Témoignage de Madame Ndeye Sarr, présidente de la FONGS -Fédération des ONG du Sénégal -
10 / 1998
Madame Ndeye Sarr, Présidente de la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises): "Les premières femmes venues participer au Conseil d’administration de la FONGS se sentaient très minoritaires parce qu’elles n’étaient peut-être que deux ou trois. Elles réclamaient une plus grande place des femmes. Au niveau des associations, des femmes disaient aux hommes: "Ce que vous faites à Thiès (siège de la fédération)nous on ne le connaît pas, vous parlez sans cesse de la FONGS, mais nous les femmes n’assistons jamais aux réunions de la FONGS, nous ne savons pas ce qui se passe au niveau de la FONGS". Celle-ci a été fondée en 1978.
Jusqu’en 1984, 65% des membres de la FONGS étaient des femmes, mais elles n’assistaient pas aux réunions. C’est les hommes seulement que l’on déléguait depuis les associations. Si on demandait à une association de donner deux personnes ou trois pour la représenter au Conseil d’administration de la FONGS, c’est les hommes seulement que l’on déléguait. Ceci est lié aux règles de la tradition et ces règles ont handicapé la femme. Si on ne détient pas certaines compétences, on ne peut pas gérer certains pouvoirs.
En 1994, on a créé le secrétariat à la promotion féminine de la FONGS. On avait choisi trois responsables qui devaient diriger ce secrétariat. J’y étais. On a commencé, on a évolué, on a fait une recherche à trois pour voir comment aider les femmes. Le principal problème était d’alphabétiser les femmes, alors la FONGS a développé un programme d’alphabétisation pour elles. Trois ans plus tard, on a créé la Commission de la promotion féminine et non plus le Secrétariat.
La FONGS avait décidé, depuis la création du Secrétariat à la promotion féminine, que les femmes devraient être représentées et former un tiers des déléguées à toutes les instances de décision. En 1994, on a organisé une Assemblée générale. Le président de la FONGS, qui était juste devenu le coordinateur du CNCR, avait décidé de partir et a proposé à la tête de la FONGS, une femme. Ce n’était pas facile parce qu’il y a toujours la tradition qui est là. Un vieux notable, au village, se voit mal "être présidé par une femme". Le président Mamadou Cissoko, à l’époque, a aidé à sensibiliser ses compatriotes à ce changement. On ne l’a pas passé au vote de l’Assemblée parce qu’à la FONGS il y a ce qu’on appelle le collège des présidents d’associations. Il y a aussi ces valeurs traditionnelles qui sont la concertation, le consensus. Et par cette concertation et ce consensus, on est arrivé à faire accepter qu’une femme soit présidente de la FONGS. On avait bien appliqué cela, du sommet à la base. Je suis présidente depuis 1994, c’est mon deuxième mandat. Maintenant, le fait d’être une femme ne pose plus de problème. Pour le reste, on a mis la "boîte" en marche, il y a des équipes, j’ai un bon secrétaire général, tout le monde travaille.
Pour appuyer les femmes, on peut les assister dans les programmes de formation. Elles sont bénéficiaires de tous les programmes de la FONGS. Certaines sont en train de développer d’autres activités à la base et elles ont un appui de la FONGS, par exemple la formation en gestion pour les caisses d’épargne et de prêts, ou les mutuelles de crédit. Il n’y a pas de programmes spéciaux pour les femmes, il y a juste une personne-ressource permanente pour la promotion féminine. A part les formations au profit des femmes comme les transformations des fruits et des légumes, il y a d’autres activités qui sont spécifiques aux femmes. Mais à part cela, les programmes sont des programmes mixtes".
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, Senegal, Thies
La progression des rôles et des responsabilités des femmes (majoritaires en nombre)au sein des associations paysannes autonomes et de leur fédération (FONGS)au Sénégal s’est appuyée, entre autres, sur un système de "quota" de représentation dans les diverses instances.
Entretien à Bonneville, septembre 98
Entretien avec SARR, Ndeye
Entrevista
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