Des décisions unilatérales et stratégiques
02 / 1999
Depuis la mise en oeuvre du Projet Pôle de Développement Rural de Sa’a, l’appui pour l’élevage porcin est l’un des projets les plus importants du volet agricole, malgré le faible volume des fonds alloués à celui-ci, soit moins de 1 % des financements engagés dans le projet.
Au début du projet, les populations se montrent très intéressées à l’élevage. Bien que cette pratique sous sa forme moderne ne fasse pas partie des pratiques de la localité.
En 1995, une dizaine de groupes bénéficient de l’appui ; en 1997, 7 groupes sur 12 seulement seront en mesure de remplir les conditions exigées par le projet. Ce nombre diminuera considérablement à tel point qu’à ce jour, selon l’un des Coordinateurs, seuls 3 groupes parmi tous ceux-ci existent encore aujourd’hui et poursuivent réellement les activités d’élevage.
En 1997, un premier constat est fait par rapport à la régression du nombre de groupes et à l’enthousiasme des bénéficiaires.
Les responsables du projet et leurs interfaces trouvent les causes suivantes :
* la difficulté pour les bénéficiaires de mobiliser la contribution locale est un frein à leur engouement
* la difficulté de gérer communautairement une porcherie aussi Ceci fait dire à l’un des Coordinateurs que la population de la LEKIE est plutôt individualiste.
* les responsables du projet décident qu’il faudrait désormais appuyer les individus à travers les groupes, chacun ayant la possibilité d’avoir sa porcherie, mais la construction de celle-ci restera une activité communautaire
* afin de responsabiliser les bénéficiaires, le taux de contribution passe de 25 % à 50 %
Par ailleurs, les 7 groupes ayant bénéficié de l’appui du projet pôle de développement rural de Sa’a (PPDR)en 1997, ont rempli les conditions requises par le projet, soit 50 000 F en espèces plus 2 tonnes de maïs, soit 40 sacs utilisés pour la fabrication des aliments du bétail.
Malheureusement, selon les Coordinateurs, la peste porcine qui a sévi dans la localité a obligé le projet à surseoir le financement de cette échéance. Le maïs collecté avait été stocké. En 1998, au moment où le projet se décide à relancer le volet élevage porcin, on a constaté que le maïs avait été charançonné à 37 % du taux stocké. Pour reprendre les activités, les groupes auraient revendiqué leur maïs, surtout ceux qui n’avaient pas bénéficié d’appui et qui selon le Coordinateur auraient contribué en nature.
Pour trouver des solutions à ce problème, les responsables du projet se réunissent avec l’ONG qui était chargée de l’accompagnement desdits groupes et prennent les résolutions suivantes :.
1° -"tous les groupes appuyés par le projet doivent subir le taux de perte des 37 % constatés, ce qui revient à dire qu’ils récupéreront 30 sacs en provende au lieu de 40 sacs déposés.
2° - L’interface fabriquera la provende pour la totalité des concentrés achetés, soit 40 sacs par groupe pour un total de 280 sacs.
3° - L’interface va vendre les 70 sacs après avoir retiré ce qui revient au groupe et les recettes des ventes seront partagées proportionnellement aux groupes non appuyés". Cf. rapport activités PPDR 1998.
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, Camarões
Ceci illustre bien, et comme dans le reste des autres volets du projet, combien le projet n’intègre pas la réflexion des bénéficiaires dans la recherche des solutions aux problèmes qu’ils connaissent. Par ailleurs, la plupart de ces solutions semblent irréalistes.
Les bénéficiaires ne sont pas considérés par les responsables du projet comme des personnes capables de participer de façon constructive à la vie du projet. Ou alors n’évite-t-on pas cette alternative pour ne pas arriver à certaines remises en question dans le projet ? Ou encore ne pas laisser transparaître certaines irrégularités ? Dans ce cas, le projet n’est plus un lieu qui favorise une éducation à la démocratisation.
Si on s’en tient à ce que disent les responsables de la communauté européenne, leurs évaluations s’inspirent des rapports à des projets. Le Comité de pilotage lui-même ne fait pas d’évaluation avec la base. Celle-ci se limite au niveau des cadres du projet .Ce qui fait que les évaluations qui remontent au niveau stratégique sont généralement sans contenu, car elles ne traduisent pas la réalité du terrain et aboutissent par conséquent à des projets qui sont plaqués sur le modèle des précédents.
Il se pose là un problème d’approche dans la gestion des projets de la coopération.
Le bénéficiaire est-il considéré comme un partenaire susceptible de contribuer à la réussite du projet ou alors, il est un cobaye sur lequel on expérimente même les approches les plus dictatoriales au nom des fonds qu’on lui offre ?
Entretien avec les responsables de projet pôle de développement rural de Sa’a
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Entrevista
CANADEL (Centre d’Accompagnement de Nouvelles Alternatives de Développement Local) - BP 3799 Yaoundé. CAMEROUN. Tél. : (237)221 31 40 / 200 38 74 - Fax : (237) 220 55 20 - Camarões - www.canadelcam.org - contact (@) canadelcam.org