Les minorités ne sont pas maîtresses de leur développement
02 / 1996
Le Viêt Nam connaît actuellement une période de grandes transformations, parfois très rapidement visibles.
La surpopulation des plaines côtières du pays, habitées par des Viêt Kinh (les Viêtnamiens proprement dits)a été à l’origine de vastes campagnes de déplacement de populations du Nord vers le Sud (Saïgon, delta du Mékong), et surtout vers le Centre (région des hauts-plateaux), depuis la Réunification du pays en 1975.
Les Hauts-Plateaux ayant joué un rôle stratégique important lors de la guerre de Libération contre les Américains (qui y avaient installé de nombreuses bases), des milliers de soldats venus du Nord ont été contraints d’y rester, comme colons (première phase politique, d’encadrement)unefois la victoire acquise. Puis, après une décennie de stabilisation, la politique de réforme (Doï Môï)lancée à la fin des années 80, s’est traduite, entre autre, par une nouvelle vague de déplacements de populations (des dizaines de milliers de personnes, parfois par villages entiers), dans le cadre de la mise en valeur des nouvelles zones économiques, c’est-à-dire les régions forestières des plateaux qui, pour certaines, se relevaient à peine des dégâts causés par le napalm et les défoliants de la guerre.
Dans la province de Dac Lac en particulier, où les "terres rouges" sont propices aux cultures du café et du poivre (cultures à haute valeur ajoutée), la déforestation est intense. Là où les cultures sur brûlis, avec assolement quinquennal ou decennal, laissaient de la place et du temps à la forêt, source de matières premières (chasse, bois, herbes, fruits, etc.)pour les minorités mnông et ê-dê qui vivaient sur ces plateaux.
Fondés entre 1991 et 1993, de nouveaux villages, presqu’entièrement habités par des Viêt Kinh, deviennent déjà des petites villes, les hameaux mnông et ê-dê étant soit déplacés à l’écart de la route, soitenglobés dans le nouveau tissu proto-urbain, les maisons traditionnelles, en bois sur pilotis, remplacées par des maisons de plain-pied, en "dur".
Privés de leurs aires économiques traditionnelles, les Mnông et les "-dê n’ont plus qu’à tenter de s’intégrer, généralement au bas de l’échelle sociale, dans les nouvelles petites villes, ou se replier vers des zones jugées pas assez fertiles par les nouveaux arrivants.
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, Sueste asiático, Vietname, Hauts Plateaux, Dac Lak
Au moment où le tourisme commençait à se développer au Viêt Nam, y compris sur les Hauts Plateaux, et que les familles mnông et ê-dê pouvaient commencer à espérer une légère amélioration de leurs revenus, grâce à ce tourisme naissant, par cette politique d’implantation de kinh, ces familles se trouvent définitivement exclues de ces ressources touristiques.
Même s’il ne leur fallait pas attendre grand’chose du tourisme et des contacts avec les touristes, le peu aurait toujours été mieux que le rien.
Entretiens avec des nouveaux arrivants et des ressortissants des minorités
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