Naaba Ligdi S. KAGONE, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT
12 / 1998
Naaba Ligdi S. KAGONE, responsable du CADY (Collectif des Associations Du Yatenga): « Nous pensons qu’un collectif est une bonne chose mais comme c’est un début (le CADY est né en 1997)nous ne savons pas comment cela va finir. Mais nous pensons que c’est un mouvement qui est hérité du mouvement international des regroupements. C’est un phénomène global et mondial. Personne ne peut s’en échapper. Il vaut mieux suivre cela. Quand un autre mouvement va venir, on va le suivre aussi. La globalisation est mondiale, tout le monde le sait. Les Chinois mêmes le pensent et les Japonais aussi. Les plus riches aussi bien que les plus pauvres. Tout le monde sait qu’il faut s’associer. Pour pouvoir profiter de l’échange. Echange d’idées, échange de biens, échange de technologie. Donc on est obligés, en attendant, de suivre un mouvement. On a dit que c’était un besoin issu de nous, et bien c’est un mouvement mondial !
Le problème du collectif, c’est le domaine financier. Sinon, l’administration, c’est possible de gérer cela, souvent sans argent, au niveau du mouvement associatif. Les gens se connaissent, ils ont les listes de leurs adhérents, ils rassemblent des problèmes qui leur parviennent par des documents, des lettres, des rapports, tout cela ce n’est pas compliqué. Les gens peuvent se prendre en charge à ce niveau-là. Mais là où ils ne peuvent pas se prendre en charge, c’est quand cela touche le financier. Tout le monde alors est désarmé et démuni. On ne peut pas démarrer. Nous, nous pensons que l’AFOP (Association pour le Financement des Organisations Paysannes)et la FENOP (Fédération Nationale des Organisations Paysannes)qui se soucient du CADY, pourront s’occuper des problèmes qui se trouvent au niveau de Ouagadougou. Ils pourront gérer cela, comme ils gèrent les problèmes des collectifs des autres provinces. Grâce à la FENOP on est un peu plus actifs mais sans la FENOP, on allait dormir en attendant un mot du Haut commissaire. Quand le Haut commissaire nous a dit de planter des arbres pour notre association, nous l’avons fait. Après, nous-mêmes si on veut faire quelque chose, on a les mains complètement vides. Et comme la chose est compliquée, nous ne sommes pas pressés de faire entrer les cotisations. On se débrouille comme cela. Parce que si les cotisations rentrent, les gens veulent des bénéfices tout de suite. Les moyens non matériels tels que ceux qu’on leur apporte par l’information ou la formation de leurs agents, ils ne quantifient pas tout cela. Ils veulent quelque chose de palpable. Alors pour les cotisations, on attend. On va voir si un jour on c’est vraiment une nécessité, à ce moment-là on dira aux gens de payer. En attendant, ce n’est pas évident.
Le plan d’action actuel, c’est pour dynamiser notre collectif. Pour que nous soyons bien connus des autorités, des bailleurs ou de n’importe quel partenaire qui voudrait bien prendre contact avec nous. Sinon, chaque association membre continue à faire ce qu’elle faisait avant et le collectif fait tout pour ne pas piétiner quelqu’un dans ce que cette association faisait avant. Nous ne voulons pas remplacer une association, ni la brimer ou la concurrencer. Notre objectif, par rapport à notre collectif, est très infime par rapport aux objectifs des associations de base. Les gens continuent à faire ce qu’ils faisaient avant et le collectif les aide. Par exemple, moi j’envoie les demandes d’aide, les demandes d’achat de projets (sic), (ces 3 derniers mois j’en ai envoyé une dizaine), à Ouagadougou sous le couvert du CADY. Si on ne met pas « sous le couvert du CADY », les gens de Ouagadougou ne les respectent pas. Mais si on dit que cela vient du CADY, c’est plus considéré. Nous ne voulons pas atteindre la production, sauf de ce que nous appelons les innovations, ce qui n’existait pas et qui n’était pas pratiqué par une autre association avant.
De façon idéale, nous voulons un partenaire qui puisse nous aider à fonctionner au niveau du collectif. Deuxièmement, qu’il puisse nous aider pour le fonctionnement durable des associations de base. Notre objectif est que chaque association de base ait une entreprise rentable. Mais que la coordination aussi soit en mesure de fonctionner. Nous avons conçu un système de 2 gestionnaires : un gestionnaire financier et un gestionnaire technique. Si on a des moyens pour payer ces 2 gestionnaires, plus un transporteur de courrier, cela fera 3 employés. Nous les avons prévu dans le plan. Ils seront payés à mi-temps. Nous ne prenons pas le temps total de ces gens, nous prenons un temps partiel, ils seront comme payés à la tâche. Ceci pour le fonctionnement. Mais avant de fonctionner, il faut s’abriter quelque part. Il faut une infrastructure de bureau. Après, nous allons entreprendre la réflexion pour la construction parce qu’il faut s’asseoir avant d’asseoir quelque chose ».
organização camponesa, cooperação, fortalecimento das instituições
, Burkina Faso, Yatenga
A peine fondé, le Collectif régional est débordé, en particulier par l’acheminement sous son couvert des "demandes d’achat de projets" élaborées par les associations membres. Alors, à son tour, elle cherche, après avoir fait établir un programme d’action... par un consultant, de l’aide financière difficile à trouver car ses besoins (hormis le local)sont des ressources de fonctionnement. Et son responsable ne tient pas à faire rentrer des cotisations car les gens exigeraient "des bénéfices tout de suite". Quant à faire payer ses services par les membres, il semble que l’on n’y pense pas encore.
Entretien à Ouahigouya, août 1998
Entretien avec KAGONE, Naaba Ligdi S.
Entrevista
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