12 / 1996
Le Fonds Mondial de Solidarité contre la Faim fonctionne sur un mode mutualiste, son objectif est de soutenir financièrement des projets de développement en faveur de l’autosuffisance alimentaire. Il est issu d’une triple réflexion mondialiste, fédéraliste et mutualiste. Il s’inscrit dans la lignée des Citoyens du Monde, qui ont été les premiers à proposer une analyse scientifique des causes structurelles de la faim dans le monde : la faim n’est pas le produit d’une pénurie mais des relations internationales contemporaines.
Ce problème mondial requiert une solution mondiale. Aussi le Fonds Mondial est indépendant des frontières des Etats, il est transnational pour que les peuples puissent s’entraider. Ses adhérents viennent des cinq continents.
Les cotisations obligatoires fournissent les principales ressources du Fonds Mondial. Les 517 adherents actuels se sont engagés à verser une fois par an au moins l’équivalent d’une ration alimentaire quotidienne. Il apprécient eux-mêmes ce montant. Ces ressources sont redistribuées sous la forme de prêts à un taux d’intérêt nul et de subventions aux adhérents ayant présenté un projet de développement. Cette pratique s’apparente à celle de l’économie de réciprocité des populations andines et des tontines africaines. Cette expérience mutualiste se veut être aux antipodes de l’assistanat. Le système de prêt implique en outre une obligation de rendre des comptes pour l’emprunteur. Un calendrier des remboursements est conclu lors de l’accord entre le Fonds et les bénéficiaires.
La mutualité est l’expression démocratique de la solidarité, où les engagements réciproques sont clairement définis. Chaque groupe partenaire doit être doté de statuts démocratiques, transparents. Le principe d’une adhésion / une voix entraîne l’égalité des partenaires dans les choix décisionnels de l’association, bien que concrètement le bureau administratif se trouve en France.
Depuis 1982, le Fonds Mondial, fort de son principe mutualiste, finance ainsi des projets répondant à certaines conditions. Seuls les adhérents peuvent soumettre des projets d’intérêt collectif ou communautaire dont l’objectif est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire directement ou indirectement. Par exemple, cela peut être un soutien à l’ensemble des activités de production d’aliments ou à une activité permettant de dégager des revenus pour s’alimenter. Chaque administrateur s’occupant d’une zone et de compétences techniques spécifiques, étudie ces dossiers, présentés selon des critères bien définis.
Les adhérents bénéficiaires sont la plupart du temps regroupés. Au départ, il s’agissaient de groupes très divers, peu organisés et souvent factices. Actuellement, on assiste à l’émergence d’ONG locales ayant des compétences techniques, bien structurées, conséquence des transitions démocratiques des pays du Sud et des plans d’ajustement structurel qui ont entraînét un fort taux de chômage des cadres et un désengagement de l’Etat. Ce sont aujourd’hui des partenaires fiables, pouvant fournir aux communautés un appui technique dans la présentation des projets, de l’information et assurer également le suivi du projet. Ces communautés signent un contrat de solidarité avec le Fonds Mondial, où sont définies leurs obligations.
Les projets émanent toujours des populations de base. Ils sont financés à hauteur de 30 000 F en moyenne, mais ne doivent pas dépasser 40 000 F, le budget annuel étant actuellement de 120 000 FF.
Le Fonds Mondial se trouve actuellement dans une phase de transition. En effet, il est de plus en plus sollicité par des ONG locales compétentes et organisées, proposant des projets bien construits. Sa réputation sur le terrain n’étant plus à faire, il doit faire face à l’afflux des demandes de financement. Dans les pays du Sud, les actions financées par le Fonds ont un véritable succès vis-à-vis des communautés de base. Les relations avec les ONG locales ont amélioré le suivi des projets. Ces dernières doivent s’assurer de la réalisation des projets financés, un projet étant considéré comme terminé lorsque les bénéficiaires ont remboursé la totalité de leurs emprunts. Un tel fonctionnement et engagement des partenaires permettent de concrétiser les projets présentés. Toutefois, l’expérience du Fonds Mondial en Amérique latine l’amène à regretter l’absence de continuité et de suivi dont font souvent preuve les partenaires latino-américains, ce qui réduit considérablement l’efficacité de ses interventions.
Il a en outre atteint un palier financier, ses ressources étant limitées : elles proviennent principalement des adhésions et des dons, qui se font rares dans notre monde en crise. De plus, les structures mêmes du Fonds Mondial imposent des limites. Cette association sans murs n’a pas de président et ses administrateurs sont dispersés géographiquement. Elle n’a donc pas de véritable implantation géographique, qui pourrait lui permettre de solliciter des subventions locales ou nationales. Des ressources extérieures ne sont donc pas évidentes à trouver.
Limités par les moyens humains (l’association n’ayant que des bénévoles)et financiers (moins de 15% sont consacrés aux frais de fonctionnement), les administrateurs ont restreint la communication. Or aujourd’hui l’image du Fonds Mondial est quasi inexistante dans les pays nantis. La seule communication est fournie par le bulletin d’information trimestriel "Monda Solidarco", publié en français, en espagnol et en espéranto, qui perd actuellement des abonnés. Aussi, un effort pour populariser le Fonds Mondial doit être fourni par les adhérents pour tenter d’augmenter ses ressources.
autosuficiência alimentar, fome, cooperação internacional, solidariedade internacional, plano de saúde
, Franca, América Latina
Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim. 11 square des Hautes Yurmes, 35200 Rennes. Tel 02.99.53.55.19
Interview de A. Cavelier du 3/10/96 et celle d’une Latino-Américaine, Rose Marie Gaudlitz, du 19/9/96, de l’équipe administrative du Fonds Mondial résidant à Rennes.
Entretien avec CAVELIER, A.; GAUDLITZ, Rose Marie
Entrevista ; Documento interno
//, Documentation interne et lectures du bulletin de liaison trimestriel " Monda Solidareco "
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Franca - cedal (@) globenet.org