La Fondation Charles Léopold Mayer est invitée par la Commission européenne à animer un débat public sur la convention de Lomé ; elle mobilise pour cela ses hypothèses de travail sur la gouvernance, la méthodologie d’échange d’expériences et les réseaux de partenaires
1999
En juillet 1998, Pierre Calame est approché par l’assistante de Michel Rocard, alors Président de la Commission Coopération et Développement du Parlement européen. L’assistante de Michel Rocard, Anne Simon, lui demande s’il serait d’accord d’animer une réflexion sur l’avenir de la Coopération européenne. Cette réflexion serait cofinancée par la Commission et la Fondation. Nous acceptons et définissons les hypothèses et les méthodes de travail.
En ce qui concerne les hypothèses, nous avons été frappés, au fil des années, le travail sur le développement local à la réflexion sur l’état et à l’audit de l’Organisation Mondiale de la Santé, par le fait que les problèmes fondamentaux de gouvernance sont toujours de même nature quelle que soit l’échelle du territoire. Il est intéressant de savoir si ces hypothèses vont constituer un guide de travail utile pour aborder une gestion administrative particulière, celle de la Coopération entre l’Union européenne et les pays Afrique-Caraïble-Pacifique (ACP).
Au plan méthodologique, nous disposons également d’un outil déjà rodé de recueil des expériences, DPH (Dialogues pour le progrès de l’Humanité)et d’une méthode rodée "d’analyse transversale" fondée sur l’hypothèse presque toujours vérifiée : les situations et les contextes sont extrêmement variables mais, dans un domaine donné, les questions fondamentales sont constantes. Dès lors, l’objectif de l’analyse transversale est de dégager ces questions constantes à partir d’un ensemble d’expériences. Enfin, nous disposons d’un troisième atout, un réseau de partenaires en Afrique, principalement francophone, et un peu dans les Caraïbes, et un autre réseau de partenaires rodé à la méthode DPH.
C’est cette convergence d’hypothèses, de méthodes et de réseaux, fruit de longues années de travail, qui permettent à la Fondation de relever le défi d’une réflexion solide menée dans un délai très court (3 mois)contenu de l’état d’avancement de la renégociation de la convention de Lomé.
Le travail démarre réellement en janvier 1999, quand la convention est signée avec la Commission européenne. Le recueil de cas se fait par trois canaux : nous envoyons des chargés de mission dans différents pays en vue d’interviewer un certain nombre d’acteurs de base de la Coopération européenne, nous lançons un appel à nos partenaires pour faire remonter des fiches de cas, celles-ci pouvant être réalisées sur simple traitement de texte avec un cadre de saisie très défini, enfin nous passons quelques conventions de courte durée avec des partenaires pour mettre en forme leur propre expérience de la Coopération européenne.
En parallèle, Anne Simon et Pierre Calame procèdent à un "audit" de la Commission européenne en utilisant une méthode, vélocirodée, d’entretiens non directifs.
Dès la fin du mois de février, nous avons recueilli plus de 200 fiches de cas, dont la mise en forme est assurée par un des plus régulier partenaire de DPH, l’association AMI et, un travail de trois jours permet à une petite équipe de 6 ou 7 personnes de lire toutes les fiches, de confronter les hypothèses qui s’en dégagent et de dégager les grandes lignes, d’analyser les conclusions : la Coopération européenne vu à l’aval du point de vue de ceux qui en sont les "bénéficiaires finaux". Les hypothèses qui se dégagent de ce travail sont confrontées à celles qui se dégagent de l’audit de la Commission européenne.
L’ensemble s’avérant cohérent, il suffit de 4 jours pour rédiger ensuite un rapport d’analyses et de propositions, très rapidement traduit en anglais, illustré par une sélection de 45 fiches et édité par les soins de la Fondation. Là aussi, l’existence d’une filière de traduction et d’édition parfaitement rodée permet de tenir les délais et d’envoyer ainsi ce dossier préparatoire à une trentaine de personnes de différents collèges (Parlement, Commission européenne, expert du Nord, représentant officiel des pays ACP, partenaires et experts du Sud, réunis pendant 2 jours à Bruxelles au début du mois d’avril). Là aussi, nous utilisons les méthodes de réunion rodées dans le cadre des rencontres de Saint-Sabin, fondées sur un tour de table approfondies des différents participants, ce qui permet d’éviter des discours officiels ou des approches strictement thématiques.
Enfin, nous restituons le lendemain du séminaire, grâce un travail de nuit effectué par Chantal Tien et Karine Goasmat, les conclusions ou conditions du séminaire à un assez large public. La dernière étape consiste à susciter un débat public à distance sur les propositions qui sont dégagées du séminaire, en mettant en place un site web et un forum Internet, initialement d’une durée de 6 mois et qui va se prolonger pendant 1 mois. Là aussi, nous bénéficions d’une part d’une équipe déjà rodée d’animation de traduction de gestion et de traduction de forum, avec Marina Urquidi, Franck Fourmental et Danny Pensu et nous bénéficions des apprentissages acquis notamment dans le cadre de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire.
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, Europa, África
Ce travail d’une durée extrêmement brève a bien entendu bénéficié des travaux antérieurs d’évaluation de la convention de Lomé, certains de ces travaux ayant fait l’objet de fiches DPH pour la préparation du rapport. Il a été très apprécié par ceux qui disaient en terme simple ce que beaucoup ressentaient, la totale indépendance de la Fondation n’ayant à se positionner ni comme bureau d’études ni comme "client" de la Coopération européenne facilitant les choses. Mais c’est surtout le fait d’avoir pu combiner des réflexions, des méthodes et des réseaux forgés au fil des années qui rend possible une telle démarche et un tel impact. La condition pour cela est que la Fondation soit réellement une "organisation apprenante" c’est-à-dire que les acquis de l’expérience et des réseaux soient méthodiquement capitalisés.
Texto original
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