1 - Démarche et méthode
11 / 1998
Un réseau de conseil en développement durable a été choisi pour construire un projet de territoire autour d’une ville du Midi de la France, dans une situation complexe de conflits entre acteurs et entre collectivités, ainsi qu’en l’absence totale de coopération intercommunale ou de volonté de partenariat de la ville avec son espace périurbain et de son arrière pays. La construction de ce projet a duré près d’une année, avec une méthodologie spécifique compte tenu du contexte conflictuel.
C’est par une démarche volontairement différente de celle des urbanistes traditionnels que ce réseau a voulu approcher les problèmes de développement durable et de construction de ce projet de territoire, où l’enchevêtrement des passions, des conflits et des obstinations semblait rendre impossible toute réflexion visant à proposer autre chose qu’une gestion économique à court terme, avec une consommation maximale d’espace pour offrir quasi uniquement de la « zone d’activités » médiocre et à bas prix basée sur un système de transport du « tout voiture ». C’est ainsi qu’il lui a fallu tout d’abord dépassionner le débat, mais aussi faire réagir pour provoquer le dialogue et l’action afin d’éviter les deux écueils principaux qui étaient soit l’instauration d’une situation durable de conflit entre acteurs, soit l’immobilisme entraînant l’absence totale de relations de coopération et de projets pour le futur.
C’est ainsi qu’une des premières réunions a rapidement dégénéré en un échange d’insultes particulièrement virulent entre élus. Le fait de commencer à inscrire à la main sur un transparent dans le brouhaha général cette phrase extraite de « Mission possible » de Pierre CALAME : « Pas de projet sans estime mutuelle et sans amitié, car le projet est l’élément central d’une alliance » a permis de calmer le conflit et d’amorcer des réactions et de la réflexion.
Puis le réseau a pris le parti de déconnecter tous les décideurs de leur quotidien en leur proposant une définition du développement durable plus concrète pour les élus et les citoyens : " Le développement durable se définit comme un développement intégrant dans l’aménagement du territoire l’avenir des générations futures en assurant la cohérence entre le développement économique, le progrès social, l’environnement, le patrimoine, les identités culturelles et les solidarités. « . Il leur a été ensuite proposé un exercice de prospective destiné à donner des éléments de réflexion stratégique sur l’organisation spatiale d’un territoire à partir d’un document pédagogique intitulé « Analyse prospective - La France qui change - Eléments de débat ». A partir de dix thèmes (le défi de la prévision ; la révolution des technologies ; les mutations sociales ; où va l’économie ? ; travail et société ; l’environnement ; terroirs et territoires ; aménagement et urbanisation ; l’Etat et les institutions ; des scénarios pour demain), il a été demandé aux acteurs quels étaient à leur avis les faits qui différentiaient leur ville par rapport à cet exercice de prospective volontairement déconnecté de leur territoire. Cette prise de distance et de mise en perspective a permis une première fédération d’un comité de pilotage comprenant huit Maîtres d’Ouvrage vers l’élaboration de leur projet de territoire.
Une autre difficulté a été de persuader les décideurs de sortir de la démarche linéaire de planification « technocratique » voulant qu’on effectue les analyses une fois que l’on a toutes les données, que l’on arrête les stratégies une fois que l’on a toutes les analyses, que l’on construise les projets une fois que l’on a toutes les stratégies, etc. Il apparaissait essentiel de réfléchir de façon globale et systémique, de faire réagir les stratégies sur les données des problèmes, de parler des besoins et des projets pour faire des retours en arrières et des itérations. Toutefois, même si le projet fut conduit sous cette forme, le document écrit final constituant le projet de territoire fut effectivement rédigé en trois parties : un état des lieux analytique, des alternatives stratégiques avec scénarios, et un véritable projet de territoire. C’est ainsi que les documents écrits ont été établis définitivement après coup, pour constituer une base culturelle commune de référence pour l’ensemble des partenaires.
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, Franca
Villes et développement durable : des expériences à échanger
Même si le projet fut conduit sous cette forme non ordonnée, le document écrit final constituant le projet de territoire fut effectivement rédigé en trois parties : un état des lieux analytique, des alternatives stratégiques avec scénarios, et un véritable projet de territoire. C’est ainsi que les documents écrits ont été établis définitivement après coup, pour constituer une base culturelle commune de référence pour l’ensemble des partenaires. Ce contenu écrit est présenté dans une seconde fiche sous le sous-titre « 2 - Contenu du projet »
RESOPOLE a été dissout le 31 aout 1998. Jean-Charles Poutchy-Tixier est ex-gérant de RESOPOLE et chargé de la construction de ce projet de territoire. Cette fiche décrivant une méthode spécifique sur un cas concret et difficile est à rapprocher de la méthode proposée dans le document « Construire un projet de territoire » édité en septembre 1997 par les Ministères de l’Equipement, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire, de l’Emploi et de la Solidarité.
En 1998, l’auteur, Jean-Charles POUTCHY TIXIER, était chargé de mission sur le développement durable au Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement (METL) en France.
Jean-Charles POUTCHY TIXIER est chercheur au Conseil National des Transports (CNT).
Pour le contacter : Jean-Charles.Poutchy-Tixier@cnt.fr ou Jean-Charles.Poutchy-Tixier@equipement.gouv.fr
Texto original
Autrecontact : WERNER, Klaus, Ministère de l’Equipement - Arche de la Défense 92055 Paris la Défense, tel. 01 40 81 15 45