Les femmes portefaix
02 / 1999
La préfecture de Vo est située au Nord Est de la région maritime dont le Chef-lieu est Lomé, la capitale du Togo.
L’activité principale de la population de cette préfecture est la culture de manioc et de maïs qui sont la base de l’alimentation. La dégradation des sols entraîne une baisse vertigineuse de la production qui est passée de 432 535 en 1979 à 384 800t en 1984 pour le manioc sur l’ensemble du territoire. Ainsi la dégradation des sols appauvrit le paysan qui doit plus répondre au problème de survie posé par une démographe galopante.
Pour subvenir aux besoins de la famille, la femme quitte mari et enfants, vient s’installer à Lomé, cherche à gagner de l’argent qu’elle envoie à son mari resté au village et qui pense à son sol qui est " mort ". C’est ainsi que sont créés de petits métiers de femmes dont celui de portefaix au grand marché de Lomé. Elles proposent de transporter les marchandises sur leurs têtes et fixent le prix selon la distance et le poids du colis. Les unes élisent domicile sous les hangars du marché même. D’autres s’entassent dans des débarras ou de petites chambres insalubres dont elles paient le loyer en cotisant. Ces portefaix peuvent gagner entre 300 et 2000Francs CFA par jour.Elles sont parfois bien organisées et détiennent des cartes que les propriétaires gardent lors du transport des marchandises. Mais souvent , elles travaillent librement et sont par conséquent à la merci de clients douteux qui refusent de payer et ou d’hommes qui abusent d’elles.
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, Togo
Le sol , source de vie peut devenir source de malheur s’il est mal utilisé , surexploité ou saturé. L’exploitation des sols dans la région de Vo a des conséquences que les paysans ne pouvaient pas imaginer. Un paysan a dit : " Le sol est mort et c’est moi-même qui fais la cuisine parce que ma femme est partie à Lomé chercher de l’argent. Bien sûr elle m’envoie du maïs , de la tomate, du manioc et un peu d’argent ; aussi comment peut-elle élever son enfant de Lomé ? Et comment va-t-on faire un autre enfant ? Je suis sûr qu’elle a trouvé un homme plus riche à Lomé. Regardez Léa ! Elle est revenue de Lomé avec une grossesse dont elle ignore le père et depuis elle ne fait que maigrir. On dit qu’elle a le Sida. Le Sol est mort et je ne sais quoi faire ".
Le métier de portefaix est une activité génératrice de revenus louable. Il permet à beaucoup de familles rurales de survivre ; mais au risque de transformer les femmes en bête de somme.
Texto original
GARED (Groupe d’Action et de Recherche en Environnement et Développement) - BP 30562, Lomé, TOGO. Fax (228) 21 0915. - Togo - gared (@) togo-imet.com