Quelques approches et difficultés
12 / 1998
Face à la démographie galopante, à la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST),en l’occurrence le SIDA et leurs conséquences néfastes pour les populations, le Togo s’est lancé dans la lutte contre ces fléaux à travers plusieurs programmes dont ceux de l’Association Togolaise pour le Bien-être Familial (ATBF). Ces programmes ont pour rôle de sensibiliser les populations à l’utilisation des méthodes contraceptives qui sont entre autres les pilules , les stérilets , les ampoules injectables, le condom etc.
Les animateurs et animatrices formés pour faire ce travail rencontrent d’énormes obstacles, surtout en milieu rural où la tradition est de règle et où la femme n’a pas le droit de décision dans la famille tant que celle-ci engage le mari aussi. Pour parvenir à leur objectif, ils ont mis en oeuvre plusieurs méthodes de sensibilisation. La sensibilisation se fait d’abord dans les centres de santé et dans les hôpitaux quand les femmes viennent à la consultation prénatale, vacciner leurs enfants, bref se faire soigner. Ensuite il y a des meetings de sensibilisation, au cours desquels on explique les enjeux des naissances rapprochées et nombreuses, de la non-protection contre les MST et l’importance des méthodes contraceptives.
Avec ces méthodes, on a constaté que la portion de la population touchée était très infime ; alors on en a alors adopté une troisième, qui consiste à aller vers les populations surtout rurales restées jusque là insensibles, soit à cause de la tradition, soit parce qu’elles n’ont pas reçu le message. C’est dans cette perspective que les animateurs ruraux se promènent de quartier en quartier et parfois dans des maisons pour faire passer le message. Ce qui n’est pas tâche facile : d’abord pour regrouper les populations ils sont obligés de s’introduire auprès des autorités locales pour obtenir l’autorisation de réunion ; ensuite au cours de ces réunions ils se heurtent souvent à des objections telles que : " comment voulez-vous nous demander de ne pas mettre au monde tous les enfants que Dieu nous a donnés " ? " Le SIDA dont vous parlez est une maladie qui existait depuis le temps de nos ancêtres, c’est une maladie qu’on attrape quand on mange avec les diables " ; " vous refusez à nos femmes de coucher avec nous, ce n’est pas normal ". " Occupez-vous de vos problèmes et laissez-nous tranquilles ".
Quand ils se hasardent à rentrer dans les maisons ils sont renvoyés parfois par certains hommes qui pensent qu’ils viennent monter leurs femmes contre eux et ce faisant détruisent leurs foyers. Cette façon d’aller de maison en maison est très dangereuse pour les animateurs parce qu’ils risquent d’être menacés voire même frappés.
A présent, la sensibilisation à la planification familiale se fait tous azimuths,dans les hôpitaux et les centres de santé ; au cours des meetings dans les villes et villages les plus reculés; dans les écoles et centres de formation etc. Ceci dans le but d’atteindre une plus grande proportion de la population et d’encrer dans les mémoires l’importance de la planification familiale dans l’amélioration de leurs conditions de vie. Les résultats sont encourageants parce que diverses sont les méthodes de contraception surtout pour l’espacement des naissances et contre les grossesses indésirées. Cependant les hommes aussi bien que les femmes sont parfois réticents à l’utilisation du condom, sous divers prétextes.
contracepção, campanha de informação, AIDS, saúde pública, medicina preventiva
, Togo
La planification familiale rencontre des difficultés parce qu’elle est souvent interprétée comme une volonté d’empêcher de faire beaucoup d’enfants, étant donné que dans la tradition, avoir beaucoup d’enfants est une bénédiction de Dieu, et une fierté pour les parents. La réticence des hommes s’explique d’une part par le fait que se sont les femmes qui rapportent dans la plupart des cas les nouvelles de protections et de contraception aux hommes qui n’assistent pas aux meetings de sensibilisation D’autre part,en leur qualité de chefs de famille et décideurs, ils n’entendent pas prendre en considération quelque chose qui engage leur vie ou la vie de leur foyer. C’est pourquoi, pour qu’une sensibilisation réussisse dans une famille, il faut que l’homme et la femme soient impliqués.
Texto original
GARED (Groupe d’Action et de Recherche en Environnement et Développement) - BP 30562, Lomé, TOGO. Fax (228) 21 0915. - Togo - gared (@) togo-imet.com