes de développement, ont constitué les faits déclencheurs de ce combat contre le crime économique.
La volonté fermement affichée par le Président de la république d’engager une lutte résolue contre le phénomène a conféré à cette dynamique un élan nouveau qui s’est traduit par la mise en place d’une commission de lutte contre la corruption fonctionnant directement sous son contrôle. Les membres de cette commission, nommés par le Président, sont réputés intègres et patriotes, ce qui confère à la commission beaucoup de crédibilité.
Cette commission travaille en relais avec le contrôle d’Etat en procédant à l’approfondissement des investigations concernant les différents dossiers et l’instruction du Président des dossiers pour suite à donner. Il importe de noter ici que les rapports soumis au Président de la République par le contrôle d’Etat ont décrit une situation insoupçonnée de délabrement de l’économie du pays par suite des malversations de tout genre impliquant divers acteurs.
Pour marquer cette volonté politique qui n’est pas que persuasive, depuis sa mise en place, la commission a travaillé sans tenir compte de la coloration politique, du rang social, de la position hiérarchique au niveau de l’administration et surtout des relations interpersonnelles qui constituent dans ce genre d’entreprise des causes de blocage.
Ainsi, tous les secteurs de développement ont fait l’objet d’investigations. De l’attribution des marchés publics au niveau des ministères aux simples contrôles de formalité sur les voies publiques par les policiers, tous les domaines sont fouillés pour appréhender les déprédateurs de l’économie nationale.
En moins de deux années d’existence, les résultats du travail accompli par la commission sont énormes. Plusieurs directeurs nationaux de sociétés d’Etat se sont retrouvés dans les mailles de la justice. On peut citer entre autres les directeurs de la Société Nationale des Tabacs et Allumettes, de la Société des Télécommunication du Mali, de la Société Energie Du Mali, les Présidents directeurs Généraux de la Compagnie Malienne de Développement du Textile, de l’Agence de cession Immobilière et plusieurs opérateurs économiques qui se sont rendus complices des actes commis.
Le constat est que la plupart des directeurs interpellés sont des hauts cadres de l’Etat et militants au sein du parti au pouvoir. D’aucuns ont d’ailleurs vite trouvé une parade : les ressources tirées par eux de la corruption et de l’enrichissement illicite auraient servi en tout ou en partie à financer les activités du parti au pouvoir.
Toujours est il que la plupart de ces hauts cadres sont encore en prison depuis des mois ou ont payé des cautions importantes pour recouvrer une liberté provisoire.
Les radios privées et la presse écrite se font un large écho de ces ’affaires’ en cours, permettant ainsi à l’opinion nationale d’être informée et de suivre de près l’évolution de ces dossiers.
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, Mali
En frappant aussi fort au niveau de l’appareil d’Etat, la politique de lutte contre la corruption au Mali a marqué certainement un pas important. Cependant, la lenteur des procédures judiciaires dans le traitement des dossiers constitue un facteur assez limitant à l’application effective de cette politique. La gestion transparente des affaires publiques est une exigence de la démocratie. Telle que perçue, la lutte contre la corruption devient une obligation tant pour l’Etat que pour l’ensemble des acteurs de la société nationale. La récente expérience malienne en la matière se révèle productrice de résultats, mais elle a certainement besoin de s’inscrire dans la durée par la mise en place d’une commission plus permanente.
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