08 / 1997
Vendeurs, agriculteurs, mendiants, femmes ou enfants, les habitants des pays d’acccueil, contrairement à ce que peuvent penser les touristes, ne sont pas sans réactions devant les comportements de ces derniers, leurs appareils photos, leur argent et leurs discours ou leurs clichés. Certains artistes, au Nord ou au Sud, se font les chantres de ces émotions, avec tristesse, acidité, humour ou humeur. Les thèmes qui reviennent le plus souvent sont le refus ou la honte d’être considérés comme des objets photographiables, ou d’être méprisés pour leur pauvreté même. C’est aussi parfois un ricanement féroce devant les attitudes des touristes. On peut voir sur des dessins des populations locales "typiques" enfermées derrière des barbelés avec un troupeau de touristes armés d’appareils photos autour. Ailleurs, ce sont les touristes qui sont derrière les grilles. Apercecvant des enfants misérables et affamés, une touriste aux formes arrondies s’exclame : "Elle a dû être terrible, l’époque coloniale !" Sur un autre dessin, derrière une façade exotique luxueuse aménagée pour les touristes sont entasses des bidonvilles soigneusement cachés. Ou encore une femme en pagne renseigne des touristes : "Tournez droit après la hutte, dépassez le volcan et vous trouverez le McDonald’s". Ce sont aussi des enfants violés qui expriment dans leurs dessins, de la façon la plus spontanée et poignante, leur détresse. En Indonésie, le juriste et poète Cecil Rajendra a publié de nombreux poèmes exprimant la douleur ou la révolte des populations, souvent dans une extrême pauvreté, confrontés à l’aisance arrogante des touristes. Mais de nombreux textes et poèmes de traditions très anciennes illustrent aussi de façon très actuelle des thèmes comme la relation attentive de l’homme à la terre, ou aux animaux, et sont porteurs d’une critique anticipée sur les pratiques courantes du tourisme contemporain.
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La poésie ou la peinture et le dessin sont les formes les plus spontanées ou les plus sophistiquées par lesquelles des civilisations aux racines très anciennes peuvent exprimer à la fois leur quotidien et les sujets les plus profondément philosophiques. Face aux documents techniques de l’industrie touristique, il existe toute une imagerie qui peut instantanément faire surgir les réponses les plus adéquates aux séductions et aux menaces d’un phénomènes de société qui met en présence directe les humains des deux mondes. Le dessinateur français Plantu, qui a fort bien saisi les contradictions du problème touristique, n’est pas en reste. Les idéologies et les révoltes s’expriment parfois de façon fulgurante et instantanée dans une image humoristique. La filmographie n’est pas en reste, mais rares sont les films qui abordent le thème dans sa complexité. C’est un domaine qui serait encore à exploiter, et on imagine l’utilisation qui pourrait en être faite dans les vols à long courrier qui emportent leur clientèle vers leurs rêves.
Les exemples de poèmes et de dessins sont dispersés dans les revues et documents spécialisées dans une approche critique du tourisme, au Nord comme au Sud.
Texto original ; Artigos e dossiês
RAJENDRA, Cecil, ECTWT=Ecumenical Coalition on Thirs World Tourism, ECTWT=Ecumenical Coalitio in. CONTOURS, 1995/10 (THAILANDE), 7/3; La revue Contours publie régulièrement des poèmes ou des illutrations sur le thème du tourisme. L'ouvrage de Plantu "Les cours du caqoutchouc sont trop élastiques", publié par La Découverte (1984)est aussi une mine.
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