Quand réagir devient une nécessité
12 / 1993
Ici, une résidente de confiance a été mandatée par les usagers pour favoriser la reprise des relations, depuis longtemps interrompues, avec l’organisme bailleur. Les habitants ont ensuite constitué une association pour mieux formuler et défendre leur point de vue.
Après des années de promesses d’intervention , d’enquêtes de besoin sans suite et d’absence du logeur, la cité (96 logements; maître d’ouvrage S.A. Vaucluse Logement)vit une dégradation croissante. On y éprouve un profond sentiment d’abandon. Il n’y a pas de dialogue avec l’organisme H.L.M. Août 1990: quand démarre le chantier d’une réhabilitation, aucune réaction de la part d’habitants "chez qui on aurait pu faire n’importe quoi". Pas plus d’un mois auparavant, une réunion publique en a présenté le programme, élaboré sans concertation. Seuls 5 locataires sont présents. Sans que l’on ait enregistré de réclamations, le chantier est terminé en 8 mois. Or, très vite des problèmes sont apparus dans sa gestion (nombreux travaux mal exécutés). L’entreprise a agi dans le cadre d’un marché négocié sur la base du procédé "réha-système": elle est censée prendre en charge elle-même les relations avec les locataires. Il s’agit d’une sorte de M.O.S. (Maîtrise d’oeuvre sociale). Au moment où l’entreprise va partir, les résidents l’ignorent, ils ne contactent pas non plus l’Atelier de réhabilitation des quartiers nord d’Orange: leurs plaintes vont vers une habitante depuis longtemps connue et appréciée.
Dépositaire des réclamations, cette personne obtient du logeur améliorations et reprise de travaux. Mai 1991: création d’une Association de défense des locataires. Elle établit des demandes précises et provoque une réunion publique avec le maire, le logeur, l’entreprise. Un échange concret s’établit avec l’antenne de gestion décentralisée: reprise des malfaçons, entretien des parties communes, conditions du peuplement... La satisfaction née des travaux de reprise détermine un climat favorable. Sous l’impulsion de l’Atelier de réhabilitation, présent sur cette partie de ville, est créé un local d’animation pour les enfants de la cité. Les dégradations par désoeuvrement diminuent. Les parents, associés à l’animation, se responsabilisent. Plusieurs points retiennent l’attention:
- l’accélération de la réhabilitation en situation de crise, l’absence de concertation préalable montrent le caractère inopérant d’un travail engagé sans adhésion des habitants;
- la naissance de l’association a modifié les conditions du dialogue: on ne peut faire l’impasse de la présence de groupes organisés d’habitants (qu’en est-il du rôle des M.O.S. pour aider à leur émergence, à leur renforcement, à leur maintien?);
L’exemple révèle qu’au delà des problèmes de réhabilitation, l’organisme a été capable de saisir l’occasion d’un interlocuteur tel que l’Association pour travailler sur l’avenir.
Reste à cette dernière à développer son expérience, ses possibilités d’action. C’est là une difficulté pour des gens réunis par la volonté d’agir mais à qui manquent connaissances juridiques et pratiques et expérience militante. Les préoccupations majeures, alors: comment développer la mobilisation et la prise de responsabilité des habitants? Comment agir pour que la dynamique ne s’essouffle pas une fois réglée la stricte question du logement et pour que l’organisme change d’attitude et revoie son mode de gestion ?
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, Franca, Orange, Vaucluse
La situation de crise peut être réactivée par la réhabilitation elle-même. La mobilisation s’effectue en réaction. Autrement dit, la dynamique de formation d’un groupe organisé peut aussi se nourrir d’un fait déclencheur. Par ailleurs, le fait que la perte de crédibilité des responsables soit telle que les habitants ne veuillent plus compter que sur leurs pairs finit par constituer une chance pour l’organisme de trouver enfin à qui parler. A force de silence entretenu, un jour la nécessité fait vertu. On note les énormes difficultés rencontrées par une jeune et petite association dans un tel contexte. Si chance il y a pour l’organisme, une chance doit aussi lui être donnée pour réaliser son objectif avoué : faire que les habitants parviennent à se prendre en charge, revendiquent en quelque sorte leur responsabilité en même temps qu’ils retrouvent leur dignité.
Cette fiche a été réalisée dans le cadre de l’évaluation de la politique de réhabilitation du logement social, animée par la Direction de l’Habitat et de la Construction du Ministère de l’Equipement, du Logement et des Transports, Arche de la Défense, Paroi Sud, 92055 Paris-La Défense Cedex 04
Literatura cinzenta
COUDRY, Béatrice, DIRECTION REGIONALE DE L'EQUIPEMENT PROVENCE ALPES COTE D'AZUR (DRE PACA); ATELIER REGIONAL RENCONTRE REHABILITATION PACA
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