La France est un pays d’asile et d’immigration, et une ancienne puissance coloniale marquée par sa conception unitaire de l’État. Le modèle français d’intégration a deux origines :
l’une, idéologique, c’est la conception même de la nation que la France s’est forgée et qui trouve son fondement dans la Déclaration des droits de l’homme ;
l’autre, de nature sociale et démographique, qui tient au fait que la France a été depuis le milieu du XIXe siècle une terre d’immigration sans comparaison avec les autres pays d’Europe.
La nation est, pour les Français, une notion non pas ethnique mais politique. Sa définition est fondée sur la philosophie des Lumières et particulièrement sur l’idée du contrat social chère à Rousseau. La nation est le résultat d’un accord commun, d’un pacte fictif d’une volonté de vivre ensemble.
Ni assimilation ni insertion
La France a développé un modèle tendant à une assimilation fondée sur l’adhésion individuelle à la nation française. Le Haut-Conseil à l’intégration estime qu’il faut voir dans l’intégration non pas une voie intermédiaire entre assimilation et insertion mais bien un processus spécifique : il s’agit de susciter la participation active à la société nationale d’éléments variés et différents, tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales et en tenant pour vrai que l’ensemble s’enrichit de cette variété, de cette complexité.
Le modèle français d’intégration se fonde sur l’indifférenciation entre les hommes, c’est en ce sens qu’il est universaliste. Chaque être vaut pour lui-même indépendamment de la communauté à laquelle il appartient.
Le modèle français d’intégration permet à tous d’accéder à une égalité de droits et de devoirs en permettant à chacun de conserver son particularisme, aussi spécifique soit-il, dès lors que sont respectées les lois de la République et les règles de la vie sociale. Garder des liens avec sa culture d’origine est un droit. Mais une condition est nécessaire : il faut que ces liens s’établissent ou se maintiennent dans le respect des règles de la vie sociale, des lois de la République.
Une logique d’égalité...
Ce qui suppose parallèlement de bannir les pratiques contraires aux règles fondamentales de la société française, par exemple :
respect de l’intégrité physique : l’excision est lourdement condamnée (Cour d’assises, Paris, 16 février 1999, 8 ans de prison ferme pour l’exciseuse);
égalité entre les hommes et les femmes : le mariage forcé des filles, l’enfermement des femmes au foyer, la répudiation de l’épouse, le retrait des filles de l’école avant la fin de leur scolarité...
Le Haut-Conseil affirme sa conviction que la conception française de l’intégration doit obéir à une logique d’égalité et non à une logique de minorités. Les principes identitaires et égalitaires qui remontent à la Révolution et à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789)imprègnent cette conception, fondée sur l’égalité des individus devant la loi quelles que soient leurs origines, leur race, leur religion... à l’exclusion d’une reconnaissance institutionnelle des minorités.
... mais importance des liens communautaires
Cependant la position des institutions reconnaît l’intérêt de préserver des liens communautaires. L’intégration individuelle nécessite toujours, au préalable, une vie communautaire qui permet d’éviter l’isolement. Des communautés, regardées à tort ou à raison comme des modèles d’intégration, ont maintenu longtemps leurs particularismes et peuvent encore les conserver (ce fut le cas, entre autres, des Polonais). Quant aux réactions anti-immigrés, anti-étrangers, elles étaient bien plus fortes dans le passé qu’aujourd’hui et pourtant l’intégration s’est faite.
Actuellement, l’intégration continue d’être une réalité : un des signes en est le taux de perte de la langue maternelle par les enfants (50 pour cent pour l’arabe et 55 pour cent pour le portugais). L’intégration se fait au contact de la société, notamment grâce à l’école, également par les mariages mixtes. Elle se fait parce que dans leur majorité les populations immigrées veulent s’intégrer. Les jeunes deviennent rapidement étrangers dans le pays d’origine de leurs parents.
Une intégration en panne ?
Mais force est de constater que la machine française à intégrer est en panne. Pour être devenue un lieu commun, cette affirmation n’en reste pas moins un objet de débat dans l’actualité française. Cette panne, si elle est réelle, annonce-t-elle la fin du processus d’intégration ou une difficulté momentanée ?
Les jeunes d’origine étrangère ne veulent pas qu’on leur réserve le terme d’intégration. Ils sont français, se considèrent comme tels et réfutent tout discours qui leur apparaîtrait comme niant leur citoyenneté. Mais ils sont également en difficulté par rapport à leur culture d’origine qu’ils connaissent peu ou mal.
Les difficultés actuelles de l’intégration viennent pour une très large part de la crise économique. La désintégration touche plus largement toutes les populations touchées par la crise. Cette exclusion est favorisée par la dislocation des liens familiaux.
Or, l’affaiblissement des structures familiales dans un contexte de crise économique est un des obstacles principaux à l’intégration sociale.
Les populations d’origine étrangère veulent aussi être reconnues à l’égal des autres, en particulier les jeunes. Ceux-ci ressentent mal les contrôles d’identité permanents. La lutte contre l’immigration clandestine justifie certainement ces contrôles.
Cependant, plus de discernement est nécessaire, notamment en ce qui concerne les jeunes. Des contrôles de police fréquents et répétés leur donnent le sentiment d’être marginalisés, d’être mis à l’écart et de ne pas être considérés comme Français à part entière.
imigração, política, modelo cultural
, Franca
Relatório
Haut Conseil à l'Intégration., Rapport du Haut Conseil à l'Intégration, Histoire, janvier 1999
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