12 / 1997
Le CEDAL a animé depuis 1994 le programme "QUID de toutes les Amériques en Europe", né dans le cadre des activités du groupe EAL/GAL(1), qui souhaitait prolonger l’intérêt suscité par la commémoration du Vème centenaire de l’arrivée des Espagnols sur le continent américain.
Une première exploration de l’histoire de la coopération entre la France et l’Amérique latine avait été ainsi réalisée, permettant de faire apparaître la richesse et la diversité des échanges entre les deux continents. Sur cette base, le programme QUID a été élaboré en vue d’approfondir le champ de la coopération avec l’Amérique latine et de mieux la valoriser.
En effet, l’Amérique latine reste loin derrière l’Afrique et l’Europe de l’Est, parmi les préoccupations des instances de la coopération française. L’opinion publique n’en conserve globalement qu’une image encore très folklorique.
Ainsi, QUID est un programme d’éducation au développement s’adressant à tous les acteurs de la coopération avec l’Amérique latine, en France et en Europe: associations, chercheurs, étudiants, collectivités locales... afin qu’ensemble, ces acteurs puissent analyser leur expérience, formuler des propositions, et contribuer à diffuser l’intérêt de coopérer avec ce continent. Il s’agit d’autre part de mieux faire connaître cette coopération et d’en valoriser les expériences les plus innovantes, en particulier celles porteuses de réciprocité. Par ailleurs, à travers ces relais, le programme entend toucher un plus large public.
Méthode: Ce programme est bâti à partir d’une concertation large des acteurs de la coopération avec l’Amérique latine. A sa tête, un comité de pilotage national, comprenant des représentants de différents secteurs oriente son déroulement.
Afin de faciliter le décloisonnement des acteurs et la constitution de réseaux locaux, des rencontres ont été organisées régionalement : rencontre Ile de France à Evry en 1995, rencontre Grand Ouest à Saint-Brieuc en 1996 et en Pays de Loire / Poitou-Charentes et en Rhône-Alpes en 1997. L’organisation des rencontres a été déléguée à des comités locaux, afin que l’évènement réponde le mieux possible aux besoins de concertation, aux préoccupations et à une sensibilité des acteurs d’une région donnée.
La rencontre d’Evry avait permis une concertation élargie car elle incluait des participants du monde associatif, de la recherche et de la coopération décentralisée. Compte tenu du caractère de la région, elle avait surtout réuni des représentants de sièges nationaux. Les débats étaient organisés autour de quatre thèmes: Décloisonnement des différents secteurs de la coopération; Formation des citoyens ; Economie populaire et commerce équitable ; Formation de relais. Un jeu de rôle construit avec une troupe de théâtre professionnelle clôturait la rencontre en mettant en évidence les petits travers des "développeurs", à l’origine des blocages de la coopération avec l’Amérique latine.
La rencontre de Saint-Brieuc a presque exclusivement regroupé des représentants du milieu associatif local, permettant de faire découvrir une multitude d’initiatives privées peu connues. Le débat suivait un schéma graphique qui permettait à chacun de situer son action. Les préoccupations ressortant des débats étaient: l’origine des actions, la solidarité au quotidien, les difficultés de la concertation. Faute de temps, elles n’ont pu être débattues de façon approfondie.
Outils: Un bulletin de liaison " Comunicando, spécial QUID " rend compte des rencontres et fait le lien entre les participants ; des fiches DPH présentent les expériences les plus révélatrices de la coopération avec l’Amérique latine. Un numéro spécial de la revue Economie et Humanisme, publié en avril 1998 (dossier n’ 344)analyse l’état et les enjeux de cette coopération. Enfin, une base de données recense les organismes coopérant avec l’Amérique latine région par région.
Moyens: Financements du Ministère des Affaires Etrangères, du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), de la fondation C.L. Mayer pour le Progrès de Homme (FPH), de la Commission des Communautés Européennes.
Bilan: Le programme a jeté les bases d’un décloisonnement effectif et d’un échange entre groupes peu habitués à se rencontrer. Sa démarche originale a d’ailleurs largement inspiré les Assises de la Coopération et de la Solidarité Internationales. Il permet de découvrir un panorama de la coopération avec l’Amérique latine de plus en plus précis. Un questionnement des acteurs s’opère à travers les échanges et les analyses, mais il demande à être approfondi et de conduire à formuler des propositions à l’étape suivante. Cependant un lien a été créé en ce sens avec les Assisses Nationales de la Coopération. En terme de contenu, il ressort que l’idée de réciprocité reste une notion floue, peu concrète, illustrée seulement par une minorité d’exemples.
Bien que le programme semble très clairement répondre à un besoin de concertation, la mobilisation est laborieuse. Cette difficulté est accrue pour les petites associations regroupant des bénévoles. L’investissement personnel que cela représente est d’autant plus dur à obtenir que le programme est construit à partir des acteurs locaux, et non pas imposé selon un modèle prédéfini. Des malentendus, des attentes déçues de part et d’autres, découlent souvent de cette ambiguité. Etant donné le "tour de France" régional que se proposait le programme, la question du suivi et de l’après-rencontre n’a pas non plus été suffisamment prise en compte. Pour le moment, l’initiative locale n’ a pas pris le relai de la démarche, et seul le bulletin de liaison "Comunicando" permet de maintenir le contact.
Concernant la sensibilisation d’un plus large public, l’évaluation est difficile à faire dans ce domaine puisque elle doit se faire à travers les relais. Pour toucher plus directement d’autres publics, le CEDAL s’est joint à des manifestations telles que Territoire d’avenir à Carcassonne, réunissant des acteurs du développement local en France, la Fête de Gruellau en Loire Atlantique, fête de la solidarité organisée par des agriculteurs, et le Salon des Fourrages et de l’Initiative Rurale (SAFIR)en Mayenne, rassemblant le monde agricole. Le Cedal produit un stand avec du matériel sur "QUID et l’Amérique latine" (exposition photos à Gruellau)et participe aux débats.
Une évaluation externe du programme est prévue à la fin du premier mandat, mais quant aux résultats réels du programme, il s’agit d’une action à long terme, dont les effets ne peuvent être immédiatement perceptibles. L’idée de réciprocité par exemple fait actuellement son chemin, sans pour autant changer radicalement des comportements trop bien ancrés.
cooperação internacional, cooperação Norte Sul, política de cooperação, educação ao desenvolvimento
, Franca, América Latina
(1)"Espace Amérique Latine", regroupant des organisations de solidarité Internationale travaillant en Amérique latine, qui forment le Groupe Amérique Latine au sein de la Commission Coopération Développement des Ministères Français des Affaires Etrangères et de la Coopération. Cedal-France ayant transféré ses activités programmatiques à ICEAL en 1998, c’est cette dernière association qui assure l’animation de la deuxième phase du programme QUID.
Texto original
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CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Franca - cedal (@) globenet.org