Le Togo est confronté, comme beaucoup d’autres pays de la sous région, au problème de transport rural. Mais ce document a pour cible la préfecture de Doufelgou, situé à 460 km de la capitale togolaise. Dans cette préfecture la gent féminine représente 55% de la population totale. L’activité principale de la population est l’agriculture. Mais le manque de moyens pour assurer le transport du fumier, des produits agricoles... est un handicap sérieux pour le développement de ces communautés essentiellement rurales. En effet, la région n’est pas désenclavée et les champs sont assez éloignés des rares routes existantes qui d’ailleurs sont impraticables par faute d’entretien des ponts. Pour aller des villages aux champs, les paysans empruntent des sentiers. L’état des routes et sentiers ne permet donc pas d’assurer le transport des produits des champs par les moyens modernes de transport. Malgré ces handicaps, il faut nécessairement transporter d’abord du fumier au champ pour fertiliser les sols pauvres puisqu’il n’y a pas assez de terre pour pratiquer la jachère, ensuite les récoltes au village pour leur conservation ou leur commercialisation. Pour toute solution à ce problème dans la préfecture de Doufelgou, ce transport informel est assuré exclusivement par les femmes. Celles-ci s’organisent en coopératives d’entraide à cet effet. Le produit à transporter est mis dans des récipients que les femmes portent ensuite sur la tête et elles font le trajet à pied jusqu’au lieu de destination. Elles peuvent effectuer plusieurs trajets dans la même journée sans repos. Sont d’abord transportés les produits des familles dont une femme fait partie de la coopérative. Ce n’est qu’après que les autres personnes extérieures peuvent solliciter l’aide des femmes et cette aide se fait gratuitement.
Mais pourquoi ce transport n’est-il assuré dans ces milieux que par les femmes ? La tradition ne tarit pas d’arguments pour expliquer cette situation de fait. Selon une première idée, l’homme doit à la femme une protection totale. Sur le chemin des champs, c’est l’homme qui prend le devant ; s’il était lourdement chargé, il ne pourrait pas assurer cette défense. Mais il faut signaler que la même tradition considère la femme comme un " être faible ", c’est d’ailleurs pourquoi elle a droit à la protection de l’homme. Si elle était vraiment faible, on ne devait pas lui confier le transport de fardeaux lourds qui demandent le déploiement de beaucoup de force donc l’apanage de l’"être fort" qu’est l’homme. Une seconde idée estime que le transport fait partie des activités exclusivement réservées à la femme. Sa constitution physique différerait de celle de l’homme, notamment sa tête aurait été conçue de telle manière qu’elle puisse transporter des fardeaux lourds. Cette explication ne paraît non plus satisfaisante parce que la soit disant aptitude de la femme à transporter de lourds fardeaux semble être liée à l’habitude. Pour preuve, il est démontré qu’une femme citadine ne peut pas transporter autant qu’une femme rurale. Dans des situations pareilles, une des approches des solutions serait de recourir aux animaux de trait. Malheureusement, Doufelgou n’est pas une zone d’élevage de ces animaux. La question reste alors posée et semble relever de l’injustice générale dont la femme est victime dans certaines de nos coutumes. Comment aider la femme à sortir de cette situation ?
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, Togo
Entrevista ; Tese e memoria
KOUDEMA, Biko, La vie rurale dans le canton de Siou, préfecture de Doufelgou, Entretien avec les villageois de la préfecture
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