Le cas des accords entre le Sénégal et l’Union Européenne
10 / 1999
Le CNPS s’est toujours préoccupé de l’avenir de la pêche et particulièrement de la pêche artisanale. Ce secteur fournit au Sénégal la quasi-totalité du poisson consommé localement ainsi que 75% des prises débarquées et 40% des recettes d’exportation. Il crée plus de 200 000 emplois directs et indirects et représente un formidable potentiel de développement social, économique et culturel.
Le CNPS ouvrant pour une meilleure prise en compte des enjeux du secteur dont l’avenir est fortement compris, mène des actions afin d’apporter des changements dans la nature des relations entre le Sénégal et l’U.E notamment dans la coopération en matière de pêche, même si les rapports qu’elle entretient entre le Sénégal et les ACP sont généralement de l’assistanat.
Devant l’ampleur et la gravité des conséquences identifiées des accords de pêche, le CNPS s’est toujours interrogé sur la fiabilité socio-économique et écologique de tels accords qui obéissent plus à une logique de marché qu’à des contraintes des ressources. Il s’est alors soucié de garantir l’avenir très fragile d’un secteur fortement menacé par des accords qui n’ont pour retombées que des flux financiers engloutis dans le meilleur des cas dans le budget de l’Etat.
L’importance de gérer la ressource de façon durable pour que les communautés de pêcheurs puissent continuer à vivre et à se développer est un facteur essentiel pour le CNPS qui demeure convaincu que le développement du secteur ne peut se faire sans la pêche artisanale.
C’est dans cette logique que les pêcheurs ont toujours exigé leur implication dans la définition des politiques concernant le secteur pour que leurs intérêts puissent être pris en compte dans les orientations de la pêche.
Les efforts du CNPS furent couronnés par un certain succès. En 1994, grâce au soutien du Credetip et des partenaires extérieurs, le CNPS a réussi une formidable "première" : assurer la participation des pêcheurs sénégalais lors des négociations de l’accord de pêche Sénégal -Union Européenne. C’était en effet la première fois dans l’histoire des accords de pêche entre le Sénégal et les ACP, que les pêcheurs artisans étaient associés à la discussion d’un accord qui concernait le secteur de la pêche dans son ensemble.
Le résultat de cette participation est encourageant bien que minime car plusieurs attendus de l’accord mettent en évidence l’importance de respecter le développement du secteur de la pêche artisanale.
D’autre part 1% de la compensation financière totale était attribué au développement de la pêche artisanale. Certes le CNPS comme ses partenaires ONG nationales et internationales, est conscient que cette somme n’est pas la voie à suivre pour assurer le développement durable du secteur au niveau national et revendiquer une plus grande part de cette compensation reviendrait à critiquer la forme sans critiquer le fond et donc à cautionner la menace que représentent les accords de pêche dans leur forme actuelle.
Néanmoins ce pourcentage symbolique est une reconnaissance officielle que la coopération en matière de pêche ne peut plus ignorer le secteur dynamique de la pêche artisanale.
Cette victoire des pêcheurs ne les a pas empêchés de poursuivre leur combat pour que les orientations des politiques de pêche s’inscrivent dans la voie du développement à long terme du secteur pilier incontournable de l’épanouissement social et économique du Sénégal. Suite aux actions de lobbying du CNPS et de la CAPE (Coalition pour des Accords de Pêche Equitables)une résolution pour des Accords de Pêche Equitables est votée par l’Assemblée Paritaire ACP-UE en Octobre 1995 à Bruxelles. Cette résolution était documentée entre autres par une étude réalisée par le Parlement Européen sur les impacts des accords de pêche sur le secteur artisan ACP, étude pour laquelle le CNPS fut officiellement contacté afin de partager l’expérience acquise dans ce secteur.
Toutes ces initiatives ont abouti à la reconnaissance par les uns et les autres que l’époque des accords de première génération, qui n’étaient pas équitables, est révolue car ils ont simplement et purement détruit les ressources halieutiques comme cela s’est passé au Sénégal parce qu’il n’y a pas assez de contrôle.
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Aujourd’hui grâce au travail du CNPS et de ses partenaires, ce sont des accords de développement qui lient le Sénégal à l’U.E et non plus des accords commerciaux ou de première génération. Cependant les pêcheurs ne dorment pas sur leurs lauriers et restent persuadés que ce n’est que par une volonté permanente de dialogue entre le gouvernement, pêcheurs artisans et industriels que des politiques de pêche centrées sur une gestion durable des ressources peuvent être mises en ouvre.
La volonté du CNPS est que les orientations des politiques de développement de la pêche s’inspirent des résolutions contenues dans le code de conduite pour une pêche responsable de la FAO auquel il a apporté sa contribution ainsi que des priorités définies par les communautés de pêcheurs artisans.
Auteur :: Aliou SALL
Auteur institutionnel :Credetip
Date ; Décembre 1998
Mots clefs :Coopération, Politique, Pêche, Organisation
Professionnelle, ONG, Accords relations ACP-UE,
Ressource, Développement durable. Auteur :
Aliou Sall est socio-anthropologue, spécialiste de la pêche. Il est aussi le secrétaire exécutif du Credetip.
Contact : CNPS=Collectif National des Pêcheurs Artisanaux du Sénégal, BP 3211 Dakar, Sénégal. Tel (221)832.11.74/821.94.62. Fax (221)832.11.75/821.94.63
Texto original
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