1992 : oeuvre de l’architecte Tony Garnier (1933), la cité est sélectionnée par l’Unesco comme "projet de la décennie mondiale du développement culturel" pour son musée urbain. Cette consécration a révélé l’existence d’une réhabilitation très mobilisatrice pour les habitants.
Parmi des groupes plus récents du quartier des Etats-Unis, "les vieux Etats" (1750 logements): une sorte de village auquel ses habitants sont fort attachés. Pour près d’un tiers d’entre eux, l’installation est antérieure à la 2ème guerre mondiale. La moyenne d’âge est élevée, le taux de rotation faible (5%), ainsi que la proportion de familles immigrées et de chômeurs (6%). L’APL concerne 45% de locataires, alors que la moyenne dans un quartier DSQ (Développement social des quartiers)est de 75%. Dans cette cité "populaire", les revenus ne sont pourtant pas élevés (le surloyer ne concerne que 7% des habitants).
"On est né dans le quartier et tout le monde se connaît" : la spécificité, ici, repose sur la force des réseaux. Des familles disent "posséder" jusqu’à 25 logements; l’affectation revient pourtant à l’Office public communautaire HLM de Lyon (pour de telles cooptations, on parle de clientélisme, construit avec le temps). Bien avant Banlieues 89 (1984-85)et la procédure DSQ (1983), le comité de locataires est puissant.
1985 : lors d’une 1ère tranche de réhabilitation, l’Office ne tient pourtant pas compte de cette implication. Logique d’époque, son objectif est l’isolation thermique. Il néglige la concertation et se heurte à des "pseudo-propriétaires" qui ont souvent aménagé eux-mêmes leurs logements. L’incompréhension va jusqu’au blocage : le chantier est interrompu. Les choix techniques (chauffage, salles de bain)se justifient en théorie. Mais, même d’accord sur le principe, on accepte mal de ne pas être consulté. Des partenaires estiment malgré tout qu’il faut utiliser les crédits Palulos; se pose la question des hausses de loyer (pour des résidents souvent hors APL); l’auto-financement de l’Office est restreint, etc. Réhabilitation technicienne ou concertée ? Les travaux de la 2ème tranche sont réalisés dans l’urgence, alors qu’une action pédagogique s’imposait...
Grâce au projet d’un "centre européen de recherches sur la réhabilitation HBM" et à ces expériences, la réflexion de l’Office est plus large : légères adaptations des logements pour les gens âgés, groupe de réflexion de l’équipe DSQ, etc. Une réelle concertation est menée : les avis des locataires sont mis en regard des nécessités techniques; tout en sachant que les bâtiments, vraies créations d’architecture, obéissent à des principes que l’on doit mesurer pour se déterminer. Il y a là l’exemple d’une appropriation de l’identité et de l’histoire d’un quartier par ses habitants : réalisation de murs peints de qualité, ouverture d’un appartement-témoin dans son aspect des années 30 : les résidents prêtent meubles, photos, souvenirs de famille; ils organisent eux-mêmes des visites du site... Il y a là comme une école de l’aménagement urbain. Les débats sur les espaces extérieurs en ont été facilités.
Des problèmes cependant : "jalousie" des ensembles proches, eux aussi en réhabilitation mais sans un tel projet culturel; ainsi attachés à leur quartier, ceux de la cité Tony Garnier se montrent réticents à l’installation de familles étrangères (alors qu’elles constituent le tiers des demandes déposées à l’Office). Il y a là des risques de fracture au sein même de l’ensemble des Etats-Unis.
moradia, moradia social, rehabilitação da moradia, memória coletiva, planejamento urbano, concertação
, Franca, Lyon, Rhône-Alpes
Cette fiche a été réalisée dans le cadre de l’évaluation de la politique de réhabilitation du logement social, animée par la Direction de l’Habitat et de la Construction du Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, Arche de la Défense, Paroi Sud, 92055 Paris-La Défense Cedex 04
Literatura cinzenta
DIRECTION DEPARTEMENTALE DE L'EQUIPEMENT DU RHONE (DDE 69); GROUPE LOCAL D'EVALUATION DE LA REHABILITATION DE LYON (France)
CEDIDELP (Centre de Documentation Internationale pour le Développement les Libertés et la Paix) - 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris, FRANCE - Tel 33 (0) 1 40 09 15 81 - Franca - www.ritimo.org/cedidelp - cedidelp (@) ritimo.org